Une race qui ne sait pas mourir

Le Génie québécois : turbulences annoncées


«De nous-mêmes et de nos destinées, nous n'avons compris clairement que ce devoir-là: persister... nous maintenir... Et nous nous sommes maintenus, peut-être afin que dans plusieurs siècles encore le monde se tourne vers nous et dise: ces gens sont d'une race qui ne sait pas mourir... Nous sommes un témoignage.» - Maria Chapdelaine, Louis Hémon, 1914
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Quelques décennies à peine nous éloignent de ces propos écrits par un étranger observant une société dite tricotée serré et où les hommes s'acharnaient à labourer des terres de roches et à vivre, l'hiver venu, le dur métier de bûcheron dans les chantiers. Les femmes veillaient au bien-être de familles ô combien nombreuses.
Louis Hémon, sous la loupe du quotidien, avait trouvé ici, non loin de Péribonka, coin du pays natal de Gérard Bouchard, des gens de la même race que lui, fiers de leurs origines, de leur langue. Il n'était pas sans comprendre non plus qu'il avait sous les yeux un peuple conquis, à l'échine pliée, entré de force dans l'union puis dans la confédération, et où les leviers économiques d'alors étaient entre les mains d'anglophones.
Changements de taille
Bien des choses ont changé depuis. Nous sommes sortis d'une période de grande noirceur, nous avons fait une révolution tranquille, avons envahi les collèges et les universités, et les hautes sphères économiques sont maintenant en bonne partie sous la gouverne de Québécois. Nous sommes descendus dans la rue pour manifester notre droit de vivre en français, et nous avons donné à notre culture une expression très forte, rejaillissant au niveau international. Enfin, nous avons accueilli à bras ouverts diverses communautés culturelles.
Actuellement, nous vivons en cohabitation avec plusieurs «nous»: autochtones, allophones, anglophones, mais ce «nous» majoritaire, celui de nos ancêtres et des personnages de Maria Chapdelaine, francophones, de tradition chrétienne, est en mal d'identité. Et pour fragiliser davantage ce «nous» de la culture fondatrice, en filigrane du rapport de la commission Bouchard-Taylor, on souhaiterait que les Québécois de souche se libèrent de leur vieux fond canadien-français.
400 ans d'histoire
Nous sommes pourtant les produits de 400 ans d'histoire, celle des défricheurs, des filles du Roy, des Pierre Parent, des Gagnon, Tremblay, Bouchard, celles de ces hommes et femmes qui, par leur dur labeur et par leur résistance, ont fait le Québec d'aujourd'hui. Nous sommes de ces soldats du régiment de Carignan vaincus sur les plaines d'Abraham, fils et filles des Patriotes qui, par leur Rébellion, ont donné au Québec ses institutions démocratiques. Notre parcours historique est aussi enrichi par l'apport de ces différentes communautés culturelles venues s'installer ici (Irlandais, Grecs, Italiens, Juifs, Portugais et plus récemment la communauté musulmane).
En cela, et pour cela, il ne peut y avoir égalité des histoires, égalité des langues. Aucun pays n'accepterait de banaliser ainsi son passé et de n'être plus une culture de référence pour ses nouveaux arrivants.
Interculturalisme
L'interculturalisme, tel que décrit par les deux commissaires, ne valorise pas cette venue des immigrants à la culture de la majorité; il propose davantage que la société québécoise devienne ce lieu de rencontre de différentes cultures, lesquelles ne seraient pas hiérarchisées. Pourtant, les nombreux témoignages entendus lors de la commission exprimaient le souhait que toute la société québécoise soit regroupée autour de la majorité francophone.
Il est urgent que nous apprenions à nous respecter afin que, dans plusieurs siècles encore, on puisse toujours dire de nous que nous sommes une race qui ne sait pas mourir.
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Monique Parent, Trois-Rivières


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