La nation québécoise dans un Canada uni

Un plan de partition du Québec

Québec c. Canada — le Québec entravé

En page A-3 du Devoir de ce matin, le 29 février, nous apprenons que le coupable a été démasqué dans l'affaire des appels téléphoniques visant à diriger les électeurs vers des bureaux de scrutin inexistants lors de la dernière élection fédérale. Il s'agirait d'un certain Pierre Poutine, domicilié à Joliette sur la rue Séparatiste. À Guelph, monsieur Poutine dirigeait les électeurs vers le Old Quebec Street Mall où il n'y avait pas de bureau de scrutin.
Comme le soulignait le député néodémocrate Alexandre Boulerice, il s'agit-là d'un fait révélateur sur ce que pense le gouvernement fédéral des Québécois. Et, l'incident est d'autant plus inquiétant qu'il a eu lieu en rapport avec l'exercice d'un droit touchant les fondements mêmes de la vie publique canadienne, le droit de vote.
Or, il ne s'agit pas nécessairement d'un fait isolé. On se souviendra d'Angelo Persichilli, ce journaliste nommé au poste de directeur des communications au Bureau de premier ministre en dépit de ses déclarations antérieures à l'effet que les Québécois ne sont que des parasites vivant de péréquation et montrant peu, ou pas, de reconnaissance pour leurs bienfaiteurs du Canada anglais. Aux dernières nouvelles, Angelo était toujours en poste. David Levine aura conservé beaucoup moins longtemps le poste de directeur général au Ottawa General Hospital...Les Québécois n'occupent manifestement pas le sommet de l'échelle du respect du gouvernement fédéral.
Mais, puisque nous parlons des Québécois, revenons donc sur la reconnaissance de leur statut de nation par le gouvernement fédéral. Il y a plusieurs façons d'interpréter cette reconnaissance mais, eu égard aux événements mentionnés plus haut, il y en a une qui domine. La reconnaissance du statut de nation adoptée aux Communes il y a quelques années n'est rien d'autre qu'un mode d'emploi pour une partition éventuelle du territoire québécois.
Il y a en effet lieu de rappeler ici que dans le texte soumis aux Communes, on utilisait l'expression «Québécois» dans les deux versions du document. Or, dans l'esprit d'un Canadien anglais, qui sont selon vous ces «Québécois»? Il s'agit évidemment des Québécois de descendance européenne, à l'exclusion des Québécois anglais et des Autochtones. Et, le comité sur la démarche vers la souveraineté les conforterait certainement dans leur opinion.
Or, où résident les Québécois de la «nation», au Québec? Dans une bande de territoire de plus ou moins 200 kilomètres de chaque côté du fleuve ("Bouchard pourra finir avec rien de plus qu'un pays minuscule en forme de saucisse entouré de très mauvais perdants." - Diane Francis, 1996). Tout le reste est occupé par les Autochtones. Maintenant, lisez ceci à la lumière de l'article 3 de la Loi sur la clarté.
Quelqu'un à l'Assemblé nationale devrait au plus vite déposer deux motions. La première viserait la répudiation de la reconnaissance des Québécois à titre de nation. D'abord, il y a un risque qu'elle puisse être utilisée contre nous. Et, ensuite, nous ne voulons pas être reconnus comme nation par des gens qui pensent de nous ce que les événements décrits plus haut laissent clairement entendre. L'autre motion viserait à déclarer la souveraineté du Québec sur le Nord de la province.
Et, il ne devrait pas être nécessaire d'habiter la rue Séparatiste pour déposer de telles motions. Il suffit d'avoir un minimum d'estime de soi.


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5 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    5 mars 2012

    Monsieur Bélisle,
    Lisez trrrrèèèès attentivement la Loi sur la clarté et vous verrez que je ne suis pas alarmiste. Non seulement le fédéral entend-il se mêler du sort des Autochtones suite à une éventuelle séparation du Québec du reste du Canada, mais encore veut-il également se faire garant des droits de la minorité anglophone de Montréal. Je les connais à Ottawa, moi, monsieur Bélisle. J'ai vécu là dix ans...Assez pour me rendre compte du fait que le Québec n'est pas de taille...malheureusement.
    J'étais dans la salle d'attente pour une réunion du Comité du cabinet sur la législation en attendant que mon projet de loi soit appelé. Une couple de chaises plus loin, il y avait un fonctionnaire anglophone, un gars dans la haute trentaine ou la basse quarantaine. Il était grand, mince, les cheveux noirs...You know, lean and mean. Il aurait fait un bon garde du corps pour Capone. À un moment donné, la représentante du Sous-secrétariat du cabinet entre dans la salle. C'était une jeune francophone, peut-être le début de la trentaine. Alors elle s'adresse au type: «Would you like to see the minister?». Une petite francophone dans la fonction publique fédérale, ça ne demande pas à un fonctionnaire anglophone s'il veut voir le ministre sans que le ministre ait manifesté le désir de rencontrer le fonctionnaire en question. Le gars était assis. Il avait une chemise dans les mains avec une couple de feuilles dedans. Il lisait une lettre. Il a à peine levé les yeux et il a répondu: «No.» Puis il a continué à lire sa lettre comme si la fille n'était plus là. Le ministre, c'était un francophone...et il avait l'air assez perdu merci à Ottawa. Je me souviens de la réflexion que j'ai eue à l'époque:«Oh! shit, les «péquisses» ont du chemin à faire avant d'arriver avec ça.» Le gars avait «requin» écrit dans le front. Et, prenez ma parole, il y en a de ça, à Ottawa. Alors, avant de parler d'indépendance, les Québécois devrait y penser trrrrèèèès attentivement. De l'opposition, il y en aurait et pas à moitié à part de ça.
    Moi, j'ai seulement fait une plainte au Commissariat aux langues officielles et j'ai été harcelé pendant des années...congédiement, interception de courrier, appels téléphonques anonymes, entrée par effraction...rien de trop beau.
    À tout événement, oui, une répudiation de la reconnaissance de la nation s'impose, tout comme l'affirmation de la souveraineté du Québec sur au moins l'intégralité de son territoire actuel. Moi, le Labrador, je l'ai dans le nez, vous savez.
    Salutations,
    Louis Côté

  • Jean-Pierre Bélisle Répondre

    4 mars 2012

    @ Louis Côté
    Je suis de votre avis, bien que moins alarmiste dans l’ensemble: la « reconnaissance des Québécois, comme nation » est un cadeau empoisonné. D’ailleurs, sur la Colline du Parlement, les applaudissements n’étaient pas encore terminés que les journaux anglophones surfaient déjà sur la signification du mot.
    Mais il faut plus qu’une répudiation de ladite reconnaissance pour les motifs que vous indiquez. Il faut également combattre idéologiquement les « identitaires » qui, en propageant la révulsion tant à l’égard des immigrants que des amérindiens et inuits, rapetissent justement le concept de « Nation Québécoise » à une petite bande de territoire, le long du Saint-Laurent.
    Souvenez-vous du débat ayant eu lieu en juin 2010 : « Centre d'hébergement pour Inuits: «On n'en veut pas dans notre cour». Ces positions intolérantes et sans vision agissaient alors objectivement dans le sens de la partition que vous évoquez.
    La souveraineté du Québec sur le Nord de la province est une question complexe qui dépasse largement le simple commentaire.
    Mais pour ce qui est du principe d’effectivité, j’ai noté au cours de la dernière année que les attaques des souverainistes contre le Plan Nord n’ont jamais dépassé le niveau la petite partisannerie anti-Charest, alors qu’il contient des éléments de grande importance géopolitique.
    @ Jean-Claude Pomerleau
    … ce qui m’amène à convenir entièrement avec Monsieur Pomerleau du fait que « la grande majorité des penseurs du mouvement souverainiste n’a aucune idée de ce qu’est le principe d’effectivité »
    La seule chose que je pourrais lui reprocher, ici du moins, c’est qu’il dissocie les principes de droit constitutionnel et international des considérations géopolitiques. Tout cela forme un tout, Monsieur Pomerleau. D’ailleurs, le principe d’effectivité en est un de droit international public. Vous vous appelez Pomerleau en vertu d’un principe de droit civil qui vous donne une identité et cette identité n’est possible que si votre être biologique est en vie. Il faut faire attention aux compartiments de la pensée. Pas de géopolitique sans politique et pas de politique sans principes de droit, écrit (ou oral, si on remonte dans l’histoire)
    Merci de vos contributions,
    JPB

  • Jean-Claude Pomerleau Répondre

    1 mars 2012

    Le droit ne nous sera d'aucun secours le cas échéant contre la partition. Seul compte le contrôle effectif du territoire.(principe de l'effectivité)
    Or la grande majorité des penseurs du mouvement souverainiste n'a aucune idée de ce qu'est le principe d'effectivité dans le processus de changement de statut d'un État : Déni des rapport de forces en présence; et, déni de la nécessite de prendre le contrôle du territoire ("lieu des effectivités" : géopolitique) avant de passer à l'acte.
    Voici ce qui devrait nous préoccuper :
    Les Inuits ont déclarer leur souveraineté (Géopolitique d'une ambition inuite):
    http://www.septentrion.qc.ca/catalogue/livre.asp?id=2251
    Et les Cris ne reconnaissent pas le fait qu'il ont céder leur droit inhérents pour les avantages d'un traité moderne (Convention de la Baie James). (Voir : Loi 99, commission parlementaire, le mémoire du Grand Chef des Cris.) :
    http://archives.vigile.net/00-4/99-cris.html
    Par la Loi 99, le Québec se reconnait pour la première fois de son histoire comme un État de jure. Cette loi s'opposait à C 20 (principe d'équivalence, doctrine d'État):
    http://www.vigile.net/La-necessaire-doctrine-d-Etat
    JCPomerleau

  • Archives de Vigile Répondre

    29 février 2012

    C’est au peuple québécois à se définir et à aucuns autres états étrangers ! Le jour où sera proclamé l’indépendance du Québec, tous ceux et toutes celles qui auront été reconnus (es) citoyens québécois par l’état du Québec formeront la nation québécoise. Toutes ces histoires de partition, c’est de la vieille chique pour les colonisés (es). Le droit international n’existe pas pour les marciens. Il régi les rapports entre nations sur cette terre. Lorsque ce jour viendra, nous auront les moyens de contrôler notre territoire. C’est une obligation légale !

  • Archives de Vigile Répondre

    29 février 2012

    Le mythe des «autochtones» propriétaires de la plus grande partie du territoire québécois a la vie dure. Je tourne les coins ronds dans un sujet complexe, mais, de un, les nations indiennes du nord ont signé, moyennant finance, des traités dans lesquels ils ont renoncé à leurs «droits», quoique puisse clamer un certain Saganash; de deux, d'autres nations sont arrivées ici après nos ancêtres français, les Hurons et les Mohawks d'Oka par exemple, et ne peuvent donc revendiquer de «droits ancestraux», quoique que puissent en dire Gros-Louis-Sioui et cie; de trois, les nations indiennes qui sont en négociation sont justement compris pour l'essentiel dans le 200 km de Diane Francis; de quatre, il y a aussi les Métis québécois (dont je suis) qui en sont à revendiquer des droits et eux aussi sont dans le 200 km. Et tout ça, en comptant les Métis, c'est quelque chose comme 2% de la population du Québec. Bref, il faudra vivre ensemble. Mais pourquoi donc n'entendons-nous parler que des «droits» des autochtones du Québec et pas de ceux des provinces canadiennes, où ils sont proportionnellement beaucoup plus nombreux, au Manitoba par exemple?