Se pourrait-il que, sur certains sujets, le peuple soit plus allumé que l'élite qui est censée l'éclairer et le guider?
C'est la question que pose une intellectuelle française dans un livre sur les accommodements (dé)raisonnables, qui sortira en librairie le 11 janvier prochain.
Tolérer l'intolérance
Féministe renommée, fondatrice de la revue ProChoix et collaboratrice au quotidien Le Monde et à France Culture, Caroline Fourest s'intéresse depuis longtemps aux questions de la laïcité, du multiculturalisme et de l'intégrisme religieux.
On lui doit, entre autres, une analyse éclairante de l'oeuvre du théologien musulman Tariq Ramadan (Frère Tariq, 2004) et un essai passionnant sur les dérapages idéologiques de la gauche (La tentation obscurantiste, 2005).
Dans son dernier ouvrage, La dernière utopie: menaces sur l'universalisme, Caroline Fourest attaque avec fougue le «multiculturalisme anglo-saxon à la Charles Taylor» qui, dit-elle, au lieu de favoriser l'intégration, encourage plutôt les communautés culturelles à se refermer sur elles-mêmes et à faire toutes sortes de demandes déraisonnables.
«Au nom de la tolérance et du respect des différences, on tolère le fanatisme», écrit-elle.
La Presse dans le champ
Pour Caroline Fourest, le peuple est souvent moins naïf que l'élite lorsqu'il est question des accommodements.
Elle prend pour exemple ce qui s'est passé à Hérouxville.
«En janvier 2007, le conseil municipal d'une petite communauté du Québec, Hérouxville (1300 âmes), se rebelle, écrit-elle. Elle annonce qu'elle vient d'adopter un «Code de vie à l'intention des migrants».
«Cette démarche suscite aussitôt des railleries dans la presse, surtout de la part d'intellectuels. Ceux-là s'inquiètent des réactions des communautés culturelles.
«En quelques jours, la petite bourgade a réussi à braquer les projecteurs sur le Canada et à susciter un débat qui dépasse ses frontières. La ville est envahie de journalistes venus sonder l'Hérouxvillois et ses réflexes jugés primaires.
«Seul Le Journal de Montréal, de sensibilité plutôt souverainiste, semble soutenir cette démarche. La Presse, un quotidien canadien à la fibre fédéraliste, dépeint Hérouxville comme un bourg dont toute la province a un peu honte...»
Un regard méprisant
«Pourtant, continue Caroline Fourest, réduire cette affaire à du racisme revient à refuser le débat, légitime, sur les accommodements religieux...
«C'est un débat que souhaite le conseiller municipal André Drouin, quitte à passer pour «le plus parfait con du Québec», comme il dit.
«Lui et le maire vont être traités de tous les noms: illuminés, fachos, obscurantistes, idiots, débiles, intolérants...»
Pour Caroline Fourest, c'est clair: les intellectuels - et les chroniqueurs de La Presse - qui ont regardé les citoyens d'Hérouxville de haut se sont royalement fourvoyés.
Oui, la rédaction du «Code de vie» était un peu maladroite. Mais les citoyens d'Hérouxville (et le peuple du Québec) avaient parfaitement raison de se questionner sur les conséquences néfastes du multiculturalisme.
Le débat qu'ils ont lancé était plus que pertinent. La preuve? Ce débat a lieu dans TOUTES les démocraties de la planète.
Il fallait vraiment être des adeptes aveugles du multiculturalisme «Canadian» pour jeter un regard aussi méprisant sur ce qui se passait à Hérouxville...
Francos contre anglos
Pour Caroline Fourest, le débat sur les accommodements qui secoue le Québec confronte «une vision anglo-saxonne et fédéraliste multiculturaliste à une vision francophone souverainiste intégratrice».
Devinez quelle approche privilégient La Presse et Jean Charest?
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