Une session bien ordinaire...

Le Québec et la crise



Le premier ministre Charest, au lendemain de sa victoire électorale, avait convoqué pour cette semaine une session extraordinaire de l'Assemblée nationale pour relever rapidement le défi soulevé par la tourmente économique. Ce court rendez-vous parlementaire n'aura finalement été qu'une session bien ordinaire.
L'exercice parlementaire a été parfaitement inutile. Le gouvernement libéral a présenté un énoncé économique contenant les mesures de relance promises pendant la campagne électorale, dont la quasi-totalité n'exige pas de projet de loi et pouvait donc être mise en oeuvre sans convocation de l'assemblée. Une conférence de presse bien étoffée aurait suffi. Il faut donc y voir une opération politique pour donner un peu plus de vernis aux projets gouvernementaux.

Si le détour parlementaire a été inutile, on ne devrait pas, par contre, déplorer le fait que cet ensemble de mesures - aide à la rénovation résidentielle, accélération des travaux d'infrastructure, hausse du salaire minimum, aide aux entreprises - ne comportait rien de nouveau et ne faisait que reprendre les engagements électoraux libéraux. Au contraire, après des élections dont le thème central était la lutte contre la crise économique, le fait que l'équipe victorieuse s'empresse de respecter ses engagements devrait réjouir, surtout en cette période de cynisme où l'on ne croit plus aux promesses électorales.
Cela ne permet pas non plus de conclure que les élections étaient inutiles, déclenchées sous un faux prétexte et que leur résultat n'apporte rien. Bien au contraire. Cette session extraordinaire démontre a posteriori qu'un gouvernement majoritaire bien en selle, moins vulnérable à ce qui peut survenir en Chambre, est mieux équipé pour gérer une crise financière. Les débats parlementaires, avec leurs rituels partisans et leur enflure verbale, ne permettent pas de parler intelligemment des enjeux économiques qui nous confrontent. Ce n'est pas à l'Assemblée nationale que la lutte contre la récession va se dérouler.
Il était assez étrange, par exemple, de voir la chef de l'opposition, Pauline Marois, dénoncer le plan de relance libéral et déplorer que le gouvernement ne s'inspire pas de celui du PQ, comme si elle avait oublié qu'il y a eu des élections que les libéraux ont gagnées, justement parce que les électeurs leur ont fait plus confiance pour combattre les effets de la crise.
Le simplisme des débats partisans ne nous fait pas avancer. Par exemple, critiquer le gouvernement Charest pour le désastre des PCAA, quand le monde entier a été emporté dans la débâcle provoquée par les subprimes et les actifs toxiques. Ou encore, reprocher à la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, de ne plus être aussi catégorique que dans son énoncé économique du début novembre sur sa capacité d'éviter un déficit l'an prochain.
On s'est indigné du fait que la ministre ne tienne plus le même discours qu'en campagne. Sur quelle planète vit-on? Il s'est passé bien des choses en deux mois. La situation économique est plus sévère qu'on le croyait, toutes les maisons spécialisées ont révisé leurs prévisions à la baisse. Les gouvernements, à Québec, à Ottawa, à Washington, devraient pouvoir réviser leurs chiffres à la baisse sans qu'on les accuse de duplicité.
Ce qu'on peut reprocher à Mme Jérôme-Forget, c'est de maintenir un optimisme pas très crédible. Elle a soigneusement évité, par exemple, de parler de récession pour le Québec. Elle affirme toujours que le déficit zéro reste l'objectif de son gouvernement pour l'an prochain, ce qui semble ni réaliste ni approprié.
Si les choses sont pires qu'on le croyait, il est assez évident que les mesures prévues lors de la campagne électorale ne seront plus suffisantes. Et que l'énoncé économique libéral n'est plus qu'un hors-d'oeuvre. Pour le plat de résistance, il faudra atteindre le budget.


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