Une maîtrise 100% en anglais HEC

Montréal souhaite ainsi attirer plus d'étudiants étrangers

Crise linguistique au Québec 2012

HEC Montréal offrira à compter de septembre 2012 un pogramme d’étude de 2e cycle se déroulant entièrement en anglais

Lisa-Marie Gervais - L'École des hautes études commerciales (HEC) offrira dès septembre une maîtrise totalement en anglais. Existant déjà en français sous l'appellation «maîtrise ès sciences en logistique», une mouture de ce programme de 2e cycle sera désormais offerte uniquement en anglais à quelque 30 nouveaux étudiants sous le nom «Global Supply Chain Management».
«L'offrir en anglais, ça risque d'attirer plus d'étudiants étrangers. Il y a beaucoup de demandes venant de Chine et d'Inde. Ce n'est pas inintéressant, ça nous crée une belle diversité à l'intérieur de l'école», a expliqué Kathleen Grant, directrice des communications aux HEC.
Cette nouvelle maîtrise en anglais, qui s'ajoute au MBA 100 % anglais déjà existant, permettra chaque année à une centaine d'étudiants de décrocher un diplôme universitaire sans avoir suivi un seul cours en français. «Ces étudiants-là n'échappent pas complètement au français. Ils vont à la cafétéria manger du "pâté chinois" et non du "Chinese pâté". Ils sont confrontés au français, puisqu'ils baignent dans un environnement en français», a souligné Mme Grant.
Autre nouveauté pour l'automne: l'école affiliée à l'Université de Montréal offrira désormais un baccalauréat bilingue où les deux tiers des cours seront donnés en français et le tiers restant en anglais. Ce nouveau programme de premier cycle s'ajoute au baccalauréat trilingue (un tiers français, un tiers anglais, un tiers espagnol) et au baccalauréat 100 % en français.
Dès septembre prochain, ce baccalauréat bilingue sera offert à cinq groupes d'étudiants, contre neuf pour celui en français et deux pour le trilingue. «L'idée est qu'on offre toujours la gamme de cours en français, et pour certains de ces cours, on a le pendant en espagnol ou en anglais. Ça laisse le choix. C'est bien vu et on est contents», a soutenu Mme Grant.
À HEC Montréal, le français est une condition d'entrée et non pas de sortie, a rappelé Mme Grant. Contrairement au deuxième cycle — où il est possible de recevoir une formation sans jamais se frotter au français —, les étudiants inscrits dans un programme de premier cycle, d'où qu'ils soient, ne peuvent échapper à la langue de Molière. «On a ajouté une année préparatoire pour les étudiants, par exemple de Vancouver, qui n'ont pas le même système scolaire qu'ici. C'est là qu'on leur donne des cours de français», a précisé Mme Grant.
Cette place croissante accordée à l'anglais ne surprend guère Jean-Paul Perreault, président d'Impératif français, mais elle le déçoit. «Quand on voit que ces établissements, qui ont une charte de langue française, anglicisent des programmes, c'est un détournement de mission qui se fait le plus souvent par la porte d'en arrière», a-t-il indiqué.
Il souligne qu'il reçoit régulièrement des plaintes d'étudiants étrangers qui s'étonnent de ce que les cours ou le matériel pédagogique ne soient qu'en anglais. Et selon lui, l'argument selon lequel l'anglais serait la langue des affaires est fallacieux et ne doit pas motiver de changements dans l'offre de cours des universités. «Nos universités devraient être au service d'un marché du travail en français et en faire la promotion», a-t-il dit. «Cela ne veut pas dire de ne pas apprendre l'anglais.»
Rien n'empêche HEC Montréal de s'appeler «HEC Business School» et de prendre un virage à 100 % anglais, reconnaît Mme Grant. Mais cela n'est pas du tout dans l'intérêt de l'école, assure-t-elle. Et s'il est vrai que les politiques linguistiques des établissements d'enseignement n'ont pas force de loi, on rappelle que celle de HEC énonce une position claire dans sa déclaration, à l'article 1: «HEC Montréal est une grande école de gestion de langue française, à rayonnement international.»


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