ÉLECTIONS DE MI-MANDAT AUX É.-U.

Un vent républicain souffle

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La Bérézina démocrate

Les démocrates s’attendaient à perdre des plumes lors des élections de mi-mandat mardi soir. La question était : combien allaient-ils en perdre ? La réponse est venue sous la forme d’une véritable vague rouge, qui a fait peu de survivants chez les démocrates. Sans surprise, les républicains ont conservé leur majorité à la Chambre des représentants, mais avec la plus imposante marge jamais vue dans ce parti depuis les années 1940. Et au Sénat, la majorité, qui était la véritable inconnue et l’enjeu principal de ces élections, a basculé dans le camp républicain, peu avant minuit. Les républicains ont donc ravi les deux chambres du Congrès, annonçant des rapports plus que tendus avec la présidence pour les deux dernières années à la Maison-Blanche de Barack Obama.

Peu avant 1 h mercredi matin, l’ensemble des résultats des courses clés pour le Sénat n’était pas encore connu. Mais les gains alors enregistrés par les républicains suffisaient à leur donner la majorité tant convoitée au Sénat. Le GOP (Grand Old Party, le Parti républicain) est parvenu à arracher plus que les six sièges qu’ils devaient ravir aux démocrates pour obtenir la majorité. Le GOP a fait des gains en Arkansas, en Virginie occidentale, au Dakota du Sud, au Montana, au Colorado, en Caroline du Nord et en Iowa. Le leader de la minorité républicaine au Sénat (qui risque fort d’être nommé leader de la majorité), Mitch McConnell, a quant à lui réussi à conserver son siège dans le Kentucky. Jusqu’aux élections de mardi, le Sénat était composé de 55 démocrates (dont deux indépendants votant avec eux) et de 45 républicains.

Les 435 sièges de la Chambre des représentants étaient en jeu, tandis que 36 des 100 sièges du Sénat étaient au ballottage lors de ces élections législatives, les plus coûteuses de l’histoire. Les deux camps ont dépensé une somme totale estimée à 3,67 milliards $US.

Les républicains détenaient déjà la majorité à la Chambre basse et on s’attendait à ce qu’ils la conservent. La véritable inconnue était du côté de la Chambre haute, où les démocrates étaient à haut risque de perdre la leur : une dizaine de courses parmi les 36 se sont avérées très serrées. Sept d’entre elles se déroulaient de surcroît dans des États « rouges », remportés par le républicain Mitt Romney en 2012. Dans une entrevue radio donnée mardi en journée, le président Barack Obama est allé jusqu’à dire qu’« il s’agissait du pire groupe d’États pour les démocrates depuis [l’ère de] Dwight Eisenhower », qui allait de 1952 à 1960.

Vaste majorité à la Chambre des représentants

Si les comparaisons historiques étaient peu avantageuses pour les démocrates du Sénat, elles se sont avérées encore pires à la Chambre des représentants, où les républicains, toujours peu avant 1 h mercredi matin, étaient en passe d’égaler, voire de dépasser la majorité qu’ils détenaient sous la présidence d’Harry S. Truman dans les années 1940. Le GOP a fait beaucoup plus que franchir la barre des 218 sièges nécessaires pour conserver le haut du pavé dans la Chambre basse : peu avant 1 h mercredi matin, les projections leur accordaient autant sinon plus que les 246 sièges qu’ils avaient obtenus à l’époque.

L’ombre du président Obama, qui n’apparaissait pourtant sur aucun bulletin de vote, a plané tout au long de la campagne. Son taux d’approbation famélique, d’à peine plus de 40 %, a été utilisé comme une arme par les candidats républicains contre leurs rivaux démocrates. La principale stratégie républicaine a en effet consisté à faire de ces élections locales un référendum sur le président et à y associer leurs adversaires politiques. Les candidats démocrates ont d’ailleurs tenté de garder le président et son bilan à distance.

Le New Hampshire, rare résistant démocrate

Le New Hampshire, où se trouvait Le Devoir mardi soir, est parvenu à résister à la vague républicaine, même si les stratèges du GOP avaient beaucoup misé sur le Granite State. Les cris de joie étaient forts lors de l’annonce des résultats au quartier général de la sénatrice sortante Jeanne Shaheen, qui défendait son siège contre le républicain Scott Brown. Mais ils auront été de courte durée.

Vers 1 h mercredi matin, les républicains avaient engrangé 52 sièges au Sénat. Restait alors a connaître les résultats de la course sénatoriale en Alaska, elle aussi très serrée. Le sort de la campagne en Louisiane sera quant à lui connu en décembre, où un deuxième tour aura lieu afin de départager les deux candidats (la loi de l’État exige une majorité de 50%+1).

Selon Frédérick Gagnon, spécialiste du Congrès et directeur de l’Observatoire sur les États-Unis à l’UQAM, il est clair que le message des élus républicains sera qu’ils ont reçu un mandat fort pour empêcher Barack Obama de gouverner comme il l’entend et qu’il lui reviendra de faire les compromis. « Il faut s’attendre à ce qu’ils organisent des tonnes d’audiences publiques visant à mettre Obama dans l’embarras, avance-t-il. On proposera certainement des projets visant à déboulonner sa réforme de santé, on scrutera ses politiques étrangères à la loupe, etc. »

Petit bémol pour les républicains du Sénat, ceux-ci ne jouiront pas de la majorité de 60 sièges nécessaire pour clore les débats et passer au vote sur ces mesures, relève Frédérick Gagnon. Les démocrates auront donc des outils législatifs pour inciter les républicains à faire des compromis.

En plus des élections aux Congrès, 36 postes de gouverneurs étaient à pourvoir et près de 147 référendums sur l’usage de la marijuana, l’avortement, le salaire minimum, le port d’armes et plusieurs autres enjeux ont été tenus dans de nombreux États.


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