On s'en fout des commandites. Un million de plus ou de moins. Ce n'est après tout qu'une distraction partisane ou encore un fait divers malheureux. Il se passe au Québec des choses beaucoup plus intéressantes, réjouissantes, et surtout concrètes.
Je ne sais pas si vous le remarquez, mais étrangement, subtilement, sans que cela ne fasse de vague, un pays se construit sous nos yeux... Avant même un référendum gagnant. Avant même que ce soit «officiel». On en parle un peu partout, dans les journaux, à la télévision. Même aux États-Unis, ça se sait: Les Invasions barbares oscarisées et La Grande Séduction gagnante aussi, au Festival de Sundance...
On s'en fout du déséquilibre fiscal. C'est un faux problème. Un pays se construit ici même à Montréal, dans ses souterrains, dans ses égouts, et dans ses ruelles. La littérature renaît de ses cendres. On en trouve les repousses entre les fissures, dans le champ calciné de la littérature.
Les revues se multiplient, elles fourmillent, foisonnent en mots et en couleurs. Les jeunes auteurs se brisent les reins en succès d'estime. Ils ne sont pas lus, mais ça viendra peut-être. La vie littéraire reprend de sa vigueur, oui. Mistral renaît de ses cendres, tel un phénix. Il en a la stature physique et littéraire.
On s'en fout de la guerre, du droit des femmes, du droit des gais. Ils ne sont pas menacés ici. Et si les femmes et les homosexuels de l'Ontario veulent être sauvés par la société québécoise, eh bien! qu'on lui redonne sa souveraineté pleine et entière. La société québécoise se fera alors un plaisir d'aller à la rescousse des femmes et des homosexuels de toutes les parties du monde, de l'Ontario et de l'Alberta plus particulièrement. Nous irons les aider, s'il le faut!
«Nous»...? Oh, je sais ce que ce «nous» veut dire pour moi. Toute une horde de jeunes adultes savent ce que ce «nous» veut dire pour eux aussi.
La société n'est pas fait d'un individu. Le projet de la société québécoise se fera à plusieurs, oui. Le projet se fera par les Noirs, les Blancs, les Jaunes, les Rouges, les Jeunes et les Vieux, ensemble, dans le respect de la différence. Mais surtout: dans la reconnaissance de la différence. Ne pas le comprendre une fois pour toute, c'est faire preuve de mauvaise foi... Ou pire: c'est sous-entendre que le système fédéral canadien a le mandat de protéger les Québécois d'eux-mêmes!
La société québécoise arrive à maturité dans diverses facettes de sa vie collective. Mais comme plusieurs citoyens, j'ai la conviction qu'une société qui n'est pas souveraine dans tous ses domaines de compétences inimaginables ne peut pas espérer être une société complètement mature.
La question est donc la suivante: la société québécoise est-elle prête pour sa pleine maturité?
Le Parti libéral s'épuise. Le fédéralisme s'épuise. Ce sont des choses faciles à comprendre! Soumettre l'autre à sa volonté est tout aussi épuisant que de se défaire de cette emprise... Maintenir cet état de soumission est un travail en soi. Tout comme s'en défaire... Ça demande une vigilance de tous les instants. Une hargne. Une obstination devant l'évidence. Je dis qu'il y a trop à faire ici et ailleurs dans le monde pour perdre notre temps dans ce genre de chicanes bureaucratiques paralysantes, abrutissantes, en guerres de chiffre complexes, sur des fronts qui se multiplient avec les années (la santé, les garderies, la caisse d'emploi...).
Reste à voter, maintenant.
Un pays se construit à notre issu, dans nos têtes, dans les chaumières, et aussi dans les isoloirs... Je vote pour le Bloc québécois uniquement pour cette raison.
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