Le Québec n' a rien à gagner à pratiquer une politique de la mendicité envers Ottawa. Au contraire il a tout a perdre, à commencer par sa dignité et sa capacité de se doter d'une stratégie d'État cohérente pour son développement.
Depuis trop longtemps on nous brandit le fait que la Québec dépend du programme de la péréquation (8 milliards) versé par Ottawa pour vivre; autrement il ne pourrait s'offrir tous les programmes sociaux que lui envie le ROC. Cette affirmation est trompeuse car elle ne tient compte que d'un poste budgétaire qui laisse croire que le manque à gagner serait de l'ordre de 8 milliards si le Québec se retirait de la fédération. Alors que pour avoir une idée exacte de ce bilan il faut évidemment prendre en compte l'ensemble des flux d'argents entre Québec et Ottawa. Voici une des rares études (STATCAN, 2004) qui en fait un bilan un peu plus précis compte tenu des limites de la méthode et de la complexité du sujet:
«Revenus et dépenses de l’administration fédérale selon la province : qui sont les gagnants et les perdants dans la Confédération? (1)
Conclusion : Le Québec tire un avantage de 2,1 milliards $ de la fédération (soit 281 $ par personne). On est donc loin du 8 milliards qu'on nous brandit comme argument massue pour nous maintenir dans ce système dysfonctionnel qu'est le fédéralisme !
Compte tenu du fait que le Québec épargnerait 3 milliards $ en coûts de dédoublement s'il quittait la fédération, il n'y a donc rien à gagner à pratiquer une politique de la mendicité envers Ottawa. Et tout à perdre, à commencer par la dignité. Et la possibilité de se doter d'une stratégie d'État cohérente à partir du contrôle de l'ensemble de nos capacités d'agir.
Bref, cette politique de la mendicité nous empêche de passer du statut de demi État annexé, limité dans ses capacités d'agir, à celui d'État optimal, nous permettant de rejoindre le club des pays les plus performants au monde en matière de création et répartition de richesse: Les pays d'Europe du Nord.
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Selon cette même étude, les 2 grands perdants de la péréquation sont l'Ontario (20 Milliards et l'Alberta (8 Milliards) ; justement ceux qui sont les plus durement touchés par la crise actuelle:
L'Ontario a déjà perdu 300 000 emplois manufacturiers, et se dirige vers 500 000. C'est la base de sa prospérité qui s'érode ainsi et qui, en grande partie, ne reviendra plus. Cette province jadis le moteur économique du Canada sera méconnaissable à la fin de la crise. Pas étonnant que cette province veut rétablir l'équité dans la fédération (Fairness in Confédération; the Ontario Perspective) (2). Entre autres mesures, la contestation en cour de la constitutionnalité de la péréquation et la renégotiation des termes de l'Assurance emplois qui lui sont actuellement défavorables; l'Ontario menace même de mettre son propre programme en place si elle n'obtient pas les correctifs désirés.
L'Alberta dépend du prix du pétrole, qui doit dépasser 70-80 $ (coût de revient), pour assurer sa prospérité. La baisse de la demande due à la crise a fait tomber ce prix autour de 50 $; conséquence des investissements de 45 Milliards $ sont, soit gelés remis à plus tard ou abandonnés. Une baisse prolongée des prix du brut mènera à l'effondrement économique de cette province.
Dans ces circonstances d'une crise qui s'annonce plus longue que prévue (Banque du Canada et FMI), il devient de moins en moins tolérable pour ces 2 provinces de contribuer plus qu'elles ne reçoivent de la fédération; surtout si elles perçoivent que le grand gagnant du système est le Québec !
D'où la remise en question de la péréquation dont a fait écho [The National Post->19267]. Avec laquelle [proposition M Camil Bouchard est d'accord->19266]. Enfin une bonne nouvelle, le Parti Québécois vient de comprendre que le Québec n'a rien à gagner à pratiquer une politique de la mendicité envers Ottawa. A-t-il compris que la remise en question du programme de la péréquation, le ciment de la Constitutions canadienne, ouvre de nouvelles perspectives pour le Québec; laissant entrevoir la fin du Canada de Trudeau et la possibilité de sortir enfin de la cage à castor canadienne dans la dynamique que cela créerait.
Une bonne raison pour en finir avec la péréquation.
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(1) http://www.statcan.gc.ca/pub/11-010-x/00207/9586-fra.htm
(2) http://www.aims.ca/equalization.asp?typeID=5&id=2021&fd=0&p=1
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2 commentaires
Archives de Vigile Répondre
1 mars 2010La fin de la péréquation: La fin du fédéralisme " rentable" .
La remise en question de la péréquation s'organise; les études se multiplient pour démontrer l'iniquité de ce programme pour l'Ontario et l'Alberta;.une alliance entre ces provinces pour abolir ce programme est à prévoir.
Voici un texte d'opinion de David MacKinnon (Chair of the Ontario Institute for Public Policy), qui fait pression depuis longtemps sur les politiciens de l'Ontario pour qu'ils réagissent à l'iniquité du programme de péréquation. Il vient de trouver un puissant allié en la personne du Ministre des finances de l'Alberta, M Morton (un pitt bull) récemment nommé pour en fait une priorité des priorités. Pour le moment le PM de l'Ontario résiste à ouvrir le front, mais la pression de l'opinion publique monte. Et la charge contre la péréquation , perçue comme un cadeau au Québec, est inévitable.
La péréquation est le ciment de la fédération, son abolition pourrait créer une dynamique ou tout serait possible.
http://www.thestar.com/opinion/article/772276--inequalities-of-equalization-leave-ontarians-worse-off
JCPomerlau
Archives de Vigile Répondre
27 avril 2009Bonjour!
Pour développer le Québec sans péréquation,sans BS culturel,médical et universitaire fédéral,sans payer la TPS,sans payer un impôt fédéral,sans soldats qui meurent pour rien,etc.il y a une alternative à notre statut de province minoritaire dans la fédération monarchique du Canada.
Il suffit de voter l'indépendance en 2013....avec l'équipe unifiée des indépendantistes.Notre choix; être fédérastes quêteux à genoux ou indépendantistes COEURS DEBOUT.