Le haut gradé de la police de Montréal blanchi après des allégations de mensonge envers un juge fait l’objet d’une nouvelle enquête criminelle, cette fois pour entrave à la justice.
Notre Bureau d’enquête a appris que l’inspecteur-chef Costa Labos, du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), est encore dans la mire de la Sûreté du Québec (SQ).
La SQ a même rencontré ce mercredi un témoin important, l’ex-policier du SPVM Mario Lambert.
La rencontre est survenue à la demande de Me Sarah Tridi, du Directeur des poursuites criminelles et pénales. Mario Lambert aurait enregistré une longue déclaration vidéo en compagnie de son avocate.
Lambert est ce policier qui a été accusé, puis blanchi par la Cour supérieure d’avoir utilisé illégalement les ordinateurs du SPVM pour consulter le Centre de renseignement policier du Québec (CRPQ).
La SQ tente de déterminer si, dans le cadre de cette enquête, l’inspecteur-chef Labos a empêché les sergents-détectives Jean-François Lange et Yvan Fortier de rencontrer une source détenant des informations qui auraient permis de disculper leur collègue Lambert.
Enregistré à son insu
Ce que Costa Labos ignorait, c’est qu’il avait été enregistré à son insu par les employés.
Le 21 juin dernier, notre Bureau d’enquête avait mis au jour ces enregistrements. On pouvait y entendre l’un de ces enquêteurs dire à son supérieur:
«Oublie que je suis une police, oublie que je suis n'importe quoi, là, il nous parle assis, puis il innocente quelqu'un que je veux accuser. Moi, je suis obligé, selon la loi, de prendre en note et de rapporter les faits.»
Le directeur du Service de police de la ville de Montréal (SPVM), Philippe Pichet
Photo d'archives Ben Pelosse
L’enquêteur de la SQ François Berger, responsable de la nouvelle enquête qui vise Costa Labos, devrait rencontrer plusieurs autres témoins au cours des prochains jours.
Mario Lambert et son avocate refusent d’accorder une entrevue à ce sujet, sans toutefois nier qu’ils ont rencontré les policiers.
La Sûreté du Québec, de son côté, se refuse à tout commentaire. «On ne parle jamais publiquement d’une enquête en cours», affirme le capitaine Guy Lapointe.
Le 23 septembre dernier, le directeur du SPVM, Philippe Pichet, avait soulevé plusieurs questions dans les milieux policiers et judiciaires en annonçant lui-même les conclusions d’une première enquête criminelle concernant son controversé inspecteur-chef.
«La conclusion est claire, simple et sans équivoque: il n’y aura pas d’accusation criminelle contre Costa Labos» avait-il déclaré.
Le directeur avait ajouté que le poste de chef des affaires internes qu’occupait M. Labos est souvent impopulaire, puisqu'il implique d’enquêter sur les policiers.
Philippe Pichet avait néanmoins déplacé Costa Labos un mois plus tard dans des fonctions beaucoup moins prestigieuses de responsable de la centrale téléphonique 911.
L’inspecteur a fait parler de lui en 2016
20 juin
Notre Bureau d’enquête révèle que l’inspecteur-chef Costa Labos est visé par une enquête criminelle. Il est soupçonné d’avoir menti afin d’obtenir un mandat de perquisition chez le policier Roger Larivière.
24 juin
La Fraternité des policiers de Montréal réclame l’intervention du ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux, dans le dossier.
23 septembre
Le directeur du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Philippe Pichet, annonce qu’aucune accusation criminelle ne sera déposée contre Costa Labos.
20 octobre
Costa Labos est muté à un autre poste par la police de Montréal. Il supervisera la centrale téléphonique 911.
31 octobre
Le quotidien La Presse révèle que le SPVM a placé sous surveillance le cellulaire de son chroniqueur Patrick Lagacé, et que c’est Costa Labos qui a donné le feu vert à cette opération.
– Avec la collaboration de Andrea Valeria
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