Un héritage lourd à porter

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Tout le monde se fout éperdument de l'écologie : c'est une simple question d'image politique


Si le chef conservateur Andrew Scheer cherche à rompre avec le lourd héritage climatique de Stephen Harper, le plan vert qu’il a présenté hier est un début très modeste.


Les attentes étaient grandes. Les conservateurs ont fait durer le suspense pendant plus d’un an. Ils ont finalement présenté hier en grande pompe leur « Vrai plan pour protéger l’environnement ».


Ce plan contient quelques mesures qui seront populaires, comme un crédit d’impôt pour les rénovations.


Il promet aussi d’atteindre les cibles de réduction des GES de l’Accord de Paris. Mais le document de 60 pages ne contient aucun détail sur la marche à suivre pour y arriver.


Les mesures pour réduire la pollution ne sont par exemple pas chiffrées. C’est-à-dire qu’on ne sait pas dans quelle mesure telle ou telle initiative réduira les émissions de GES.


Comment donc savoir si, mises ensemble, elles permettront au Canada d’atteindre ces cibles ? Mystère.


En coulisses, on explique que le parti est dans l’opposition, et non au gouvernement. Ce qui signifie qu’il n’a pas les ressources ou les moyens de produire une analyse plus fine.


Le résultat est un document riche en photos, plus politique qu’environnemental.


Industrie pétrolière


Sans surprise, le plan conservateur a été taillé en pièces par les groupes écologistes et leurs adversaires politiques. Plusieurs considèrent même qu’il a été télécommandé par l’industrie pétrolière.


Certains aspects du plan ressemblent effectivement curieusement aux demandes de cette industrie.


C’est le cas notamment de la proposition d’instaurer un plafond d’émissions au-delà duquel les gros pollueurs devront investir dans les technologies vertes.


D’une part, le plan ne précise pas les montants qui devront être versés en contrepartie pour l’innovation. D’autre part, une entreprise pourrait décider d’injecter ces fonds... au sein même de l’entreprise. Comme incitatif à moins polluer, on connaît mieux.


Reste à voir si la troupe d’Andrew Scheer saura rassurer avec ce plan les électeurs pour qui l’environnement n’est pas nécessairement la priorité la plus élevée.


Lourd héritage


En guise d’introduction, le parti dit reconnaître « que les changements climatiques sont bien réels ». Encore aujourd’hui, le mouvement conservateur n’a pas une relation facile avec cette notion.


De longs passages du document s’attaquent à la taxe carbone, pierre d’assise du plan climatique du gouvernement Trudeau.


On soutient que cette taxe « rend la vie plus difficile et moins abordable pour les Canadiens ».


De nombreux experts mondiaux considèrent que la tarification du carbone, une application du principe du pollueur-payeur, est un outil efficace pour réduire les émissions de CO2.


Même s’il est en tête dans les sondages, Andrew Scheer peine à sortir de l’anonymat à l’aube des élections fédérales d’octobre. Présenter un plan environnemental était pour lui un passage obligé. À savoir si ce plan est crédible, ce sera aux électeurs d’en juger.


Les conservateurs traînent le lourd héritage d’inaction climatique de Stephen Harper. Pour rompre avec ce passé, ce « Vrai plan pour protéger notre environnement » est un début. Mais il ne peut pas être la fin.


Ce que contient le plan