Une grande fête pour monsieur le Cardinal Ouellet

Je n'ai pas le coeur à la fête

Tribune libre 2010

Texte publié dans Le Devoir du samedi 31 juillet 2010 sous le titre "Une célébration pour Monsieur le Cardinal - Je n'ai pas le coeur à la fête"
Pendant qu'une certaine Église de Québec se prépare à célébrer en grande pompe, le 15 août prochain à la Basilique de Ste-Anne de Beaupré, la promotion du Cardinal Ouellet comme préfet à la Congrégation des Évêques, une autre frange de cette même Église continue à s'interroger sur la mission de l'Église en relation aux impératifs évangéliques laissés par Jésus de Nazareth à ses disciples. Il y a un contraste toujours plus marqué entre cette Église institutionnelle qui rayonne à travers ses personnages et ses cultes et cette autre Église plus ou moins visible, mais bien présente au cœur du monde dans lequel nous vivons.
Si la célébration qui se prépare est, pour les premiers, la manifestation par excellence de l'Église voulue par Jésus, type Église triomphante, pour les seconds, plutôt Église militante et souffrante, elle en est un contre témoignage. La lettre d'invitation adressée à tous les représentants d'instituts et mouvements de vie consacrée dit, entre autres, ceci :
« Les membres de votre mouvement/institut de vie consacrée sont les bienvenus à cette dernière célébration eucharistique officielle de Monsieur le Cardinal à Québec avant son entrée en fonction à Rome. En plus des 1200 places de la basilique, 800 places supplémentaires seront aménagées dans la crypte ; un écran géant et une animation (pour le chant et autres violets de la célébration) vous permettront de vivre en pleine communion cette célébration eucharistique. Tous ceux et celles qui le désirent pourront saluer le cardinal après cette célébration qui s'annonce riche en émotions pour souligner les huit années de Monsieur le Cardinal à Québec. »
Il est prévu que le Nonce apostolique, représentant du Pape, soit de la fête et que les télévisions du monde entier en assurent la transmission à travers la planète. Cette Église, accrochée à ses pompes et au culte de la personnalité de ses dirigeants, davantage soucieuse de liturgie et de sacrements que de justice et de vérité est celle qui est la plus visible actuellement dans l'exercice du pouvoir ecclésial et dans les médias. Pour elle, le Concile Vatican II est un mauvais souvenir qu'il faut vite oublier. Mieux vaut revenir à nos bonnes liturgies d'antan, à nos pratiques cultuelles traditionnelles. Que le clergé réintègre les sacristies et qu'il laisse aux évêques la responsabilité de gérer les préoccupations sociales, politiques et économiques. Les prêtres et les théologiens engagés socialement et politiquement, ici au Québec comme ailleurs dans le monde, en savent quelque chose.
Elle a trois grands chevaux de bataille : l'avortement, les moyens de contraception et le mariage des personnes de même sexe. S'il y a d'autres problèmes, aucun ne vient chercher autant d'énergie et d'engagements que les trois mentionnés plus haut. S'il y a la pauvreté, les guerres, des injustices, il faut évidemment s'y attarder, mais un peu comme quelque chose d'inévitable. Des alliances plus ou moins officieuses avec les dirigeants politiques et les grandes fortunes font en sorte que les déclarations officielles, encycliques, lettres pastorales, sont formulées de telle manière que personne de ces bonnes gens ne trouve à y redire. Par contre si des gouvernements émergents, comme c'est le cas en Amérique latine, s'en prennent aux privilèges et pouvoirs indus des oligarchies, alors, là, ils deviennent de solides alliés de ces dernières.
Voilà donc l'Église, celle qui remplira les 2000 sièges de la Basilique et que le monde entier pourra regarder, certains avec complaisance, d'autres avec dégoût.
Pourtant, me semble-t-il, les consignes données par Jésus à ses apôtres et disciples sont suffisamment claires pour ne pas prêter à confusion. Je me permets d'en relever quelques unes :
« Il leur dit : "Les rois des nations agissent avec elles en seigneurs, et ceux qui dominent sur elles se font appeler Bienfaiteurs. Mais pour vous, rien de tel. Au contraire, que le plus grand parmi vous prenne la place du plus jeune, et celui qui commande la place de celui qui sert. » Lc. 22, v.25-26
« Il appelle à lui les Douze et il se mit à les envoyer en mission deux à deux, en leur donnant pouvoir sur les esprits impurs. Et il leur prescrivit de ne rien prendre pour la route qu'un bâton seulement, ni pain, ni besace, ni menue monnaie pour la ceinture. "Allez chaussés de sandales et ne mettez pas deux tuniques." Mc. 6, 7-9
À ces directives, Jésus ne manque pas de relever également les graves déviations qui guettent ceux qui accèdent à des postes d'autorité comme chez les scribes et les pharisiens. Parlant de ces derniers il dit :
« En tout ils agissent pour se faire remarquer des hommes. C'est ainsi qu'ils font bien larges leurs phylactères et bien longues leurs franges. Ils aiment à occuper le premier divan dans les festins et les premiers sièges dans les synagogues, recevoir les salutations sur les places publiques et à s'entendre appeler Rabbi par les gens. » Mt. 23, 5-7
« "Pour vous, ne vous faites pas appeler Rabbi : car vous n'avez qu'un Maître, et tous vous êtes des frères. N'appelez personne votre Père sur la terre : car vous n'en avez qu'un, le Père céleste. Ne vous faites pas non plus appeler Directeurs : car vous n'avez qu'un Directeur, le Christ. » Mt. 23,8-10
Y A-T-IL VRAIMENT MATIÈRE À FÊTER ?
Je suis croyant catholique et je n'ai pas le cœur à la fête. Ma foi est essentiellement et fondamentalement en Jésus de Nazareth, porteur d'une bonne nouvelle pour toute personne de bonne volonté, que le Père a ressuscité d'entre les morts et établi juge suprême de tous les humains dont nous sommes.( Act. 17, 31 ) Mon appartenance à l'Église se rattache à un engagement sans marchandage au service de la justice, de la vérité, de la solidarité, de la compassion et de la vie, cette dernière, accessible à tous et à toutes de manière à ce qu'elle fleurisse à l'image de son créateur.
Nous en sommes encore où les 2/3 de l'humanité ne peuvent y arriver et ceux qui le peuvent se laissent souvent emporter par la superficialité de la consommation et l'indifférence face aux autres. Nous soutenons des guerres qui tuent sans que nous sachions à qui et à quoi elles servent. En même temps nous condamnons des femmes qui en conscience se voient obligées de se faire avorter. Les arguments s'ajustent aux objectifs poursuivis. La cohérence n'est évidemment pas toujours au rendez-vous. La crédibilité en prend pour son rhume. Le dernier débat sur la question de l'avortement en est une claire illustration.
Lorsque je regarde l'Institution ecclésiale telle qu'elle se présente au début de ce XXIème siècle, je me désole. Les fenêtres ouvertes sur le monde par le Concile Vatican II ont été refermées et les réformes profondes qui y avaient été amorcées sur les ministères, la collégialité, l'exercice du pouvoir et l'engagement dans le monde, ont été archivées. Nous nous retrouvons avec un pouvoir excessivement centralisé, de quoi nous interroger sur la liberté de l'Esprit Saint de distribuer ses dons comme bon il l'entend. (Cor. 1, ch.12, v. 8-11) L'Église, qui devrait être la championne de la liberté d'expression est devenue une véritable machine à censure pour toutes les personnes en poste d'autorité. Le résultat est la « langue de bois » qui se répercute d'un évêque à un autre, d'un responsable à un autre, sous prétexte d'assurer l'unité. Si des chrétiens s'expriment, comme je le fais actuellement, on se garde bien de mettre à leur disposition des tribunes pour en assurer la diffusion et la discussion au sein même de l'organisation ecclésiale. À l'occasion, certains journaux ou médias se feront même rappeler à l'ordre et seront discrètement invités à ne pas donner trop d'espace « aux lamentations de ces malheureux qui ne sont jamais contents et que tout ce qu'ils savent faire c'est de critiquer ».
Je ne crois pas que l'Église pour laquelle des milliers de personnes ont donné leur vie et continuent de le faire dans certaines régions du monde ait été celle-là. Elles en auront été, peut-être, des victimes mais non des témoins. Le temps n'est vraiment pas à la complaisance et aux célébrations. L'héritage du cardinal à l'Église de Québec sera fortement marqué par un retour à l'intégrisme religieux et aux aspects institutionnels de l'appareil ecclésial. Son rejet de la confession collective, ses luttes contre le mariage des personnes de même sexe, sa condamnation, sans trop de nuance, de l'avortement et des personnes qui en sont les responsables, ses silences sur la guerre en Afghanistan, sur les scandales, sur les manipulations dont nous sommes tous victimes, nous révèlent un personnage qui répond bien au profil recherché par ceux qui ont le contrôle du Vatican. Sa nomination n'est pas une véritable surprise.
La communauté chrétienne de Québec souhaiterait bien que son successeur apporte plutôt une ouverture de l'Église à sa mission fondamentale au service d'une Humanité en quête de justice, de vérité, de compassion, de solidarité. Que la collégialité et le partage des responsabilités deviennent un acte de foi dans l'Esprit qui peut agir en tous et toutes. Si l'invitation à cette fête parle uniquement de Monsieur le Cardinal, il faudrait que son successeur soit davantage identifié au bon « Pasteur » dont nous parlent les Évangiles.
Oscar Fortin
Québec, le 25 juillet 2010

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citoyen du Québec et du monde

Formation en Science Politique et en théologie. Expérience de travail en relations et coopération internationales ainsi que dans les milieux populaires. Actuellement retraité et sans cesse interpellé par tout ce qui peut rendre nos sociétés plus humaines.





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8 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    1 août 2010

    Bonjour M Fortin,
    Je ne suis pas surpris de l’état actuel de l’Église catholique dans ses façons de transmettre le message évangélique de Jésus de Nazareth et vous n’avez pas le cœur à la fête.
    Je pense qu’il faut retourner à la spiritualité et oublier la religion. La religion catholique telle qu’elle est véhiculée par ses dirigeants ne représente pas mes valeurs spirituelles basées sur le partage, la justice et la liberté. Je respecte votre action en dénonçant l’intégrisme de l’Église, mais ce qui résiste persiste.
    Pourquoi rester sur un bateau où le capitaine gouverne en faisant fit des aspirations spirituelles de ses passagers, c’est-à-dire, les impératifs évangéliques laissés par Jésus de Nazareth comme vous mentionnez au début de votre texte? Je me sens libre de vivre ma spiritualité, pas n’importe quelle dans la facilité, mais celle en accord avec le partage, la justice et la liberté.
    Comme vous dites l’Église a trois grands chevaux de bataille : l’avortement, les moyens de contraception et le mariage entre personnes de même sexe. On peut discourir ce qui est juste ou injuste, à trouver des coupables, à se justifier. Cela ne mène qu’à la discorde, à une histoire sans fin.
    J’ai confiance en l’Humanité et observez ce qui actuellement se déroule. De grands changements s’opèrent au niveau spirituel, politique et économique. La Lumière triomphe et triomphera toujours sur l’ombre.
    Serge Martel

  • Archives de Vigile Répondre

    1 août 2010

    BRAVO M. Fortin. Votre réflexion me rejoint au plus creux de moi-même.
    L'Église triomphaliste agonise et c'est correct : nous n'avons plus besoin de ces mascarades costumées, de ces gestes et interventions trop complaisantes, de ces déclarations aplatventristes devants les dicastères romains et les commissions du Vatican.
    L'Église se réalise surtout dans des gestes concrets et terre à terre: annonce de la grande espérance apportée par Jésus, fraternité autour de la Parole et du Pain, bénévolat, partage, combat pour la justice, dévouement auprès des malades, des marginaux, des prisonniers, des nombreuses victimes de nos sociétés super-structurées et archi-règlementées. C'est là que se vit d'abord le Royaume du Christ. Tout le reste est superflu et artificiel.
    Un petit message pour vous, Monsieur le cardinal:en tant que responsable de la Commission pour la nomination des évêques, trouvez-nous un pasteur pour le diocèse de Québec. Nous n'avons pas besoin de grands théologiens ou de ces discoureurs qui semblent enrobés dans la VÉRITÉ et drapés de DOGMES stériles.

  • Archives de Vigile Répondre

    29 juillet 2010

    Toutes mes excuses à M. Jeannot Duchesne. C'est dire que nous ne nous connaissons vraiment pas et que les échanges que nous avons ne répondent aucunement à des considérations de complaisance. Merci

  • Archives de Vigile Répondre

    29 juillet 2010

    Tout d'abord m. Fortin juste une petite correction sur moi même, je suis masculin, M. Jeannot Duchesne.
    Merci à vous de nous apporter de bons commentaires avec une très bonne plume.
    J'aime toujours vous lire et lire aussi tous les commentaires qui suivent vos textes.

  • Archives de Vigile Répondre

    28 juillet 2010

    Je m'en voudrais de ne pas relever les excellents commentaires de M. Marius Morin, C.G.Thompson, et Mme Jeannot Duchesne. Je pense que les thèmes, relevés dans chacun de ces commentaires, ouvrent la voie à un humanisme fait d'ouverture d'esprit, d'écoute dont parle si bien M. Thompson, et de dépassement des institutions, qui deviennent trop souvent des handicaps au développement des personnes et des sociétés. Je suis honoré que ces intervenants aient pris le temps de partager avec les lecteurs et lectrices de Vigile leurs réflexions dans le cadre de cet article.

  • Jeannot Duchesne Répondre

    27 juillet 2010

    M. Fortin, je suis entièrement d’accord avec votre commentaire. Il n’y a vraiment rien à faire la fête. J’ai la nausée de toujours voir ces hiérarques s’encenser de fausses humilités ostentatoires, de voir leurs sourires benoits et victorieux qui ne sont que mépris de l’Église.
    Ils sont les faiseurs d’ombres dans la caverne que décrit Platon, ils veulent soustraire l’Église à la lumière pour la prostituer à leurs fausses religiosités d’antan, ce qu’ils appellent l’herméneutique de la continuité. Une continuité qui n’est que la relativisation de Vatican II initié par le dernier pasteur moderne (de son temps); celui même qui se mit au service de la collégialité des ses frères évêques.
    Ce sont ceux qui ont eu peur qui nous ont dit de ne pas craindre.
    Voila que quelques hiérarques et théologiens triés sur le volet pour leur appartenance à une seule école de pensée Ratzingeriste, en dehors de toute collégialité, repensent unilatéralement le dernier concile en relativisant les décrets et les règles qu’ils associent arbitrairement à leur herméneutique de la discontinuité.
    Ils vont même jusqu’à nier la seule infaillibilité valable dans cette Église qui ne doit qu’exister que par l’assentiment de l’ensemble des évêques du monde en collégialité avec l’évêque de Rome; parce que disent-ils, le fait qu’aucune définition de dogmes n’ait été faite lors de ce concile, il n’y a donc pas d’infaillibilité.
    S’ils ne sont pas sacrilèges, ils prouvent alors l’erreur et l’inutilité de ce dogme dont ils ont été si souvent interpelés à revalider le fondement. Ce dernier dogme n’a-t-il pas été une herméneutique de la discontinuité parce que s’en suivit un schisme. Je crois que l’Église sera toujours assurée de la Vérité dans l’Esprit Saint; cela ne signifie pas l’absence d’erreurs; le dogme a été proclamé et il y a déjà eu des erreurs. Les erreurs sont-elles infaillibles? Ce que vous lierez ou vous délierez il en sera de même dans les cieux, cette parole du Christ était-elle seulement pour les péchés?
    Pour votre dernier paragraphe je suis perplexe. Il semble que les évêques soient plus clonés que nommés. Ils ne sont maintenant que des exécutants rapporteurs au service de Rome.
    C’est peut-être le Gethsémani de notre Église, être en face de la mort de ses brèves espérances et ne pouvoir que dire: «Que ta Volonté soit faite, non la mienne».
    Il y a quand même du feu sous les braises, viendra bien un souffle nouveau. Ils ne sont pas immortels ces hiérarques; je ne sais pas qui a écrit cela ou quelque chose de semblable: «Ils ne sont que des traces de doigts sur les Évangiles».

  • Claude G. Thompson Répondre

    27 juillet 2010

    Monsieur Fortin,
    Je partage tout à fait votre analyse de la situation. Personnellement, il y a longtemps que j’ai quitté le giron de l’Église catholique pour vivre une spiritualité dont les mots d’ordre sont « écouter, comprendre, sentir ». Savoir écouter, c’est savoir regarder, c’est voir l’autre tel qu’il se présente à nous et non comme nous voudrions qu’il soit. Ainsi, nous pouvons le comprendre et l’accepter pour mieux l’accueillir. En l’accueillant, nous pouvons sentir ou ressentir ce dont il a besoin pour l’aider et l’accompagner. J’ai très tôt compris que nous devions réapprendre à ressentir, car la surconsommation d’images, de nouvelles, de sensations artificielles dans laquelle nous baignons depuis que le cinéma et la télévision ont envahi nos vies nous a presque complètement insensibilisés à la souffrance des autres en plus de véhiculer une image faussée de la réalité.
    Comment comprendrions-nous ce que signifie la douleur d’une blessure par balle, par exemple, quand des milliers de films ou de séries télévisées nous ont habitués à voir tomber les morts comme des mouches. Petit à petit, la violence à l’écran s’est faite de plus en plus sanglante dans le but de pallier notre perte de sensibilité. Les images de guerres ou de catastrophes que nous voyons au journal télévisé ne touchent plus nos sens émoussés par la saturation qu’a fini par produire l’habitude de regarder se dérouler devant nos yeux des scènes dont nous ne remettons jamais en question les conséquences sur notre comportement conscient ou inconscient. Pourtant, comme le dit l’adage : qui ne dit mot consent. Sans nous en rendre compte, nous sommes devenus parties prenantes de la violence, de l’indifférence et de la souffrance qui en découlent.
    Notre manque d’écoute de nous-mêmes et des autres nous coupe de notre capacité de participation consciente à la vie et nous fait manquer de nombreuses occasions de progrès. L’écoute véritable devrait par conséquent devenir l’outil principal de notre ouverture au monde en même temps que la source de nos pensées ou de nos réflexions. Le grand saint indien Ramakrishna affirmait : “Ce qu’un homme pense, il le devient”.
    La haute hiérarchie vaticane et ses représentants ne pensent qu’en fonction de leur survie et des dictats de leurs encycliques. Ils ont complètement perdu contact avec la réalité du monde dans lequel nous vivons. Pire encore; à mes yeux, ils ont perdu contact depuis longtemps, sinon depuis toujours, avec la source même de leur raison d’être, dont la vie et l’exemple furent à l’extrême opposé de celle qu’ils mènent.

    Lorsque Jésus dit à Saint-Pierre :"Pierre te es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon église", il venait de signifier, conformément à la tradition initiatique de tous les temps, que son église serait celle de ceux qui suivraient ses préceptes et non celle des institutions hiérarchisées, des temples, des cercles fermés ou des sectes repliées sur elles-mêmes.
    L'initié, pour le Christ, constitue le corps mystique de son église et l'incarne dans sa vie quotidienne en appliquant la règle de base de ses enseignements :"Aimez-vous les uns les autres"; exhortation qui fait appel chez l'individu au respect, à la compréhension et à l'ouverture.
    Depuis toujours, l'homme a cherché des réponses aux grandes questions auxquelles la vie le confrontait.
    Qui sommes-nous?
    D'où venons-nous ?
    Où allons-nous?
    Autant d'hommes, autant de réponses.
    Autant de réponses, autant de croyances.
    Autant de croyances, autant de cultes.
    Autant de cultes, autant de façons d'appréhender la vérité.
    Autant de façons d'appréhender la vérité, autant de philosophies.
    Autant de philosophies, autant d'écoles.
    Autant d'écoles, autant de facettes de la même vérité, une et indivisible...
    Qu'importe les questions, qu'importe les croyances, qu'importe les cultes, qu'importe les philosophies, qu'importe les écoles, tous les maîtres de sagesses ont toujours été d'accord pour affirmer que les réponses se trouvent infailliblement en nous; il n'est que d'écouter pour que les portes s'ouvrent d'elles-mêmes.
    Claude G. Thompson

  • Archives de Vigile Répondre

    27 juillet 2010


    Oui, M. Fortin, on fête quand il y a une bonne nouvelle. La nomination du cardinal Ouellet est une tragédie pour l’Église et le monde. Oui, « le temps n’est sans doute pas à la complaisance et aux célébrations » dans une Église qui s’éloigne de plus en plus du peuple québécois. Aujourd'hui on parle beaucoup du cours ECR, de religion et d’Église. Mais curieusement, ceux qui en parlent le moins sont ceux qui vivent profondément leur foi chrétienne auprès des marginaux, des esseulés, des pauvres et des exclus. Ces femmes et ces hommes chrétiens, sans nomination, sans promotion, sans apparats, transforment le monde en profondeur. Contraints à l’obéissance et au silence, ces baptisés souffrent comme de vrais martyrs à cause d’un nombre restreints de dirigeants prêtres, évêques et pape conservateurs et opus-déistes qui se sont arrogés tout pouvoir sur les consciences individuelles et l’institution ecclésiale elle-même. L’Église catholique est une institution ultra-politisée de l’intérieur où tout prophète ou innovateur est marginalisé et exclus du pouvoir. Parfois, pour me consoler, je souhaiterais que tous les chrétiens se lèvent pour parler haut et fort en demandant à tous ces dirigeants entêtés d’abandonner leurs privilèges et leurs trônes, de descendre dans la rue ou de démissionner. Je garde espoir, cependant, car je sais qu’il y a beaucoup de gens de bonne volonté qui luttent, au nom de leurs valeurs, pour la vie, la famille, le travail, la liberté, l’égalité, la paix et la justice. Seule l’Église dans la rue a de l’avenir et survivra.