Vive la jeunesse abstentionniste!

Au lieu de chercher à développer une rhétorique malsaine sur les jeunes, il serait peut-être temps de se questionner sur les problèmes de santé de notre système politique.

Élection Québec 2012 - analyses et sondages


Jean-François Cadrin et Alexandre Côté - Jeunes citoyens, Beaupré
Il est parfois de ces rumeurs frôlant l’exactitude scientifique aux yeux de la populace. Parmi celles-ci, il s’en trouve dont notre désir de les voir érigées en vérité est tel que nous les répétons sans cesse comme des prières à des dieux capricieux. En voici deux : la démocratie c’est le vote et les jeunes ne s’intéressent pas à la politique.
Remarquez comment ces deux conjectures s’alimentent l’une et l’autre pour former un couple d’une logique indiscutable. Ajoutons à cela le fait réel que les jeunes votent en moins grand nombre et vous obtiendrez une vérité de dimension biblique !
Mais nous ne sommes pas croyants et nous aimons la polémique. Alors, permettez-nous d’avancer une thèse inverse : nous pensons que si les jeunes ne s’intéressent pas au vote, c’est justement parce qu’ils s’intéressent assez à la politique pour se rendre compte de l’absurdité des élections.
Par quel miracle rhétorique, le désintéressement des jeunes pour l’élection s’est-il transformé en soi-disant désintéressement général des jeunes pour la politique ? Cela reviendrait à dire que le recul de la ferveur religieuse des jeunes doit être considéré comme un renoncement de leur part aux questions existentielles. Plus simplement, il serait plus raisonnable de penser que les jeunes trouvent que le discours politique ambiant sonne faux.
Nous sommes désolés de vous l’apprendre, mais les jeunes d’aujourd’hui sont globalement plus éduqués que les générations précédentes. Ils connaissent la publicité, ils ont vu les effets néfastes de la religion et ils observent depuis leur enfance la manipulation des élites par le biais de la télévision et du cinéma. Pas surprenant qu’ils n’accrochent pas à des discours datant d’une autre époque.
La démocratie au complet sonne faux. Nous avons le pouvoir ? Comment se fait-il alors que les gouvernements bafouent le bien commun ? Les politiciens sont à notre service ? Pourquoi alors les voyons-nous continuellement frayer avec les riches et les puissants ?
Il est une vérité taboue qui sommeille en chacun de nous, une vérité informulée et diffuse qui commence à prendre place collectivement dans nos cerveaux. Et si notre belle démocratie était en réalité une oligarchie ? Et si les élections ne faisaient que donner une apparence de légitimité à une mascarade de nature aristocratique ?
Allez jeter un coup d’oeil dans les réseaux sociaux. Vous y verrez des débats sur les droits de scolarité, sur la droite, la gauche, la dette, les salaires, les syndicats, etc. Dans les rues, jamais autant de jeunes ne s’étaient mobilisés dans toute l’histoire du Québec avant cette année.
L’engagement politique, c’est cela aussi. Incontestablement, les jeunes participent à l’édification de la société. Au lieu de chercher à développer une rhétorique malsaine sur les jeunes, il serait peut-être temps de se questionner sur les problèmes de santé de notre système politique.
La politique ne se limite pas qu’aux partis politiques, tout comme la démocratie ne se limite pas qu’aux votes. Pour nous, la politique et la démocratie sont au coeur de nos préoccupations. Tellement, en fait, qu’aux prochaines élections, nous n’irons pas voter.
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Jean-François Cadrin et Alexandre Côté - Jeunes citoyens, Beaupré


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