Un week-end à la campagne

L'affaire Desmarais


On a fait tout un plat que des acteurs du monde politique et économique soient allés faire un p’tit tour sur le bateau de Tony Accurso.
Mais à côté de ce qu’a fait Michael Sabia, c’est de la petite bière.
UNE VISITE « SOCIALE »
Primo, parce que Sabia dirige la Caisse de dépôt, le plus gros instrument économique de la province.
Secundo, parce que le clan Desmarais (qui dirige Power Corporation) est la famille la plus puissante au pays.
Et tertio, parce qu’il ne s’agit pas d’un simple tour de yacht, mais d’un week-end passé dans l’une des demeures les plus ostentatoires de la planète, un domaine de 75 kilomètres carrés qui est au château de Versailles ce que Mini-Me est à Doctor Evil, le méchant d’Austin Powers…
Monsieur Sabia dit que ce n’était qu’une visite « sociale ».
Bien tiens.
Et j’imagine que lorsque Jean Charest se rend à Sagard, c’est pour jouer aux poches lui aussi…
APPARENCE DE CONFLIT
Monsieur Sabia aurait dû être d’autant plus prudent que ce n’est pas la première fois qu’un dirigeant de la Caisse fait les yeux doux aux Desmarais.
Henri-Paul Rousseau a dirigé la Caisse de 2002 à 2008. C’est lui qui était à la barre quand la Caisse a fait un naufrage de 40 milliards. Or, que fait-il maintenant ?
Il travaille chez Power.
Nous avons donc toutes les raisons du monde d’être nerveux quand un dirigeant de la Caisse va jouer une partie de Twister à Sagard.
Est-il en train de se négocier un canot de sauvetage avant que le navire ne coule ? Partage-t-il des informations sensibles avec l’un des principaux acteurs de l’économie québécoise ?
C’est peut-être vrai que Michael Sabia a passé son week-end à danser le Bunny Hop avec Jacqueline et Paul Desmarais.
Mais comme dit l’autre : non seulement devrait-on éviter les conflits d’intérêt, on devrait aussi éviter les apparences de conflit d’intérêt.
BIENVENUE DANS NOTRE HUMBLE DEMEURE
Cela dit, cette histoire a du bon : elles nous a permis de revoir à la télé des images de la colossale demeure des Desmarais.
Un domaine gigantesque qui a coûté entre 40 et 70 millions de dollars et qui comprend une quarantaine de bâtiments, deux immenses résidences, un terrain de golf de 18 trous, une forêt remplie de faisans qu’on a spécialement introduit pour la chasse et une trentaine de lacs…
Un p’tit shack, quoi.
En regardant ces images prises du ciel, je me disais que ça ferait un maudit bon reportage pour Enquête : les dessous de l’empire Desmarais.
L’homme qui couronne les premiers ministres du Québec, qui fréquente George Bush et qui a envoyé Nicolas Sarkozy à l’Élysée.
Mais, bon, je rêve. Le jour où Radio-Canada s’attaquera au grand patron de La Presse, les poules auront des dentiers.


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