Une coalition demande à Québec de nommer un commissaire à la langue française

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Une bonne initiative

Partenaires pour un Québec français, une coalition d'organisations civiles et syndicales, réclame la création d'un poste de commissaire à la langue française, nommé par l'Assemblée nationale, pour éviter « tout soupçon de partialité dans la mise en portrait de l'état du français au Québec ».


La coalition réagit ainsi à la publication, le 12 avril dernier, d'une série de neuf études de l'Office québécois de la langue française (OQLF), « avec près d'une décennie de retard ».


En vertu de la Charte de la langue française, l'OQLF est tenu de surveiller l'évolution de la situation linguistique au Québec et d'en faire rapport au moins tous les cinq ans au ministre responsable de l'application de la Charte. Or, plus de 10 ans se sont écoulés entre la publication du dernier bilan, il y a deux semaines, et celle du rapport précédent.


Selon Partenaires pour un Québec français, les raisons qui expliquent ce retard pourraient être politiques.


« Est-ce qu'il y avait un intérêt de l'ancien gouvernement de ne pas sortir le rapport précédent [en 2013]? Voulait-il ne pas alarmer les Québécois sur la situation de la langue au Québec? Je ne le sais pas, ce ne sont que des suppositions », a déclaré à La Presse canadienne Christian Daigle, président du Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ), qui est membre de Partenaires pour un Québec français.


La coalition réclame donc, dans une lettre, la création d'un poste de commissaire à la langue française, nommé par l'Assemblée nationale.


« Ce commissaire serait neutre et n'aurait pas les mains liées, un peu comme le vérificateur général du Québec qui rend des comptes uniquement à l'Assemblée nationale. »


Christian Daigle


L'Office québécois de la langue française est composé de huit membres, dont un président-directeur général nommé par le gouvernement pour au plus cinq ans.


Les conclusions du rapport de l'OQLF


Le plus récent rapport de l'OQLF indique notamment que l'usage exclusif du français au travail est en baisse.


La proportion d'employés n'utilisant que le français au travail a chuté de quatre points en cinq ans, passant de 60 % à 56 %.


Partenaires pour un Québec français y voit la preuve d'une constante bilinguisation de l'espace public québécois.


« Une langue qui n'est plus utile pour obtenir un emploi, une langue qui ne fait plus rêver, c'est une langue qui s'affaiblit », écrivent les signataires de la lettre.


Les membres de la coalition se réjouissent que 89,4 % des allophones fréquentent le réseau scolaire francophone, la preuve, selon eux, du succès de la Charte de la langue française dans l'éducation préscolaire, primaire et secondaire. Par contre, Partenaires pour un Québec français s'inquiète que les allophones ne soient plus que 57,9 % à choisir le cégep francophone.


« Si bien que l'on finance collectivement un réseau public de cégeps anglophones dont les étudiants sont majoritairement de langue maternelle française ou tierce », est-il écrit dans la lettre envoyée à La Presse canadienne.


Partenaires pour un Québec français est formé de neuf organisations civiles et syndicales qui se sont coalisées en 2012.


Parmi les autres membres et signataires de la lettre figurent Jacques Létourneau, président de la Confédération des syndicats nationaux; Sophie Prégent, présidente de l'Union des artistes; Maxime Laporte, président général de la Société Saint-Jean-Baptiste; Sonia Éthier, présidente de la Centrale des syndicats du Québec; et Sylvain Mallette, président de la Fédération autonome de l'enseignement.



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