Il y a la foi religieuse interpellée par les grandes valeurs humaines

Une foi laïque

Une contradiction dans les termes ?

Tribune libre


Me voilà entraîné sur un sujet qui s’est présenté exactement comme l’indique le titre. De prime abord, je me suis opposé à pareille aventure, voyant dans ces deux termes leur propre contradiction. Le mot foi ne réfère-t-il pas, par essence, à tout ce qui est religieux et son objet principal n’est-il pas un Dieu qui transcende notre monde ? Par contre le mot laïc ne nous renvoie-t-il pas à notre monde dans tout ce qu’il y a de profane, de non-religieux ? Personnellement, j’y vois, de prime abord, comme une contradiction dans les termes et je suppose que je ne suis pas seul dans cette situation.
Ceci dit, je me lance tout de même dans l’aventure de la réconciliation d’une certaine foi avec la laïcité et de la laïcité avec cette foi. Vous conviendrez que ce ne sera pas tâche facile et mieux vaut que je me prépare bien pour faire face aux commentaires qui vont suivre. Je vous demande de n'avoir aucune indulgence à mon endroit. Je n’aurai que ce que j’aurai mérité.
Ma réflexion trouve sa base dans ces grandes valeurs laïques que sont la vérité, la justice, la bonté, la beauté, la solidarité et la compassion. En chacune de ces valeurs, la laïcité s’y reconnaît pleinement, bien que ses promoteurs et promotrices ne s’y accordent pas toujours pour en dégager le sens qui en rapproche toujours un peu plus l’humanité.
Parler de vérité sans la distancier de tout ce qui est manipulation, mensonge, tricherie, hypocrisie serait en parler sans l’identifier véritablement. Nous sommes d’autant plus sensibles à cette « vérité » que nous vivons une époque où elle est utilisée à toutes les sauces. On en a fait un vêtement attrayant pour couvrir les pires mensonges, les tricheries les plus inimaginables. Nous ne pouvons plus faire confiance au messager, tellement il nous a bafoués avec ses histoires et ses montages… Alors, qui croire ?
Parler de justice, un autre mot qui remplit nos cœurs d’espérance, est devenu un véritable chemin de Damas. Nos gouvernements partent en guerre pour répandre la justice dans le monde, pour apporter aux peuples de la terre la liberté et le respect de tous leurs droits. Nos soldats partent avec l’élan de la mission à accomplir et nous reviennent avec le cafard, l’angoisse, le mal de vivre.
Cette semaine, des journaux disaient qu’aux États-Unis, il y a eu, en 2012, 22 suicides par jour, pratiquement un par heure, de soldats et d’anciens vétérans. Au cours de la même semaine, on pouvait lire qu’en Israël le suicide est la principale cause de la mort des soldats israéliens.
Ces statistiques ont de quoi donner des frissons. Pourquoi ces hommes et ces femmes que l’on présente comme les héros des grandes luttes pour la liberté se retrouvent-ils confrontés à l’absurdité de leur propre vie, au point d’y mettre fin ?
En général, les héros des grandes luttes humanitaires, que ce soit pour la justice, la vérité, la liberté, l’indépendance, trouvent, dans leurs combats, la flamme de la vie et la paix du devoir accompli. Dans le cas présent, c’est le noir le plus complet.
Serait-ce dû au fait d’avoir été profondément trompés sur les véritables motifs de leurs luttes ? Alors que croire ?
Parler de bonté a de quoi nous apporter paix, confiance, sécurité, générosité. Nous avons tous et toutes des exemples de personnes qui respirent la bonté et en rayonnent partout où elles vont. Ce sont là des personnes dont le témoignage se grave dans notre esprit. Pourtant, que de fois n’avons-nous pas été leurrés, frustrés, trompés par des personnes qui cachaient derrière leur bonté l’avidité et la cupidité qui les habitaient. De nombreux exemples de gens, floués par ces bonnes âmes capables de leur promettre le paradis, nous sont rapportés quotidiennement. Alors, qui croire ?
Parler de beauté c’est entrer dans un monde d’ouverture, de sensibilité, d’intériorité et de grande gratuité. Ne dit-on pas que les grands créateurs, peintres, musiciens sont morts pauvres ? Leur art, la perfection de leur art ne pouvait être inspirée par des considérations monétaires. Pourtant, aujourd’hui, que voyons-nous ? Tout est devenu commercial et la valeur des créations ne se mesure plus à leur beauté, mais à celle du marché. Le beau est comme noyé dans un univers de créations où il devient difficile de distinguer le beau du précieux, le vrai du faux. Alors que croire ?
Je pense que vous pouvez poursuivre vous-mêmes ce type de raisonnement avec la solidarité et la compassion.
Dans tous les cas, nous sommes mis en situation de croire ou ne pas croire en ces valeurs, mais aussi de croire ou ne pas croire en ceux et celles qui s’en font les porteurs et souvent les manipulateurs. C’est là qu’intervient cette « foi laïque » qui fait que nous croyons en certaines valeurs, en certaines personnes, en certaines organisations, en certains gouvernants et non en d’autres.
Si déjà nous croyons tous et toutes en ces grandes valeurs d’humanité, pour ce qu’elles sont en elles-mêmes, encore faut-il que nous puissions croire, également, en ceux et celles qui s’en font les témoins privilégiés.
En somme, parler de foi laïque c’est faire référence à ces grandes valeurs pour lesquelles nous sommes disposés à donner le meilleur de nous-mêmes. C’est également en éloigner tous les manipulateurs qui s’en revêtent pour mieux tricher et tromper.
Je m’arrête ici. Vous aurez remarqué que tout au long de cette réflexion, je n’ai fait appel à aucun Dieu, à aucune foi religieuse. Je me suis appliqué à mettre au premier rang ce que je considère comme de plus « sacré » dans l’humanité : la vérité, la justice, la beauté, la bonté, la solidarité, la compassion.
Là, nous ne pouvons pas prendre prétexte de la non-existence de ces valeurs fondamentales pour nous y soustraire. Nous les avons collées à la peau.

Le défi de tous les temps et du nôtre, tout particulièrement, est d’en découvrir toute leurs richesses et d’en démasquer leurs ennemis que sont les menteurs, les manipulateurs, les prédateurs, les voleurs, les hypocrites, et surtout, d’en témoigner dans nos propres engagements.

En résumé, la foi laïque a pour "église" l’Humanité et pour "sacrements" les œuvres de justice, de vérité, de bonté, de beauté, de solidarité et de compassion.
Moi j’y crois. Et vous ?
Oscar Fortin
Québec, le 5 février 2013
http://humanisme.blogspot.com

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Oscar Fortin292 articles

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citoyen du Québec et du monde

Formation en Science Politique et en théologie. Expérience de travail en relations et coopération internationales ainsi que dans les milieux populaires. Actuellement retraité et sans cesse interpellé par tout ce qui peut rendre nos sociétés plus humaines.





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18 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    11 février 2013

    Merci Jean de prendre le temps de répondre aux questions que j’ai posées. Vous vous êtes engagé dans vos réponses. Tout comme vous, je suis contre tout signe ostentatoire dans la fonction publique et sociale, (école, gouvernement, police, armée, etc.) de la petite enfance à l’université, du simple député au premier ministre, contre la séparation des hommes et des femmes dans les parcs et piscines publiques, et pour l’obligation du port du casque de sécurité dans certains milieux de travail ou à vélo, au lieu du voile, du képi ou du turban, etc. Le vivre ensemble et la paix sociale, positivement, impliquent des lois et des limites, ici au Québec.

  • Serge Jean Répondre

    10 février 2013

    À Marius Morin
    « Jean
    L’espace public doit être neutre et laïque. Si je comprends bien sans signes religieux. D’où vient de dogme ? Les lieux de cultes sont-ils publics ?»
    Oui, ils le sont et on peut encore y admirer de magnifiques fresques, sur les murs et les voûtes.J'aime bien aller à la messe de minuit dans une belle église avec un choeur imposant accompagné de l'orgue puissante.
    Les croix dans le cou les tatouages ou autres signes religieux en public ne me dérangent pas tant qu'ils demeurent dans les convictions personnelles des personnes qui les portent.La croix à l'assemblée nationale ne me dérange pas, je ne l'avais même pas remarqué avant qu'ils en parlent.
    Ça ne me dérange pas par exemple, d'aller au restaurant avec matante religieuse, qui porte sa croix au cou et elle, ça ne la dérange pas non plus que je n'en porte pas.Vous avez vu un endroit dans les écritures où on nous forcait à porter des breloques religieuse? Moi je n'ai jamais vu ça.
    Les signes religieux ostentatoires,dans un but de propagande, commandés ou forcés expressément par un culte à leurs fidèles, m'intimide oui, ils ne valent guère mieux qu'une annonce de pneus michelin sur un chandail ou une paire de jeans pré-sale,ou tout ce que vous voudrez qu'on vous fait payer très cher par ailleurs parce que c'est la mode dégénérée des trafiquants capitalistes ou religieux d'endoctrinement des cerveaux consommateurs.Ça c'est de l'empiettement et du viol sur la volonté naturelle des individus.
    On a pas à barbouiller, ou forcer les humains à porter des artéfacts de propagande pour tenter subtilement, de répandre une doctrine religieuse ou autre; c'est un viol de l'individu.
    Alors une burka ou un voile non seulement c'est grossier, mais ça symbolise l'enfermement de l'humain dans les ténèbres, en l'occurence les femmes.C'est complètement stupide et anti Dieu justement.
    Dieu n'a pas créé la femme pour en faire des momies ténébreuses ambulantes au service des imans fuckés comme Moîse le chirurgien sur la montagne gaspésienne.
    Le dogme? C'est visiblement cette sorte d'humains qui se croient propriétaires de leur semblables, ils s'autoproclament dépositaires de la conscience de l'homme, mais ne réalisent pas qu'ils sont dans les jambes de tout le monde sur l'oeuvre de la création. Ôtez-vous donc de dedans les jambes dirait le créateur sur le chantier qui vient de s'enfarger dans un fil d'extension posé là par les rastaquouères pompeux d'énergie.
    L'espace public, eh bien c'est comme le pont du vaisseau, ce n'est pas un endroit pour faire de la propagande, on a pas le temps de s'occuper de ça, il faut voir aux cordages surveiller les écueils, nettoyer le pont et cetera.
    Donc les fatiguants sur le pont avec leur livres de propagande, eh bien ce n'est pas le moment, ils sont dans les jambes de tout le monde; soit ils retraitent dans la cale avec les autres passagers en attendant la fin du voyage ou alors il faudra les balançer à la mer avec une chaloupe de sauvetage et leurs livres de messe. Pas d'temps à parde avec ça!
    Jean

  • Oscar Fortin Répondre

    10 février 2013

    @Claude G. Thompson: votre commentaire m"a tout simplement profondément ému par sa spontanéité, son authenticité, sa profonde intelligence. Vous partagez avec nous une sagesse et un vécu qui ont de quoi nous éclairer et nous inspirer.
    J'espère que le plus grand nombre de lecteurs et lectrices de Vigile puissent prendre connaissance de ce texte tout enveloppé de sensibilité et de confidence.
    Un gros merci.

  • Oscar Fortin Répondre

    10 février 2013

    @JRMS : Merci beaucoup pour votre dernier commentaire qui révèle que derrière le militaire il y a l'humanité d'un homme soucieux du respect des autres, soucieux de ces valeurs de justice, de vérité et de bonté qui transcendent le pur système de commandement militaire. Vous avez, à n'en pas douter ennobli la mission militaire. Il est malheureux que cet esprit dont vous témoignez se fasse si rare.
    Je pense qu'avec vos classiques et l'authenticité de votre conscience, vous rejoignez ces millions d'hommes et de femmes qui témoignent, chacun et chacune, à leur façon, des valeurs évoquées dans mon texte.
    Encore une fois, merci d'avoir pris le temps d'apporter ces précisions qui sont loin d'être banales dans les circonstances. C'est tout à votre honneur et ça m'inspire beaucoup de respect.

  • Archives de Vigile Répondre

    10 février 2013

    @pierre Cloutier, Adam Richard, Jean
    L’espace public doit être neutre et laïque. Si je comprends bien sans signes religieux. D’où vient de dogme? Les lieux de cultes sont-ils publics?

  • Serge Jean Répondre

    10 février 2013


    Monsieur JRMS
    C'est touchant ce que vous rapportez.Merci.
    Merci aussi à monsieur Fortin l'initiateur de ce poste.
    Monsieur Cloutier
    « Je me souviens des réunions de notre chambre de commerce locale où le nouveau président voulait que tous les membres du CA se recueillent pour une minute de silence avant chaque séance.
    Je lui ai dit d’aller se recueillir dans les toilettes et nous foutre la paix avec son recueillement.»
    Eh bien là, vous m'avez fait rire un bon coup. Merci.
    Bonjour à tous
    Jean

  • Claude G. Thompson Répondre

    10 février 2013

    Monsieur Fortin,
    lorsque Jésus dit à Saint-Pierre : “ Pierre te es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon église", il venait de signifier, conformément à la tradition initiatique de tous les temps, que son église serait celle de ceux qui suivraient ses préceptes et non celle des institutions hiérarchisées, des temples, des cercles fermés ou des sectes repliées sur elles-mêmes.
    L'initié, pour le Christ, constitue le corps mystique de son église et l'incarne dans sa vie quotidienne en appliquant la règle de base de ses enseignements :"Aimez-vous les uns les autres"; exhortation qui fait appel chez l'individu au respect, à la compréhension et à l'ouverture.
    Depuis toujours, l'homme a cherché des réponses aux grandes questions auxquelles la vie le confrontait.
    Qui sommes nous ?
    D'où venons-nous ?
    Où allons-nous ?
    Autant d'hommes, autant de réponses.
    Autant de réponses, autant de croyances.
    Autant de croyances, autant de cultes.
    Autant de cultes, autant de façons d'appréhender la vérité.
    Autant de façons d'appréhender la vérité, autant de philosophies.
    Autant de philosophies, autant d'écoles.
    Autant d'écoles, autant de facette de la même vérité, une et indivisible...
    Qu'importe les questions, qu'importe les croyances, qu'importe les cultes, qu'importe les philosophies, qu'importe les écoles, tous les maîtres de sagesses ont toujours été d'accord pour affirmer que les réponses se trouvent infailliblement en nous; il n'est que d'écouter pour que les portes s'ouvrent d'elles-mêmes.
    La religion telle que celle dont nous avons été les pratiquants soumis, pour finir par en être les détracteurs virulents, n’avaient plus rien à voir, si jamais elle l’eut, avec ce que celui que Gérald Messadié a qualifié « d’homme qui devint Dieu » professa lors de son passage sur terre il y a deux mille ans. Les dilemmes faces auxquels la laïcité, la religion et la foi nous placent font partie des grandes questions sur lesquelles toutes les religions du monde devront se pencher, et pas uniquement les religions, mais également les institutions laïques.
    Pour ma part, la vie m’a appris que le savoir est sans fin et que seule la connaissance libère. Au cours des ans, j’ai compris que toute croyance était le reflet de l’ignorance alors que pour celui qui découvre ses richesses et les incarne, croire devenait superflu. J’ai réalisé au plus profond de moi-même combien il est vrai que nous cherchons tous à mettre fin à la souffrance et comment nous nous créons d’inutiles besoins, porteurs de désirs qui finissent par nous enlacer dans les filets du chagrin.
    Georges-Ivanovich Gurdjieff, dont l’œuvre et l’enseignement ont marqué de leur empreinte les années les plus tumultueuses de mon cheminement personnel, disait qu’il n’y a jamais d’évolution mécanique possible, que l'évolution de l'homme est l'évolution de sa conscience et que la conscience ne peut pas évoluer inconsciemment. Il ajoutait que l'évolution de l'homme est l'évolution de sa volonté et que la volonté ne peut pas évoluer involontairement. Il terminait en affirmant que l'évolution de l'homme est l'évolution de son pouvoir de faire et que faire ne peut pas être le résultat de ce qui arrive.
    Voilà le plus grand enseignement que j’aie jamais reçu. Les milliers de livres que j’ai lus et qui emplissent les rayons de ma bibliothèque ne m’ont rien appris de plus essentiel ni de plus évident. Ce qui s’en est suivi n’a consisté qu’à tout tenter pour mettre en application ces simples affirmations. Elles sont devenues le but de ma vie en même temps que son moteur. Elles m’ont amené à voir et à comprendre que la conquête de soi ne pouvait en rien être le résultat du hasard et que la responsabilité m’en incombait entièrement. Le savoir, les enseignements, les maîtres ne peuvent être que des médiateurs qui nous servent d’exemples et de repères. En étudiant la vie de nombreux grands sages et guides spirituels, j’ai réalisé que la compassion et l’altruisme ont toujours été les outils privilégiés de leur manifestation parce qu’eux seuls peuvent conduire à l’amour véritable.
    C’est ainsi que la pratique de la compassion et de l’altruisme est devenue mon mode de vie. Pour cela, j’ai abandonné les systèmes régis, je me suis libéré du carcan des idées reçues et de la force suggestive des structures. J’ai réalisé que ceux-ci sont érigés par des penseurs qui, pour un moment, arrêtent le cours du temps, se fixent sur certains éléments et tentent de prendre la partie pour l'ensemble. Mais, toujours l'ensemble échappera à toute tentative de le ramener à un instant. L'univers est trop vaste, la vie beaucoup trop ancienne. On ne saurait les mettre dans une structure, si brillante soit-elle. On ne saurait que se complaire dans une vision qui ne satisfait que l'ego. J’ai alors compris qu’il n’existe pas de vérité absolue et que tout phénomène est transitoire, relatif et interdépendant, que la vie est perpétuelle transformation, perpétuel mouvement, perpétuel devenir et que nous seuls créons le bruit, l’agitation et le désordre.
    La pratique de la compassion et de l’altruisme m’a amené à vivre sans haine, sans attachement, sans indifférence. Pour cela, il m’a fallu accepter ma nature intime. Il m’a fallu être d'accord pour me tromper. Il m’a fallu être d'accord pour accepter que ma vision était partielle et partiale. Il m’a fallu être capable de rire de moi-même, de ma prétention à connaître la vérité et à pouvoir en disposer à ma guise en tentant de démontrer aux autres que j’avais compris alors que je ne voyais que très peu, qu'il n'y a que très peu à comprendre et qu’il n’est que d’être; qu'il n'est que de "joyeusement " être.
    Vivre sans haine, sans attachement et sans indifférence m’a amené à l’essentiel qui est : écouter, comprendre et sentir. Les questions que nous nous posons, tout autant que les réponses que nous pouvons y trouver viennent soit de notre environnement, soit de l’intérieur de nous-mêmes. Les unes comme les autres demandent de savoir écouter, comprendre et sentir. Il n’est dans l’histoire du monde une seule idée nouvelle, une seule invention, une seule philosophie, une seule avancée de la science ou de la technologie qui n’ait été le fruit d’un questionnement. Même les plus petites révolutions ont pris naissance à la suite d’une ou de plusieurs remises en question. Pour cela, il nous a d’abord fallu être à l’écoute de nous-mêmes, des autres et du monde qui nous entourait. Cette écoute nous a permis d’arriver à nous comprendre, à comprendre les autres et à comprendre le monde. Cette compréhension nous a finalement amenés à affiner notre intelligence et à développer nos sens afin de mieux communiquer avec les autres, avec la vie sous toutes ses formes et avec le monde. Nous sommes des participants à la création et nous ne pouvons pas nous en retirer. Savoir écouter m’a amené à savoir regarder, à voir l’autre tel qu’il se présente à moi et non tel que je voudrais qu’il fût. Ainsi, je peux le comprendre et l’accepter pour mieux l’accueillir. En l’accueillant, je suis en mesure de sentir ou de ressentir ce dont il a besoin pour l’aider et l’accompagner.
    Cette pratique m’a finalement amené au détachement en lâchant prise à toute attente pour être libre d’aimer. Cette étape fut la plus longue et la plus difficile à franchir. Les fruits s’en sont cristallisés lorsque je perdis mon fils de trente ans à la suite d’une longue et impitoyable maladie. Son courage, l’amour qui nous unissait et les extraordinaires échanges que nous avons eus m’ont appris que bien qu’il soit parti, il est toujours avec moi; que l'intensité de ce qui nous relie est plus puissante que la distance qui nous sépare. Mon fils est ainsi devenu le maître qui m’a appris à ne jamais désespérer, à toujours cheminer, à vivre ici et maintenant, à être présent, à aimer sans condition et à donner sans restriction.
    Merci pour votre vibrant témoignage. Il m’aura amené à partager avec vous ce qu'il m’a inspiré.
    Claude G. Thompson

  • Archives de Vigile Répondre

    10 février 2013


    Merci de vos commentaires monsieur Fortin. Le plus grand
    des classiques en matière militaire et de guerre est le
    chinois Sun Tsu.
    Ce que Sun Tsu enseigne pour avoir la
    paix, c'est s'assurer que, comme officier, on ne fasse aucune injustice à personne, y compris les populations affectées par la guerre, comme le sont les soldats eux-mêmes, qui risquent leur vie, les blessures et la folie furieuse s'ils sont impliquée dans d'inutiles combats, qu'il est toujours possible de gagner sans tirer un seul coup de fusil et encore moins de canon.
    En Allemagne, je n'ai pas permis à mes soldats d'endommanger aucune propriété et surtout de ne pas regarder les Allemands comme perdants cu coupables de la seconde Guerre mondiale. Car les autres puissances, dont la France et la Grande Bretagne, étaient elles aussi coupables d'avoir bloqué le commerce allemand à l'étranger, ce qui aurait contribué à maintenir la paix.
    En Afrique équatoriale, j'ai travaillé à instruire et former les candidats de toutes les tribus qui m'ont été assignées, sans égard pour leur origine.
    À Chypre, lorsque les moutons d'un berger turc avaient le malheur de passer dans le champ cultivé d'un fermier grec, le berger risquait de se faire abattre d'une balle. J'ai convaincu les Grecs de présenter des réclamations en bonne et due forme et la paix est revenue dans le secteur.
    Au Québec,lorsque j'ai vu de nouveaux préparatifs secrets pour une intervention militaire contre nous ordonnée par Ottawa,j'ai fait publier les documents secrets et l'expéridiion a été tuée dans l'oeuf. Je le dis sans prétention afin de servir d'exemple. Une intervention armée se prépare de longue date et c'est alors qu'on peut la stopper. Personne n'a osé me traduire en cour martiale même si la Loi prévoit 40 ans de prison pour une telle "offense". Mais j'avais le précédent des procès de Nuremberg pour me défendre.
    C'est ce qu'on apprend par les classiques qui nous enseignent à connaître les mécanismes intangibles du moral humain.
    Salutations cordiales
    JRMS

  • Oscar Fortin Répondre

    10 février 2013

    «@ JRMS : Merci M. Sauvé pour votre commentaire. Vous exprimez bien ce qui a été pour vous un grand succès de carrière militaire et vous nous donnez la source qui l’a rendu possible. Vous n’avez perdu aucun soldat de vos bataillons et les  grands classiques, de l’Antiquité et ceux des études médiévales, vous ont assuré cet esprit de discernement “entre l’essentiel et l’accessoire, le permanent et le transitoire, le continu et le discontinu, bref à voir clair en partant et ne jamais se laisser énerver par quoi que ce soit. 
     
    Je ne peux évidemment pas me prévaloir de tous vos mérites militaires et de votre sagesse qui puise ses racines dans ces grands classiques de l’Antiquité et du Moyen Âge.
     
    Mon expérience de vie, de 10 ans plus jeune que vous, repose sur un travail au service d’une humanité en quête de liberté et d’indépendance, mais aussi et surtout de justice, de vérité, de bonté, de solidarité et de beauté. J’ai œuvré au sein d’organisations internationales dont l’objectif premier n’était pas de défendre les intérêts du Canada, mais ceux des populations dominées, exploitées, malmenées par des forces de l’ordre et même des forces armées étrangères. Rien pour me mériter les honneurs des gouvernements canadiens.
     
    Ce qui a soutenu et rendu possible cet engagement ce sont, bien évidemment, l’étude des grands classiques de l’Antiquité et du Moyen Âge, faisant partie du curriculum des études en philosophie, Science politique et théologique. Mais au-delà de ces classiques, j’ai eu l’occasion de m’ouvrir à toute une littérature plus récente ouvrant nos regards sur un monde nouveau à bâtir. L’éclatement des communications nous a révélé un monde où les 2/3 de l’humanité vivent dans la pauvreté et que cette pauvreté est, à 99% des cas, la résultante des ambitions de pays qui, comme le Canada, s’imposent par la force ou la corruption pour garder ou s’emparer des richesses de ces peuples. Le mythe de ces missionnaires envoyés dans les pays lointains pour leur apporter la bonne nouvelle de la liberté à travers les forces armées et l’oppression des oppositions locales a éclaté en mille morceaux. Que de crimes ont-ils été commis au nom de la démocratie et de la liberté. Ce qui se déroule actuellement sous nos yeux n’a rien d’humaniste, de démocratique et de justice. Que ce soit en Libye, en Syrie, au Mali et ailleurs, ce sont les mêmes forces dominantes qui s’imposent ou veulent s’imposer.
     
    Je ne sais pas si vos classiques vous permettent de discerner ces grandes contradictions dans lesquelles nos gouvernements sont engagés et ces mensonges dont nous alimentent nos médias officiels.
     
    Pour faire court, je vous dirai que mes classiques sont également les Évangiles et ces témoins extraordinaires que j’ai connus, tout particulièrement en Amérique latine, et qui ont donné leur vie pour que d’autres en aient également la jouissance en toute justice et vérité.
     
    Vous comprendrez que le discernement dont vous parlez ne peut conduire au même résultat que celui dont je vous parle. Je comprends que vous avez été un soldat au service des intérêts de certains groupes canadiens. Vous avez sauvé la vie de tous vos soldats, mais vous ne nous dites pas si vous avez également sauvé la vie de ceux et celles des pays où vous étiez.
     
    Le texte sur ces grandes valeurs de l’humanité s’adresse à toute personne de bonne volonté et interpelle en tout premier lieu la conscience de chacun et de chacune de nous.
     
    Avec tout mon respect et sans prétention

  • Archives de Vigile Répondre

    10 février 2013

    A Marius Morin
    Il ne s'agit pas de nier toute valeur religieuse. Il s'agit de renvoyer la religion dans la sphère où elle n'aurait jamais dû sortir, la sphère privée.
    Vous pouvez croire en qui ou en quoi vous voulez. Ce n'est pas mon problème. Mais vous ne pouvez pas infliger aux autres les signes de votre croyance.
    Si vous voulez "prier", priez en silence dans votre tête sans nous infliger les signes extérieurs de la prière, comme veut le faire le maire de Saguenay.
    Je me souviens des réunions de notre chambre de commerce locale où le nouveau président voulait que tous les membres du CA se recueillent pour une minute de silence avant chaque séance.
    Je lui ai dit d'aller se recueillir dans les toilettes et nous foutre la paix avec son recueillement.
    C'est le même principe pour tous les signes religieux. Dans la sphère privée svp. En silence si possible. L'espace public doit être neutre et laïque.
    Me semble que c'est pas difficile à comprendre.
    Pierre Cloutier

  • Archives de Vigile Répondre

    10 février 2013

    @Marius Morin :
    "Les valeurs mentionnées, ici, sont-elles laïques ou plutôt chrétiennes ?"
    Elles sont humanistes. Ainsi, il serait absurde de les qualifier de "valeurs chrétiennes", puisque ceci impliquerait que les religions chrétiennes détiendraient le monopole de ces valeurs sur les autres religions, ce qui n'est pas le cas.
    Sans être un expert en la matière, je me risquerais en disant que la religion n'est principalement qu'une couche de croyances théologiques venant s'appuyer sur une couche de valeurs fondamentales issues du monde philosophique. Ensuite, il faut faire la distinction entre la pratique de rituels (comme d'aller à l'église) et la mise en application des principes fondamentaux de sa foi dans sa vie de tous les jours (aider son prochain, etc.). Ainsi, plusieurs croient à tort agir en "bons chrétiens" en se présentant à l'église chaque dimanche, malgré le fait qu'ils se comportent de manière égoïste une fois à l'extérieur de celle-ci (on pourrait donner comme exemple fictif l'exemple d'un maire qui "lave" ses magouilles à coup de prières lors de ses conseils municipaux, tenant mordicus à préserver son droit de prière lors de l'exercice d'un mandat public). À l'opposé, une personne (croyante ou non) peut décider de mettre en application ces valeurs humanistes dans sa vie de tous les jours, et ce sans jamais mettre les pieds à l'église.
    Sans vouloir nier les croyances théologiques derrière chaque religion et les valeurs spirituelles qui y seraient associées, il serait peut-être temps tout de même de réaliser qu'à travers l'Histoire de l'Humanité, la religion a surtout été de tout temps un instrument de contrôle de l'esprit et de manipulation des masses.

  • Oscar Fortin Répondre

    10 février 2013

    @Marius Morin: Merci pour votre commentaire qui reflète bien la réaction de plusieurs en ce même sens.
    Si on me lie bien, il n'est aucunement question de laïciser la religion qui demeure, selon moi distincte de la foi que professe les personnes. Il s'agit plutôt de reconnaître dans des valeurs fondamentales de l'humanité des valeurs qui devraient être la préoccupation première de tout croyant religieux. Nous n'avons ni à laïciser ou à consacrer les réalités. Elles sont par elles-mêmes ce qu'elles sont. Pour les croyants chrétiens et autres qui professent que l'univers est oeuvre de Dieu, tout de cette oeuvre devrait être alors considéré comme sacré.
    La distinction du sacré et du profane ne s'applique pas à ces grandes valeurs, mais à ceux et celles qui s'en approprient l'exclusivité ou qui les considèrent comme des idéologies à mettre au rang des plaies de l'humanité.
    Il y a des témoins de la foi religieuse qui ont été de grands promoteurs de ces valeurs fondamentales et pour lesquelles ils ont donné leur vie. Il y en a également d'autres, sans croyance religieuse, qui en ont fait tout autant.
    C'est donc sur le terrain des oeuvres concrètes de justice, de vérité etc. que se reconnaissent les vrais croyants, qu'ils soient laïcs ou religieux.
    Avec tout mon respect et sans prétention.

  • Archives de Vigile Répondre

    10 février 2013

    Je me méfie de la religion laïque et de sa dictature. Laïciser l’État, oui! Laïciser le peuple en niant toute valeur religieuse, non! Les valeurs mentionnées, ici, sont-elles laïques ou plutôt chrétiennes? Je réfléchis sur le sujet et je crois qu’il y a beaucoup de confusion dans nos esprits.

  • Oscar Fortin Répondre

    10 février 2013

    @Nestor Turcotte : D’abord, merci pour votre commentaire. Le problème que vous soulevez est effectivement fondamental : les motifs de nos engagements et le discernement qui va avec.  En relation aux motifs, je pense que nous touchons le point central du niveau de conscience auquel chacun peut arriver. L’histoire récente nous donne des témoignages éloquents de personnes qui ont consacré leur vie à faire vivre ces valeurs, plus haut mentionnées dans mon texte, sans  lier leur engagement à une croyance religieuse quelconque.
     
    Sur ce site même, il y a de ces personnes qui ont le feu de l’engagement au service d’une humanité toujours plus vraie, plus juste, etc. Il y a dans ces gens quelque chose qui ressemble à ce que les Actes des apôtres nous racontent au ch.10, v.45 « ainsi, jusque sur les nations païennes, le don de l’Esprit saint est répandu! » . En un mot, les croyants religieux n’ont plus le monopole de l’Esprit saint qui œuvre là où il veut bien.
     
    Dans tous les cas, il y aura toujours des gens, croyants ou pas, qui décideront d’aller chercher pour eux-mêmes tout ce qui peut les combler en pouvoir et en richesse sans se préoccuper des autres. Ce sont justement ces hypocrites, menteurs, prédateurs dont parle le texte.
     
    Avec tout mon respect

  • Oscar Fortin Répondre

    9 février 2013

    @Pierre Cloutier : merci pour votre commentaire. Je comprends que vous vous reconnaissez en ces grandes valeurs qui s’imposent  à tous ceux et celles qui prétendent  œuvrer au mieux-être de l’humanité. Je n’en suis pas surpris et c’est tout à votre honneur.
     
    Toutefois, en ce qui concerne Dieu ou les dieux, je me fais moins exclusif que vous. Je ne vois pas pourquoi il faudrait exclure, comme un dogme, Dieu ou les dieux qui se font promoteurs de ces valeurs et qui requièrent de leurs disciples d’en être des artisans.
     
    Moi, le Dieu en qui je crois, fait de ces valeurs des impératifs pour tous ceux et celles qui se disent croyants en lui. Leur mise en pratique est même plus importante que la foi en sa parole.
     
    « … et si vous ne croyez pas mes paroles, croyez pourtant à cause de ces œuvres… celui qui croit en moi fera aussi les œuvres que je fais. » Jn 14,11
     
    « la foi qui n’a pas d’œuvres est morte dans son isolement » Jc.2,17
     
    Font partie de ces œuvres la vérité, la justice, la bonté, la compassion, etc.
     
    Dans mon esprit, l’objectif de la « foi laïque » n’est pas d’exclure la « foi religieuse », mais de mettre cette dernière au défi de répondre aux impératifs de ce noyau dur des valeurs fondamentales du développement de l’humanité.
     
    Si vous avez raison, avec Jacques Prévert,  de renvoyer dans les cieux ces dieux qui s’affichent contre ces grandes valeurs, il ne faudrait pas en faire autant avec ceux qui s’en font des témoins. Car, il y a de ces témoins dont les actions ne prêtent à aucune équivoque.
     
    Sans prétention et avec tout mon respect

  • Archives de Vigile Répondre

    9 février 2013


    Monsieur Fortin,
    J'ai été officier d'infanterie pendant 28 ans. J'ai servi en Europe pendant la guerre froide, en Afrique pendant les guerres de décolonisation, au Moyen Orient pendant les guerres du pétrole.
    Pendant toutes ces années, je n'ai perdu aucun soldat, ni
    mort, ni blessé ni dépression ou autre maladie.
    Ce que j'ai apporté dans l'armée et qui a dépassé tout l'entraînement et toute ma formation d'officier dans les écoles militaires: ce sont les classiques, ceux de l'Antiquité et ceux des études Médiévales. ET que m'ont donné les classiques: un réalisme qui m'a accompagné jusqu'à maintenant, à l'âge de 82 ans.
    Les classiques nous enseigent à discerner entre l'essentiel et l'accessoire, le permanent et le transitoire, le continu et le discontinu, bref à voir clair en partant et ne jamais se laisser énerver par quoi que ce soit.
    Mes camarades officiers qui avaient fait leurs classiques ont survécu et vécu autant que j'ai survécu et vécu et leurs troupes ont gardé un excellent moral en
    toutes circonstances. Celà comprenait les Québécois et aussi les Anglais britanniques qui avaient fait leurs études latines et grecques, de même que la philo qui s'y rattache.
    Pourquoi faire ses classiques? Pour apprendre qu'il n'y a rien de nouveau sous le soleil, y compris en matière de politique et de religion. Rien ne doit nous surprendre. Tout s'explique.
    C'est grâce aux classiques qu'on apprend à franchir le cap de sa subjectivité et de ses émotions pour atteindre l'objectivité qui mène loin.
    J'ai fait mes études de philo chez les Dominicains qui m'ont appris qu'il n'y aura ni triomphe final du catholicisme, du christianisme, du judaisme, du capitalisme ou du communisme mais qu'il y aura un triomphe final du Christ et que ce ne sera pas la même chose. Le salut éternel de même que la damnation éternelle nous dépassent.
    En matière de religion, nul ne peut se mentir à soi-même sans risquer de le payer cher. De même en politique. Le discernement a toujours sa place.
    Salutations cordiales
    JRMS

  • Nestor Turcotte Répondre

    9 février 2013

    Si je vous comprends bien, cher Monsieur, l'homme peut se sauver par lui-même?
    J'ai déjà tenu ce discours devant mes étudiants en philosophie. Juste pour voir leurs réactions.
    Quelqu'un a levé la main et m'a demandé: ¨Au nom de qui devrais-je faire tout cela, me battre pour la justice, l'égalité, le partage, etc.? Et si ça me dit, me dit-il, de faire le contraire, qui pourrait m'en empêcher?¨
    C'est toujours le vieux dilemme et il sera là jusqu'à l'extinction du soleil: Le salut de l'humanité est-il en elle-même ou doit-il venir d'ailleurs? A la longue, j'ai compris que c'était ni l'un ni l'autre mais de la combinaison des deux.

  • Archives de Vigile Répondre

    9 février 2013

    Oui tout à fait. Vous êtes un homme sage, monsieur Fortin. En ce qui me concerne, je suis un "croyant" laïque et athée mur à mur. J'aime souvent réciter ce magnifique poème de Jacques Prévert, Pater Noster, qui résume tout :
    - Notre Père qui êtes au cieux
    - Restez-y
    - Et nous nous resterons sur la terre
    - Qui est quelquefois si jolie
    - Avec ses mystères de New York
    - Et puis ses mystères de Paris
    - Qui valent bien celui de la Trinité
    - Avec son petit canal de l'Ourcq
    - Sa grande muraille de Chine
    - Sa rivière de Morlaix
    - Ses bêtises de Cambrai
    - Avec son océan Pacifique
    - Et ses deux bassins aux Tuileries
    - Avec ses bons enfants et ses mauvais sujets
    - Avec toutes les merveilles du monde
    - Qui sont là
    - Simplement sur la terre
    - Offertes à tout le monde
    - Eparpillées
    - Emerveillées elles-mêmes d'être de telles merveilles
    - Et qui n'osent se l'avouer
    - Comme une jolie fille nue qui n'ose se montrer
    - Avec les épouvantables malheurs du monde
    - Qui sont légion
    - Avec leurs légionnaires
    - Avec leurs tortionnaires
    - Avec les maîtres de ce monde
    - Les maîtres avec leurs prêtres leurs traîtres et leurs reîtres
    - Avec les saisons
    - Avec les années
    - Avec les jolies filles et avec les vieux cons
    - Avec la paille de la misère pourrissant dans l'acier des canons
    Pierre Cloutier