Vers la démolition de l’église du Très-Saint-Sacrement

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Québec devrait sauver le patrimoine architectural catholique

À moins de l’apparition subite et improbable d’une fortune en quête d’un édifice religieux très mal en point où engloutir des millions de dollars, l’église du Très-Saint-Sacrement du chemin Sainte-Foy à Québec sera démolie. Déjà, son contenu est distribué vers d’autres paroisses. Les bancs pourraient même se retrouver à Port-au-Prince, en Haïti.



L’église du Très-Saint-Sacrement disparaîtra-t-elle? «Oui. Je ne sais pas qui aurait entre 8 et 10 millions $ — et peut-être même plus — juste pour maintenir l’édifice», répond le directeur administration de la paroisse Bienheureuse-Dina-Bélanger, Georges Michel Parent. «À ce jour, l’église va être remplacée. Je ne vois pas ce qui pourrait se faire d’autre.»


Le matériel liturgique est donc offert aux autres communautés catholiques. «Ce n’est pas Versailles, mais c’était quand même une belle église avec de très belles choses», observe à regret M. Parent. «On veut s’assurer que toutes ces pièces-là puissent avoir une vie ailleurs.»


L’évêché de Québec est en discussion avec ses vis-à-vis du Québec, également de l’étranger, poursuit-il. La basilique-cathédrale Sainte-Cécile de Salaberry-de-Valleyfield pourrait hériter de l’orgue Casavant — le lieu de culte, incendié en 2002, n’avait pas assez d’argent pour se doter d’un instrument d’une telle valeur lors de sa reconstruction.


Des appels viennent de plus loin : «La cathédrale de Port-au-Prince nous demande les bancs.»



Seul critère pour la cession : la manutention est aux frais de l’acquéreur. «On ne paye pas pour que ça aille ailleurs. Mais on ne fait pas de sous avec, c’est une vente à 1 $.»


Georges Michel Parent explique que la paroisse privilégie les dons dans l’Église, plutôt que le profit. «Quand on sait que de très belles pièces vont aller dans une autre église, je trouve ça plus intéressant plutôt que ça aille chez un brocanteur ou chez une personne qui va l’avoir dans son salon.»


Chaque transaction est néanmoins source d’émotions. «C’est une église que j’aimais. C’était vraiment un sanctuaire. […] Mais, ce n’est qu’un bâtiment. Ça ne fait pas que la communauté Saint-Sacrement disparaît.»



Pas de vente en vue


Qu’adviendra-t-il de l’église du Très-Saint-Sacrement vidée? Fermée au culte depuis l’été parce qu’elle est dangereuse, elle a été officiellement mise en vente.


L’édifice abîmé n’a toutefois pas encore trouvé preneur. «Il n’y a pas de vente prévue à court et à moyen terme», note le responsable du Département des fabriques et du patrimoine au diocèse de Québec, Rémy Gagnon. «On est ouvert aux offres.»


Il y a de l’intérêt sur le marché pour le terrain, ajoute Georges Michel Parent. «On a rencontré des groupes.»


Mais même si quelques entrepreneurs ont levé la main, la vente éventuelle de l’église est au ralenti, voire à l’arrêt. «Ça avance à pas de tortue, mais ça avance.»


Entre autres étapes à franchir avant d’aller de l’avant : obtenir l’autorisation de Rome. Ce qui ne serait pas simple.


Aussi, la paroisse réclame un projet immobilier «de remplacement» qui s’intégrera bien dans Saint-Sacrement. «C’est pour pas qu’on se retrouve avec Le Phare dans le quartier!» illustre-t-il en faisant allusion au mégaprojet incluant une tour de 65 étages qui pourrait pousser à Sainte-Foy, près des ponts.


Sécuriser en attendant


En attendant, la paroisse investit pour chauffer l’église et, surtout, la sécuriser. «Ça se détériore assez rapidement. […] On veut être sûr que personne ne va recevoir de brique sur la tête.»


Des ouvriers sont encore au travail afin d’envelopper des pans de mur, une cheminée «hautement dangereuse». Ils s’attaqueront bientôt à un clocher menaçant. «Il y en a encore pour deux ou trois semaines», évalue Georges Michel Parent.