Dans un geste hors du commun, des groupes de médecins, de patients, de cadres supérieurs et de travailleurs syndiqués ont uni leurs voix lundi dans l'espoir de sauver du naufrage le réseau québécois de la santé et des services sociaux.
Pour quatre organismes dont la mission, la culture et les positions sont parfois aux antipodes, l'heure est grave. Assez grave pour les pousser à mettre leurs différends de côté et à lancer un cri du coeur collectif quant aux problèmes qui continuent de secouer le réseau, près de trois ans après l'imposition d'une réforme majeure par le ministre de la Santé, Gaétan Barrette.
Ces organismes espèrent que «la classe politique, en cette année préélectorale, prenne conscience qu'il faut intervenir». Ils proposent 15 solutions pour améliorer le système de santé.
Cette alliance «n'est pas trop usuelle mais démontre qu'on vit une problématique dans le réseau de la santé et des services sociaux d'une ampleur incroyable», a dit Jean Lacharité, deuxième président de la Confédération des syndicats nationaux (CSN).
L'alliance, qui regroupe, en plus de la CSN, l'Association des médecins du Québec (AMQ), l'Association des cadres supérieurs de la santé et des services sociaux (ACSSSS) et l'Alliance des patients pour la santé (APS), a pris contact avec les principaux partis politiques pour leur exposer leurs solutions. Les trois partis d'opposition ont accepté de les rencontrer.
En entrevue téléphonique, le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, s'est dit également ouvert à une rencontre.
En conférence de presse, les représentants des organismes ont déploré l'accès difficile aux soins de première ligne. «On ne peut plus continuer comme ça. Ça n'a pas de bon sens, a dit M. Lacharité. On veut forcer un débat politique.»
Travailleurs, médecins et cadres sont à bout de souffle, ont dit leurs représentants en choeur. «En ce qui concerne les cadres, selon les régions, il y a une augmentation des absences de 100% à 250% pour causes psychologiques, a souligné Carole Trempe, de l'ACSSS. La situation nous préoccupe énormément, non seulement pour la rétention des gens mais pour la relève, dont on a désespérément besoin à très court terme.»
Les cadres ont été «déstabilisés» par la «prise de décision centralisée, excessive, qui ne donne pas les coudées franches aux gestionnaires devant justement mettre en place la transformation», a ajouté Mme Trempe. Elle demande la «dépolitisation» des conseils d'administration et des établissements de santé.
Le ministre Barrette considère pour sa part «qu'on s'en va dans la bonne direction». Il estime déjà répondre à 90% des solutions proposées par l'alliance. «Je suis comme eux, je veux l'améliorer le système de santé. (...) La réforme que je fais, elle est basée sur un principe: les décisions qui se prennent doivent être en fonction des patients. C'est la raison pour laquelle chaque investissement que je fais, il a une reddition de comptes et on doit faire la preuve que l'argent est allé à la bonne place.»
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