Vrai problème, fausse solution

ADQ - la tentation autoritaire

L'aile jeunesse de l'ADQ aurait donc trouvé le moyen de réduire le nombre d'assistés sociaux en limitant à quatre ans la durée des prestations. Simple comme bonjour, comment se fait-il que personne n'y avait pensé?
En politique, à droite comme à gauche, réinventer la roue fait partie du processus d'apprentissage des nouvelles générations. C'est pourquoi il faut être indulgent à l'endroit des jeunes de l'ADQ.
L'idée de mettre fin à l'aide de dernier recours après quatre années de prestation pour ceux qui sont aptes au travail présente le mérite de répondre de façon simple, pour ne pas dire simpliste, à la question pourtant complexe de la réduction du nombre d'assistés sociaux. Le hic, c'est qu'en croyant résoudre un problème, on en crée cent pour lesquels il n'y a pas de réponse connue: criminalité, travail au noir, misère des enfants et même... réduction de la consommation des ménages dans les quartiers et les régions sous-développés.
L'aide sociale est un droit et une mesure d'équilibre sociale et économique. En septembre dernier, ils étaient 487 000 à vivre de l'aide sociale au Québec, soit 360 000 adultes et 117 000 enfants (chiffres arrondis). Parmi ceux-ci, il y a ceux qui ne peuvent pas travailler pour des raisons sérieuses, et il y a les autres que l'on dit «sans contraintes sévères à l'emploi». Évidemment, c'est de ce dernier groupe que l'on parle chaque fois qu'il est question de serrer la vis.
On ne peut pas nier que l'aide sociale puisse être perçue comme une solution de facilité par certains prestataires, les plus jeunes surtout (ils sont 26 600 ayant moins de 25 ans) qui ont troqué l'école pour une retraite prématurée. Mais la vaste majorité fait face à des obstacles majeurs qui appellent un accompagnement intensif de la part de professionnels, des milieux d'affaires et de la communauté. On s'illusionne, par exemple, si l'on croit qu'il serait simple de forcer les assistés sociaux à remplir les tâches saisonnières pour lesquelles on importe de la main-d'oeuvre étrangère. Les agriculteurs eux-mêmes n'y gagneraient pas au change étant donné l'incapacité de plusieurs prestataires à remplir les exigences d'une vie normale.
Dans le cas des plus jeunes, le danger les guette d'autant plus qu'il est extrêmement difficile de quitter l'aide sociale après seulement une ou deux années de prestations. C'est d'ailleurs pour cette raison que, depuis une quinzaine d'années, les gouvernements ont accordé une attention particulière à cette couche de prestataires. À l'heure actuelle, 2300 jeunes dont la moyenne d'âge est de 20 ans sont inscrits au programme Alternatives jeunesse qui vise une réinsertion rapide à la vie active.
Tous les dix ans, l'idée de procéder à des réformes revient sur la table. Chaque fois, il se trouve quelqu'un pour dénoncer les «profiteurs». Lors de la dernière campagne électorale, l'ADQ s'était engagée à remettre 25 000 assistés sociaux au travail en neuf mois, d'un simple coup de baguette magique. Pourtant, outre l'accompagnement des prestataires dès leur première demande, c'est la conjoncture économique et l'emploi qui sont les facteurs les plus efficaces, pour ne pas dire les seuls qui comptent vraiment. C'est ainsi qu'au cours des dix dernières années, le nombre d'assistés sociaux a chuté de 794 000 à 487 000 au Québec, ce qui a permis de ramener la portion des dépenses de l'État consacrée à cette mission de 10,5 % à 6,5 %.
Si l'objectif des jeunes adéquistes est d'aider leurs semblables à mieux s'intégrer à notre société, il y a place à des solutions innovatrices. Mais que l'on ne se méprenne pas: aucune d'entre elles n'est simple, surtout pas celle qui met fin aux prestations en abandonnant les gens à eux-mêmes.


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