Une année sous le signe de la corruption

Bilan de l'année 2009

Jean Charest a connu une année faste à l'étranger et au Canada. Mine de rien, il est en train de jeter les bases, en Europe, de ce qui pourrait devenir un jour un nouveau traité de libre-échange.
Photo: Martin Chamberland, Archives La Presse

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Si un seul mot devait être choisi pour résumer l'année politique 2009 au Québec, ce serait vraisemblablement corruption.
Bien des électeurs auront eu, en effet, la désagréable impression que le crime organisé et quelques barons de la construction flirtent dangereusement avec le pouvoir, que les chantiers publics coûtent systématiquement trop cher au Québec. Pire encore, les Québécois ont aussi l'impression que leur gouvernement cherche à cacher des choses en refusant obstinément d'instituer une enquête publique sur le triangle sulfureux construction-mafia-politique.
L'affaire a surtout éclaboussé la scène municipale (à Montréal, du moins), mais elle a eu aussi des répercussions à Québec, éclipsant, et de loin, tout autre débat dans la deuxième moitié de 2009.

En réaction, le gouvernement Charest a dû ajuster le tir, abandonner la priorité à la reprise pour parler d'intégrité, de transparence et d'éthique.
Le bon côté de ces histoires nauséabondes, c'est qu'elles ont forcé un débat sur le nécessaire rafraîchissement de la loi sur le financement des partis politiques, héritage de René Lévesque, qui date de 1977.
Cela dit, comme c'est trop souvent le cas, le gouvernement Charest a réagi à la tempête, sans conviction, plus qu'il n'a proposé de véritable plan. Le projet de loi déposé en toute fin de session par Claude Béchard va certainement dans la bonne direction, mais il ne s'agit que de premiers pas bien timides dans les circonstances.
De plus, les aveux involontaires de certains ministres, selon lesquels il est impossible d'empêcher formellement à une entreprise de contribuer (ce qui est pourtant formellement interdit par la loi), et le fait que ceux-ci soient tenus à des «objectifs» de financement (au moins 100 000$ par année) n'ont fait qu'alourdir un climat déjà passablement chargé.
Le côté négatif des «affaires» de 2009, c'est qu'elles auront fait ressortir le mauvais Jean Charest, celui qui n'écoute pas les Québécois, celui qui s'entête, qui ne supporte pas la critique et qui sombre dans l'arrogance. Imposer le bâillon à la troisième journée de session parlementaire, comme les libéraux l'ont fait en septembre, c'est tout de même drastique!
Jean Charest a connu une année faste à l'étranger et au Canada. Mine de rien, il est en train de jeter les bases, en Europe, de ce qui pourrait devenir un jour un nouveau traité de libre-échange. Il a aussi été très actif sur le front environnemental.
Par ailleurs, l'achat d'Énergie Nouveau-Brunswick représente probablement un des plus gros coups - et le plus mal publicisé - de ce gouvernement. Mais au Québec, le courant, permettez le jeu de mots, passe toujours mal entre le premier ministre et ses concitoyens.
Les déboires de la Caisse de dépôt et la nomination controversée de Michael Sabia pour remplacer Henri-Paul Rousseau auront aussi miné la confiance des Québécois envers le gouvernement Charest.
On verra, dans les premiers mois de 2010, si Jean Charest résistera à la pression des médias, des partis de l'opposition et de la population, mais on a pu constater, au cours des dernières semaines de 2009, que son entêtement à ne pas tenir une enquête publique a fait mal à son parti.
Sans surprise, la nature ayant horreur du vide, c'est le Parti québécois qui en profite pour le moment. Pauline Marois a toujours du mal à percer décisivement l'électorat québécois, mais elle a pris beaucoup d'assurance dans son rôle de chef de l'opposition en 2009.
Après un début d'année difficile (doute sur sa capacité à mener le PQ au pouvoir, lourde défaite du candidat vedette Paul Crête dans Rivière-du-Loup en juin, suivie de la démission de François Legault), Mme Marois a réussi à se ressaisir.
Il faut dire, sans rien enlever à Pauline Marois, que l'effondrement de l'ADQ, l'événement le plus prévisible de 2009, laisse un grand trou dans l'électorat. Jamais n'a-t-on vu un parti politique se désintégrer de la sorte. L'ADQ n'a pas perdu que sa tête, son âme et ses jambes avec le départ de Mario Dumont, elle a surtout perdu la crédibilité indispensable à sa survie, voire à sa résurgence, en sombrant dans le vaudeville.
Le départ loufoque de Gilles Taillon et son remplacement in extremis par Gérard Deltell en fin d'année auront mis fin à la noyade annoncée de ce parti qui était, il y a 13 mois, l'opposition officielle à l'Assemblée nationale. On verra maintenant en 2010 si l'ADQ peut nager jusqu'à la terre ferme et récupérer un peu de terrain perdu.


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