Une promesse «irréaliste et irresponsable»

Québec 2007 - ADQ


par Denis Lessard - Libéraux comme péquistes ont pourfendu hier la promesse de Mario Dumont d’instaurer une allocation hebdomadaire de 100 $ par enfant d’âge préscolaire qui n’occupe pas de place en garderie subventionnée.
«C’est de l’improvisation», a lancé Jean Charest, qui levait le voile hier sur la plateforme électorale de son parti. Le plan de match des libéraux prévoit mettre 200 millions de dollars de plus par année pour créer 20 000 places supplémentaires en garderie subventionnée.
Pour Jean Charest, la proposition d’allocation aux parents, un transfert qui sera imposé par le fédéral, « aura pour conséquence d’envoyer 200 millions de dollars à Ottawa ».
Pour M. Charest, cette proposition est une nouvelle mouture d’une proposition faite en 2003 par Gilles Taillon, le président de l’ADQ, ancien président du Conseil du patronat. En commission parlementaire, M. Taillon avait proposé d’abolir le réseau de garderies subventionnées pour le remplacer par une allocation aux parents.
André Boisclair fut encore plus incisif. La promesse est «irréaliste et irresponsable», parce qu’elle risque d’entraîner des compressions à l’aide sociale. Il chiffre, lui, à 250 millions le cadeau que ferait Québec à Ottawa avec cette proposition.
Dumont garde le cap
De passage à Chicoutimi, Mario Dumont a maintenu le cap. Le régime actuel de garderies fait en sorte que des milliers de familles «tombent dans le dalot» et n’ont aucun appui, parce qu’elles ne peuvent profiter de places en garderies subventionnées. En outre, il est clair, selon lui, que la facture d’aide sociale que paie Québec est trop salée. «Il y a aujourd’hui trop de Québécois aptes au travail qui sont sur l’aide sociale. Il faut qu’il y en ait moins», a lancé M. Dumont.
Pour M. Taillon, le premier ministre Charest a dénaturé son intervention d’il y a trois ans. «C’était une proposition différente, M. Charest aura mal lu», répliquait-il hier – l’abolition dont il parlait alors était compensée par une allocation de 10 000 $ par année.
Le gouvernement «annonce 20 000 places dans un réseau où il en manque 150 000. Ceux qui n’ont pas de place n’ont rien du tout», a tranché l’adéquiste. Quant au transfert d’impôt vers Ottawa, M. Taillon relève que le régime actuel de garderies prive les parents québécois de crédits d’impôts fédéraux, un pactole de 800 millions de dollars qui reste à Ottawa.
Dès la matinée, les ministres Michèle Courchesne (Emploi) et Carole Théberge (Famille) attaquaient aussi l’engagement pris par le chef adéquiste. Pour Mme Courchesne, M. Dumont compte financer les 900 millions nécessaires à ces allocations par des coupes à l’aide sociale, « les plus démunis qui n’ont que 600 $ par mois pour vivre».
Selon Mme Théberge, les mesures mises en place par Québec visent à donner le choix aux parents. Pour elle, l’ADQ veut abolir le réseau de garderies mis en place, «diminuer ces acquis, ce qui est très problématique».
Elle a souligné qu’une place en garderie subventionnée coûtait 32 $ par jour au gouvernement – en sus du 7 $ versé par les parents. «C’est un investissement que nous avons choisi de faire comme société.» Cette mesure et les congés parentaux donnent plus de choix aux parents, a insisté Mme Théberge.


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