Commission Bouchard-Taylor

Un message mal transmis

Par May Haydar, Représentante de l’association Al-Hidaya et membre du réseau RIQc

Accommodements - la Commission BT à Montréal


L'article de Stéphane Baillargeon paru dans Le Devoir du 21 novembre dernier devait rendre compte de la conférence de presse donnée par le regroupement d'associations Rejetons l'intolérance au Québec (RIQc). Il est plutôt à notre avis une bonne illustration de ce qui a été dénoncé ce jour-là, le message ayant été mal transmis.
Premièrement, le titre même de l'article pose problème par la polémique qu'il suscite: [«Bouchard et Taylor, des "colons blancs"»->10617]. Sortie de son contexte, l'expression n'a aucun sens. RIQc a essayé d'analyser le débat actuel en le replaçant dans une perspective historique. Rappeler l'histoire du Canada (français et/ou anglais) est indispensable pour réfuter les arguments trop entendus durant la Commission concernant une légitimité du groupe majoritaire dit «de souche» d'imposer ses valeurs au reste de la population. Or nous ne pouvons oublier que les colons européens, à leur arrivée en Amérique du Nord et jusqu'à aujourd'hui, ne se sont pas adaptés aux valeurs et façon de vivre des autochtones...
Le sous-titre dit ensuite: «Le Québec est raciste, accuse une coalition arabo-musulmane.» Là encore, il s'agit d'une imprécision qui frise la désinformation. Jamais, durant cette conférence de presse, aucun intervenant n'a traité «le Québec» de raciste. Le groupe RIQc s'est efforcé d'analyser et de critiquer les prémisses de la commission Bouchard-Taylor et ses conséquences, qui semblent attiser le racisme dans la société québécoise.
Déception
Est-ce que critiquer une commission mise en place par le gouvernement et exploitée à des fins politiques par divers partis revient à s'attaquer au Québec tout entier? De plus, les groupes du RIQc ne constituent pas «une coalition arabo-musulmane», comme l'affirme M. Baillargeon. Il s'agit d'un large parapluie de groupes communautaires, d'organisations et d'individus divers de la société civile qui travaillent sur le terrain et qui font partie par ailleurs du Québec.
Enfin, plusieurs éléments dans cet article laissent perplexes. M. Baillargeon mentionne le fait que «deux des quatre porte-parole portaient le hidjab» sans expliquer ce que cela implique et pourquoi c'était nécessaire ou pertinent pour les fins de l'article. D'autant plus que le fait que l'intervenante porte le hidjab a semblé plus important à préciser que de citer correctement son nom (Carmen Chouinard et non Bouchard)! À cela s'ajoute un ton partial voire sarcastique, donnant un sentiment global que ce regroupement était agressif («accuse», «attaque», «a-t-elle tranché»), le journaliste ne cachant pas le fond de sa pensée: «Les couteaux critiques volaient d'ailleurs très bas hier.»
Cette couverture médiatique de la part du Devoir est plus que décevante. En réalité, Rejetons l'Intolérance au Québec souhaitait faire entendre sa voix pour dénoncer la surenchère et les amalgames qui se développent dans les médias, les manipulations politiques et les discours racistes entourant le débat sur les accommodements raisonnables.
Contrairement à la polémique que suscite cet article, le but de la conférence de presse était d'insister sur le fait que les débats dans la commission Bouchard-Taylor détournent l'attention des réels problèmes que vivent les immigrants, comme la pauvreté, l'intégration au marché du travail, la discrimination ou l'exclusion.
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May Haydar, Représentante de l'association Al-Hidaya et membre du réseau RIQc
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Réplique de Stéphane Baillargeon
Je m'excuse d'avoir mal nommé Mme Chouinard.
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