Vous avez dit "imputabilité"...

Dérives démocratiques - la société confrontée à sa propre impuissance

On s'en souvient comme si c'était hier. Stephen Harper, profitant du scandale des commandites, prend le pouvoir en 2006 promettant que son gouvernement, LUI, serait imputable. Avec sa loi sur la responsabilité, SON gouvernement serait transparent comme une feuille de Saran Wrap. Mais qui crache en l'air...
Le problème est qu'avec ou sans loi, dans les deux capitales d'ailleurs, le concept d'imputabilité est de plus en plus élastique. On y répond de moins en moins aux questions et on ne voit plus très bien comment, lorsqu'il y a manquement majeur, la responsabilité se traduit dans les faits. C'est fou la rapidité avec laquelle l'imputabilité peut se métamorphoser en refus. Refus de répondre, d'expliquer, de comparaître devant un comité parlementaire, de punir, de corriger. Ironiquement, la démission récente de Maxime Bernier risque de passer à l'histoire comme l'exception burlesque à la règle...
Ainsi, on ne sait toujours pas la raison du congédiement de l'ancien délégué général du Québec à New York. Qu'a-t-il fait pendant que le contribuable payait son salaire pour qu'on lui interdise même d'aller chercher ses affaires personnelles? Mystère et boule de gomme.
On ne connait toujours pas le fond, le vrai, de l'affaire Mulroney-Schreiber. Ottawa a commandé une enquête au mandat tellement limité qu'elle n'accouchera de rien. Quant à Brian Mulroney, il refuse toujours de rendre publics ses états de compte ou d'expliquer comment il a fait pour prendre une première enveloppe d'argent comptant de Karlheinz Schreiber alors qu'il était encore député.
Et que dire de l'UQAM? Pauvre UQAM. Québec refuse de répondre du fait que le ministère de l'Éducation n'a pas stoppé la débâcle financière de l'îlot Voyageur et du Complexe des sciences. Pourtant, ce cratère financier coûtera encore plus cher à remplir que celui du scandale des commandites! Tenu en partie responsable du désastre, l'ancien recteur Roch Denis a néanmoins profité d'une entente de séparation que le Gouvernement refuse de dévoiler. Tout comme il refuse de publier les termes du contrat signé avec Busac. Le contribuable a le droit de payer pour tous ces contrats, mais pas de les lire.
LA RUEE VERS L'OR
Et puis, il y a cette gargantuesque manne de plusieurs milliards de dollars en fonds publics qui pleuvra bientôt sur une pléthore de firmes d'ingénieurs, de contracteurs et de promoteurs pour le CHUM, le CUSM, les hôpitaux Sainte-Justine et l'Hôtel-Dieu de Québec. Une véritable ruée vers l'or public! À côté de ça, le Stade olympique aura été une véritable aubaine...
Le tout se faisant en PPP (partenariats publics-privés), le contribuable ne verra pas une ligne de ces contrats non plus. Mais il ne sera pas le moindrement surpris le jour où on lui annoncera des dépassements de coûts faramineux. C'est qu'il commence à en avoir l'habitude. Et encore une fois, il épongera silencieusement les dégâts pendant que les compagnies empocheront les profits.
Sur une note beaucoup moins dispendieuse, quoique l'argent public y passe aussi, La Presse rapporte que même la mère de Julie Couillard a été nommée "présidente des conseils arbitraux" par le gouvernement Harper à l'époque où sa fille fréquentait ardemment Maxime Bernier! Pourquoi? Comment? Combien vous pariez qu'on ne le saura jamais?
Sur une note nettement plus grave, si on compte les cadavres de soldats canadiens et québécois, on ne compte plus, à Ottawa, les impôts coulés en Afghanistan pour se retrouver, cinq longues années plus tard, avec la prison de Kandahar, qui se fait ouvrir par les Talibans comme une vulgaire boîte de sardines.
D'ARGENT ET DE SANTE
Pour finir, parlons encore argent. Le gouvernement Charest s'entête à comptabiliser comme un revenu la pension alimentaire perçue par une mère monoparentale sur l'aide sociale, les prêts et bourses ou l'aide juridique. Il ne le fait plus pour les "autres" mères depuis 10 ans. Mais il continue à pénaliser sans broncher certaines des femmes les moins nanties.
Pendant ce temps, le président de la Fédération des médecins spécialistes, un radiologiste, s'est plaint de l'achat possible de cliniques médicales privées de radiologie par des compagnies étrangères. Par magie, Philippe Couillard a volé à sa rescousse à la vitesse de Superman!
Rapido presto, il a présenté un projet de loi. Selon Le Devoir, il dicte que ces cliniques doivent appartenir à un médecin radiologiste ou être contrôlées "majoritairement par de tels médecins". Le geste semble vertueux. Mais ce qu'il fait surtout est de protéger les intérêts de ce lobby médical. Traduction: maintenant que la loi 33 ouvre encore plus grande la porte à la commercialisation de la santé, dont le droit de contracter des assurances privées pour certaines chirurgies, Québec veut s'assurer que dans le cas de certaines cliniques lucratives, s'il y a de l'argent à faire avec la santé des gens, ce seront au moins NOS médecins qui la feront!
Bref, on continue à "encadrer" la progression des intérêts privés en santé plutôt que de la ralentir. Pas surprenant que le Québec soit maintenant vu au Canada comme le "Klondike" pour la business - oh, pardon - l'industrie de la santé. La question n'est plus de savoir si cela sert ou non le bien public, mais bien qui en retirera le plus de pépites d'or?


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