Un pays sous nos pieds
Le Plan est le bon, c'est la direction politique du Plan qui soulève des interrogations.
Le pays n'est pas devant nous il est sous nos pieds. 13 générations ont mis 400 ans a l'ériger.
Notre problème tient au fait que notre état fut annexé en 1759 et réduit dans ses capacités d'agir à celui d'un demie État. Le défi c'est de trouver la bonne stratégie pour sortir de cette position aliénante.
Madame Marois vient enfin de prendre acte qu'Il ne s'agit plus d'attendre le Grand soir (Tout ou rien), il faut prendre le pouvoir et agir a partir des assises de notre état pour lui donner une consistance accrue (Toujours plus pour le Québec). Ce gain de potentialité étant un prérequis pour créer un rapport de force favorable, sans lequel la rupture avec cadre constitutionnel canadien demeurera du domaine du fantasme. Il ne suffit pas de crier indépendance de l'intérieur de la cage a castor canadienne pour en sortir.
Ce Plan qui s'apparente a celui de M Larose est le bon. la seul question qui se pose est de savoir si la direction politique qui doit assumer ce plan à la conviction pour l'incarner dans l'État et la détermination pour le mener a terme ?
J'ai eu l'occasion de commenter le Plan Larose dans (Le Devoir, 18 Janvier 2008) (1):
....
(...)
« La politique n’est pas rationnelle : on prend le pouvoir, on fait un référendum, on le gagne et on a un pays. Cette démarche ne mène pas nécessairement au pays. Elle pourrait même nous en éloigner si nous sommes incapables d’évaluer correctement le rapport de force qui nous est défavorable au moment de passer à l’acte. Cela peut même mener à la catastrophe historique. Les Patriotes ont payé cher de ne pas avoir su mesurer les rapports de force en présence au moment de la Rébellion.
Le peuple l’a compris d’instinct et a « congédié » le référendum pour le moment ; certains intellectuels ont de la difficulté à en prendre acte. »
La politique (n'est pas rationnelle,elle) est plutôt relationnelle : elle est affaire d’intérêt, de rapport de force et d’effectivité. Notre intérêt, c’est de nous doter d’un État optimal. Pour y parvenir, il faut bâtir un rapport de force qui nous soit clairement favorable, tout au long du parcours ; sinon, notre politique ne sera pas efficace. Et pour ce faire, il faut utiliser les moyens de l’État du Québec.
C’est exactement ce que nous propose Gérald Larose : bâtir les rapports de force, un à un, pour en venir à aborder la rupture finale avec un rapport de force qui nous soit définitivement favorable. Car il s’agit bien de cela, un rapport de force entre deux États : l’État canadien, qui nous a annexés, et l’État du Québec, qui cherche à s’en affranchir pour devenir un État optimal (c’est-à-dire souverain »
(...)
« Reste à savoir si le Parti québécois est suffisamment imprégné d’une culture d’État pour défendre cette stratégie d’État, qui propose plusieurs actes d’État, jusqu’au bout, avec la détermination qu’elle commande. Ou, comme le craignent certains, si les petits carriéristes provincialistes apeurés seront en nombre suffisant au Parti québécois pour faire avorter le projet. »
....
A cet égard la crédibilité du Parti Québécois reste à faire.
Et le scepticisme des uns et des autres est tout a fait justifié; surtout ceux qui furent repoussé du pied par le parti parce qu'ils démontraient trop de déterminations a défendre la cause. Je pense ici a tous ceux qui ont jeté la serviette depuis un bon moment avec le PQ; particulièrement le RRQ qui, a partir de ses modestes moyens, mène un lutte exemplaire pour nous affranchir du pouvoir coloniale. Je leur dis continué, votre action est encore plus pertinente en dehors de tout lien avec le parti. Il sera toujours temps d'y revenir un jour pour lui insuffler un tonus déterminant. Rappeler vous que si le PQ-Marois n'est pas le PQ-Parizeau, ce n'est pas non plus le PQ-Boisclair.
Pour le moment, apprécions que ce Plan a le mérite de ramener le projet dans le champ du réel, en adéquation avec une démarche souhaitée par le peuple, dont l'instinct ne lui a pas failli tout au cours de ces 400 ans d'histoire. Il a l'avantage d'offrir au Québec une possibilité de refaire sa cohésion nationale, sans laquelle aucune démarche menant a la souveraineté n'est possible. Évitons donc de tirer inutilement dans nos rangs; la mediacratie fédéraliste ne manquera pas de s'en charger elle même.
Ce plan est un changement de paradigme historique salutaire qui met fin au fantasme d' un pays a venir, alors que notre état est systématiquement saccagé par un puissant réseau d'intérêts privées fédéraliste, ce qui en réduit dangereusement sa potentialité si critique pour la suite de l'histoire.
Le pays n'est pas devant nous, il est sous nos pieds !
A nous d'en reprendre le contrôle effectif.Et c'est ce que ce Plan nous propose.
......
(1)
http://www.vigile.net/Pauline-l-important-c-est-Larose
Un pays sous nos pieds
Le Plan est le bon, c'est la direction politique du Plan qui soulève des interrogations
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4 commentaires
Archives de Vigile Répondre
8 juin 2009Dans mon texte au Le Devoir j'ai fait un commentaire sur la proposition d'une Constitution; une Constitution d'etat et non provinciale:
(...)
"La proposition qui vise à doter le Québec de sa propre constitution va tout à fait dans ce sens. Certains ont réduit cette proposition à un de ses aspects : le code de citoyenneté. En fait, il s’agit d’un acte d’État d’envergure qui précisera les termes politiques et juridiques de notre État-nation. Malgré les campagnes hystériques et hargneuses de la « médiacratie » fédéraliste, cette proposition reçoit toujours un appui de plus de 60 % de la population. La consultation populaire qui mènera à son adoption sera l’occasion d’un formidable exercice de pédagogie qui permettra au peuple de dessiner les contours d’un pays à venir. Non, il ne s’agit pas d’une constitution de province, il s’agit d’une constitution d’État, qui s’opposera à celle d’un autre État.
Le rapport de force : il est à prévoir que cette constitution, dont le peuple du Québec se sera doté de façon démocratique, entrera en conflit de légitimité avec la Constitution de 1982, qui nous fut imposée arbitrairement et que l’Assemblée nationale a rejetée unanimement. Si on garde un appui supérieur à 60 % tout au long du parcours, nous pourrons envisager de demander au peuple de trancher définitivement la question, par référendum (si cette voie est praticable) ou par un autre mode d’accession tout aussi légitime, l’élection décisionnelle."
http://www.vigile.net/Pauline-l-important-c-est-Larose
JCPomerleau
Archives de Vigile Répondre
8 juin 2009Exact.
Non pas la souveraineté du Nunavik, mais du peuple Nunammiviut.
Ils n'ont pas attendu d'être reconnu par personne d'autre pour se déclarer une nation. N'ont pas attendu de se concevoir une constitution pour établir leur institution nationale La Société Makivik, qui a son siège social à Kuujjuaq et qui est dédié exclusivement à leurs intérêts devant les gouvernements provincial et fédéral.
Nous, on demande la reconnaissance au fédéral et on a même pas encore mis sur pied une institution pour représenter nos intérêts comme nation.
Voilà une autre action qui serait bienvenue dans le plan Marois.
Archives de Vigile Répondre
8 juin 2009M Gébé Tremblay
Très bonne observation.
Il y a un flou dans dans la définition des termes utilisés par la direction du Plan. Ce l'a tient au fait que depuis 40 ans que l'on veut se doter d'un État souverain on a pas cru bon de poser d'équerre l'argumentaire sur une Doctrine d'État. Il est grand temps de s'y mettre car sans cette doctrine il sera quasi impossible de refaire la cohésion du mouvement.
A titre d'exemple l'expression, geste de souveraineté, ne veut rien dire de concret en terme de Doctrine d'État. Il s'agit en fait d'un acte d'État. La nuance dans la terminologie ne relève pas du débat académique et sémantique ; elle marque la différence entre des esprits provinciaux qui fantasmes et des hommes et femmes d'État qui incarnent leurs politiques dans l'État "qui seul agit avec envergure" (M Sauvé).
Dans les circonstances d'un changement de paradigme sur la strategie a suivre, il importe de ne pas donner dans la confusion et de se doter d'un cadre pour comprendre la game si non l'unité du mouvement va en souffrir. Et l'unité est d'abord dans la pensée, d'où le besoin d'un minimum de doctrine d'État.
Doctrine: "unité de pensée" Sun Tsu
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M Trembaly pendant que j'ai votre attention; savez vous que
les Inuites ont déclarer leur souverainete sur un immense territoire du Québec. C'est ce que l'on apprend d'un article (Ambition Inuite, anesthésie québécoise, Cahier de lecture de l'Action Nationale, été 2009). Cette article fait suite a la parution d'un livre: Géopolitique d'une ambition Inuite:Le Québec face a son destin nordique; ed Septentrion.
Je sais que vous allez apprécier.
Notez ceci: Quand on a demander aux Inuites qu'est ce que signifiait la Souverainete déclarée par eux, ils ont dit, vous allez le voir au fur et a mesure !
La souveraineté, il ne s'agit plus d'en parler, il s'agit de la faire. Fini les paroles, passons au actes .... d'États.
JCPomerleau
Archives de Vigile Répondre
8 juin 2009Attention, les mots sont importants. Le plan ne dit pas "le Québec" mais "les Québécois". C'est fondamental et c'est le discours qu'il faut adopter.
Voici:
Non pas le pouvoir de l'État au service de l'État, mais au service des Québécois.
L'écoute attentive du récent discours de Jacques Parizeau devrait être une obligation pour tous les militants indépendantistes. Nous devons parler au peuple. Aux nôtres. Être de leur bord. Ce doit être l'essence et le coeur du message qui doit rester simple.
http://www.tagtele.com/videos/voir/39184/
Ce que le PQ doit faire maintenant c'est d'ouvrir sur son site une place de dialogue avec les militants afin de débattre des quatres actions du plan afin de le rafermir et le rendre accessible aux Québécois.