Réplique à Jacques Brassard

Vieille picouille, mon oeil!

Élection fédérale 2008 - le BQ en campagne



Cher Jacques,
Nous avons longtemps siégé ensemble au Conseil des ministres à Québec et, même si je te connais bien, ta dernière charge contre le Bloc québécois m'a laissé pantois autant par sa virulence que par son inexactitude.
Tu affirmes que notre «défense des intérêts du Québec» n'est qu'une formule vaporeuse et globalisante. Le même jour, on apprend que le premier ministre de l'Ontario aimerait bien, lui aussi, disposer d'un «Bloc ontarien virtuel» pour défendre les intérêts de l'Ontario. Mario Dumont, lui, énonce cinq priorités face au gouvernement fédéral, et toutes sont défendues par le Bloc québécois à Ottawa. Considères-tu aussi Mario Dumont comme un politicien de gauche?
Tu donnes les exemples de Kyoto et du registre des armes à feu pour soutenir ton argument. Dans ces deux cas, il existe des résolutions unanimes de l'Assemblée nationale. Le Bloc québécois se fait le porteur de ce consensus à Ottawa. Il n'est pas ici question de droite ou de gauche, mais de simple bon sens.
Malhonnêteté
Depuis longtemps, tu te fais le pourfendeur de Kyoto, et c'est ton droit le plus légitime. Mais jamais personne au Bloc québécois n'a considéré le protocole de Kyoto comme «un texte sacré et irrécusable». C'est au contraire un accord fondé sur un consensus scientifique.
La lutte contre les changements climatiques dépasse d'ailleurs largement le débat gauche-droite. En plus de l'unanimité à l'Assemblée nationale que je soulignais plus tôt, tu n'es pas sans savoir qu'aussi bien les candidats démocrate que républicain pour la course présidentielle américaine se sont engagés dans cette voie. Vas-tu les accuser, eux aussi, d'utiliser le «bric-à-brac idéologique de la gauche»?
Quant à l'artiste qui a fait l'association Hitler-Harper, le premier politicien à dénoncer cette comparaison, ce fut Gilles Duceppe lui-même. Et qu'un artiste soit allé trop loin ne t'autorise pas à les pourfendre tous, ni à nous accuser, ce qui est le comble, d'avoir utilisé des termes comme «la droite nazifiée» ou «l'Alberta la dégueulasse». Ici, ton texte suinte la malhonnêteté et la hargne.
Valeurs
Tu accuses le Bloc québécois d'anti-américanisme, mais sais-tu, cher Jacques, que l'ancien ambassadeur des États-Unis au Canada Paul Cellucci a écrit dans ses mémoires que le seul chef de parti à Ottawa qui trouvait grâce à ses yeux était Gilles Duceppe, justement parce que le Bloc québécois n'était jamais tombé dans l'anti-américanisme, ce qui est l'exact contraire de tes prétentions?
Et finalement, voilà que tu compares le Bloc québécois au NPD à propos des valeurs. Tu nous accuses de ne pas les définir, mais c'est pourtant ce que nous avons fait soigneusement. L'une de ces valeurs, c'est le statut de la langue française au Québec. Vieille picouille, mon oeil!
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Jacques Léonard, Vice-président du Bloc québécois


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