La bataille que mène actuellement la CLE (Coalition pour la liberté en éducation) pour diaboliser le cours d'éthique et de culture religieuse repose sur un immense malentendu.
La CLE, intimement liée à l'Association des parents catholiques du Québec, a franchi une autre étape dans sa lutte acharnée contre le nouveau programme qui sera offert au primaire et au secondaire dès septembre prochain. Le groupe de parents -- qui se dit «pour la liberté de conscience et de religion» -- distribue des formulaires d'exemption pour ceux qui voudraient exclure leurs petits de ce cours, qui prêche pour une meilleure compréhension du phénomène religieux sous toutes ses coutures plutôt que de se résumer à un seul enseignement confessionnel.
On peut sympathiser avec une certaine peur de l'inconnu. On peut aussi endosser l'appréhension des parents qui douteraient que le gouvernement réussisse à former 25 000 enseignants d'ici à l'automne. Mais on ne peut accueillir sans se crisper cette opération qui dit s'inspirer de la liberté de conscience mais qui traduit plutôt une inquiétante occlusion.
Aussi incroyable que cela puisse paraître, la CLE a décelé dans l'article 222 de la Loi sur l'instruction publique la porte de sortie idéale pour les parents qui souhaiteraient retirer leur enfant du cours obligatoire d'éthique et de culture religieuse. Cet article prévoit une demande d'exemption afin d'éviter un «préjudice grave» à l'élève.
Plus inimaginables encore sont les préjudices possibles que la coalition a imaginés: ils vont de «l'atteinte à la foi» à la «remise en question de l'autorité parentale», en passant par un dérangement des enfants causé par une exposition trop rapide à d'autres systèmes de valeurs ou carrément une atteinte aux libertés fondamentales.
Voilà l'immense malentendu sur lequel repose cette vaine cabale: la CLE associe le nouveau programme à une attaque contre la foi et la liberté de religion, y décelant même un danger d'endoctrinement. Mais ce cours doit plutôt être vu à travers le prisme de la laïcité et pour ce qu'il est: un cours d'enrichissement culturel et de compréhension des autres. Sans bafouer les libertés individuelles, il respecte la décision collective de laïciser l'école, vieille de... dix ans.
La CLE milite pour la liberté de choix et prie pour un régime d'option. Elle craint la banalisation de l'héritage chrétien. Elle veut, là où le nombre le justifie, que soient offerts des cours confessionnels donnés par des groupes religieux. Après des années de catéchèse, puis d'enseignement religieux, cet idéal rime en réalité à un véritable recul, qu'il faut dénoncer et sur lequel le gouvernement ne doit consentir aucun compromis.
Comment ces parents peuvent-ils redouter que ce cours, qui s'est bâti autour de la volonté de façonner des consciences libres, ne triture les valeurs familiales, ne ronge les croyances individuelles et ne détruise la liberté de conscience? Afin d'éviter que cette lutte n'atterrisse devant les tribunaux, Québec a tout intérêt à dissiper le malentendu, en défendant haut et fort le bien-fondé de sa démarche.
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machouinard@ledevoir.com
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