White Birch est un modèle fini. Et le Plan Nord?

Pour notre plus grand malheur, avec Jean Charest, le capitalisme sauvage et prédateur a encore de beaux jours devant lui.

La Dépossession tranquille

Depuis 1927, elle faisait de l'argent comme de l'eau. Les propriétaires se sont succédés et toujours cette entreprise de pâtes et papiers du "centre-ville" de Québec fut rentable. Jusqu'au jour où la famille américaine Brant l'achète. Elle a syphonné tout ce qu'il y avait de richesse. Elle s'apprête à rentrer à la maison en laissant le cadavre derrière elle: 600 chômeurs, un millier de retraités avec un chèque amputé de moitié, des fournisseurs sans débouchés et la Capitale Nationale affaiblie dans son secteur manufacturier. Beau travail!
La députée du comté, Agnès Maltais du Parti Québécois, à juste titre, est outrée. Le maire Labeaume n'en revient tout simplement pas. Les commentateurs sont estomaqués. Et les premiers concernés, en colère. Le sentiment dominant? L'impuissance.
Dans cette entreprise il n'y a qu'un décideur: la famille Brant. Elle l'a acheté pour tout écrémer. Comment? En se payant "sur la bête" des frais de gestion extraordinaires. Puis, en fin de course, elle a tenté un dernier coup: presser au maximum le citron: obtenir des salariés un accord pour qu'ils baissent leurs salaires de 20%; des retraités, un accord pour qu'ils coupent leur retraite de 45%; des nouveaux salariés, un accord pour qu'ils abandonnent un régime de retraite à prestation déterminée; de la municipalité de Québec et du gouvernement du Québec, un accord de contribution pour relancer l'entreprise, etc. etc. "Un chausson aux pommes avec ça"?
Tout le monde a dit non. Ça n'avait pas de bon sens. Mais après! Que faut-il faire?
D'abord il faut se rendre compte que le modèle économique qui prévaut à White Birch est dépassé. Davantage! Qu'il est fini. On ne peut plus laisser des activités importantes dans des secteurs stratégiques comme les pâtes et papiers se déployer sans que d'aucune manière la communauté ou la collectivité n'ait un mot à dire. Comment? En reterritorialisant en partie la propriété de nos principales activités économiques, c'est à dire en systématisant la co-propriété privée/publique ou privée/ sociale ou privée/publique/sociale de telle sorte que la gestion et le développement de ces activités soient l'objet de débats publics et d'engagements collectifs. Et ça marche.
Boisaco à Sacré-Coeur, une propriété en mode d'économie sociale dans le même secteur, est passée à travers les crises récentes en innovant tant au niveau des produits qu'au niveau de l'organisation du travail. Tembec, au Témiscamingue, devenu coopérative, est un autre bon exemple.
Dit autrement, le modèle capitaliste strict, particulièrement depuis le contexte mondialisé, est devenu un danger public. Occupant seul un espace névralgique important, prenant ses décisions en fonction de ses seuls intérêts, marqués souvent par des contraintes qui n'ont rien à voir avec le mieux-être de la population qui produit matériellement sa richesse, le capitaliste, de par ses seules décisions capricieuses, peut déstructurer n'importe quelle communauté. Ce modèle ne peut plus durer.
Dorénavant il faut systématiquement associer aux intérêts capitalistes des intérêts qui sont également sociaux et que portent des institutions publiques comme les fonds d'investissements étatiques ou des organisations collectives comme des fonds de travailleurs. Globalement nous avons intérêt à ce que l'économie se démocratise. La propriété plurielle, privée/publique et/ou sociale est une bonne façon de l'induire.
White Birch est un modèle fini. Et le Plan Nord, lui? Emprunte-il un autre modèle? Malheureusement non! Pire. Le gouvernement Charest réactive le modèle colonial. Non seulement les entreprises étrangères privées pilleront-elles nos ressources pour des cacahouètes mais, au surplus et collectivement, nous serons mis à contribution pour leur payer à même nos impôts leurs routes, leurs ports et aéroports et leurs installations électriques. Du trois pour un. Minimum!
Pour notre plus grand malheur, avec Jean Charest, le capitalisme sauvage et prédateur a encore de beaux jours devant lui.
par Gérald Larose


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