Une première ministre déterminée

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Lucien Bouchard ne voulait surtout pas tenir un autre référendum et s'est affairé plutôt à faire du Québec une province comme les autres





En déclenchant des élections anticipées, Theresa May prend un pari audacieux et ses chances de le gagner sont excellentes. La première ministre britannique confirme qu’elle est une stratège déterminée et aguerrie.


Mme May prend prétexte du fait qu’elle est une première ministre «non élue» dans la mesure où elle succéda à David Cameron en début de mandat. Son but, dit-elle, est de se donner plus de «légitimité» dans les négociations à venir pour la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne – le Brexit.


Stratège aguerrie


Au sommet de sa popularité, Mme May cherche aussi à affaiblir des partis d’opposition déjà vulnérables de même qu’à renforcer son rapport de forces face à son homologue écossaise, Nicola Sturgeon. Laquelle, pour s’opposer au même Brexit, menace de tenir un autre référendum sur l’indépendance.


En 1996...


Maintenant, imaginez un scénario similaire au Québec en 1996. En janvier, Lucien Bouchard succédait à Jacques Parizeau comme premier ministre sans passer par une élection générale. La défaite serrée du Oui au référendum d’octobre 1995 avait laissé un goût de tâche non terminée.


La popularité de M. Bouchard était à son zénith. Son adversaire libéral, Daniel Johnson, tenait par un fil. Au fédéral, Jean Chrétien, écorché par la quasi-défaite du Non, en était encore sonné.


Imaginez un Lucien Bouchard qui, au lieu de balayer l’option souverainiste sous le tapis au nom de sa chasse au déficit zéro, avait déclenché des élections anticipées. Question de se donner la légitimité démocratique de tenir un autre référendum tout en profitant de la faiblesse de ses adversaires.


Imaginez l’effet d’un tel coup de théâtre sur l’opinion publique au moment même où elle voyait en lui son «Saint-Lucien». Pour que ce scénario se concrétise, il aurait toutefois fallu un premier ministre québécois aussi déterminé à vaincre pour le Oui que Theresa May l’est pour le Brexit. Or, force est de constater que tel n’était pas le cas...




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