Un marathon électoral de 79 jours

La campagne sera déclenchée dimanche, selon plusieurs sources

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De quoi dégoûter même les fédéralistes de la politique fédérale






Elle s’annonçait décisive. Ce sera aussi la plus longue et la plus coûteuse de l’histoire du pays. Déterminé à l’emporter face à ses adversaires malgré la fatigue apparente de son gouvernement, Stephen Harper provoquera dimanche des élections comme le Canada n’en a jamais vu.


 

Le 2 août, le premier ministre rendra visite au gouverneur général David Johnston, ont confirmé au Devoir des sources au gouvernement. Le premier ministre lui-même a indiqué mercredi que le scrutin aurait lieu le 19 octobre, ce qui signifie que la campagne électorale s’échelonnera sur… 79 jours. Un record, la campagne la plus longue jusqu’à maintenant ayant duré 74 jours en 1926. Depuis un quart de siècle, la norme s’établit à 37 jours.


 

Une fois les formalités vice-royales remplies, M. Harper ne perdra pas un instant. La caravane conservatrice démarrera dès dimanche avec un grand rassemblement à Montréal. Puis elle se rendra à Toronto, pour une autre manifestation haute en couleur. Quelques jours plus tard se tiendra le tout premier débat des chefs entre M. Harper, le leader du NPD Thomas Mulcair et Justin Trudeau, du Parti libéral, présenté par le magazine Maclean’s.


 

Coffres pleins à craquer


 

On s’attend à ce que la durée exceptionnelle de la campagne bénéficie avant tout aux conservateurs, qui, à défaut de pouvoir compter sur l’enthousiasme débordant de l’électorat, disposent de coffres pleins à craquer, ce qui n’est pas nécessairement le cas de leurs adversaires.


 

D’importants changements apportés à la Loi électorale récemment jouent également en faveur de M. Harper. Jusqu’en 2014, la limite des dépenses permises était de 25 millions, peu importe la durée de la campagne. Les partis peuvent désormais dépenser 675 000 $ de plus par jour à partir du 37e jour de celle-ci. Chaque candidat peut aussi dépenser 2700 $ de plus par jour à partir de cette date, qui s’ajoutent aux 100 000 $ habituellement permis.


 

Or, comme en faisait état Le Devoir la semaine dernière, seuls sept des 54 députés du NPD au Québec disposaient de plus de 30 000 $ dans leur caisse de campagne au 31 décembre dernier, selon des données d’Élections Canada. Rien n’indique qu’ils ont été en mesure de renverser cette tendance. Les libéraux font à peine mieux.


 

Modeste début pour l’opposition


 

Au NPD, on suggère que le parti n’ouvrira pas les vannes dès les premières semaines. « Il faut s’attendre à une campagne marathon, indique une source dans l’organisation électorale. On ne va pas déballer toutes nos promesses en plein milieu de l’été. Il ne faut pas brûler le monde — les bénévoles, le chef — avant d’arriver au moment où la population sera vraiment à l’écoute, en septembre. » Le NPD risque donc de « faire rouler des autobus en zones urbaines » plus que de parcourir le pays d’un océan à l’autre dans les premiers jours de la campagne.


 

Le Parti libéral du Canada optera pour la même approche. Justin Trudeau lui-même le répète, en plein été, les Canadiens ont la tête ailleurs. Les premières semaines de la campagne pourraient être centrées autour d’activités locales ou régionales.


 

Au Bloc québécois, le porte-parole Mathieu Saint-Amand soutient que le déclenchement hâtif du scrutin change peu de choses pour la formation. « Même si nous n’avons pas nos 78 candidats au tout début de la campagne, ils seront nommés au cours des semaines qui suivent. Nous allons avoir des candidats dans chacune des 78 circonscriptions du Québec. »


 

Attendu depuis des semaines


 

L’annonce du déclenchement des élections se trame depuis des semaines, les annonces gouvernementales se succédant à un rythme effarant, au beau milieu de l’été, comme pour la Prestation universelle pour la garde d’enfants (PUGE). Si on s’attendait à ce que la tenue d’élections à date fixe ait pour effet de rendre plus serein le débat politique canadien, cette mesure a plutôt mené les partis à faire campagne bien avant le début formel des hostilités.


 

« Des discours, des communiqués de presse et des annonces sont préparés à vitesse grand V par les fonctionnaires pour satisfaire les exigences du Bureau du premier ministre, pour des projets qui ne sont pas terminés ou qui, à l’inverse, attendent d’être annoncés depuis des mois. Les ministres et les députés conservateurs multiplient les bonnes nouvelles depuis des semaines », souligne une source au sein de l’administration publique. À Québec aussi, les conservateurs « mettent beaucoup de pression » pour procéder à des annonces en matière d’infrastructures notamment, confie-t-on. De la « poudre aux yeux » pour impressionner l’électorat québécois. Ottawa, Québec et la Ville de Montréal doivent justement effectuer l’une de ces annonces ce jeudi, avec comme prétexte le 150e anniversaire de la Confédération et le 375e anniversaire de Montréal.


 

Toutes ces annonces ne parviendront toutefois pas à faire oublier le scandale des dépenses du Sénat et les menaces de récession qui plombent sérieusement le bilan conservateur.


 

Les dernières élections fédérales s’étaient tenues le 2 mai 2011. Le Parti conservateur avait raflé 167 sièges, formant ainsi un gouvernement majoritaire. L’équipe de Stephen Harper compte aujourd’hui 159 élus, contre 95 pour l’opposition officielle et 36 pour les libéraux. Le Parti vert, le Bloc québécois et Forces et Démocratie comptent chacun deux députés.







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