La manipulation des "cerveaux" par les médias

Un discours qui manque de nuance

Tribune libre

Depuis les quelque deux ans et demi, à savoir janvier 2011, que je participe activement à la tribune libre de Vigile, il est un discours qui m’a toujours laissé perplexe : la « soi-disant » manipulation des cerveaux [dont le mien] par les médias. Encore récemment, concernant ce qu’il est convenu d’appeler, depuis l’avènement du gouvernement Marois au pouvoir, les « reculs du PQ » devant leurs promesses en campagne électorale, on m’a servi le même discours :
« Il faut reconnaître une chose cependant, c'est que les médias sont drôlement habiles pour en arriver ainsi à jouer dans le cerveau des gens et à s'en faire des alliés fidèles pour relayer leurs messages destructifs et divisifs. Même des gens ayant un bon bagage académique et une longue expérience de la vie se prêtent promptement à ce triste jeu. »
Pourtant, dans ce cas précis, la référence dont je me suis servi pour prouver mon argumentaire provenait des projections du ministère des Ressources naturelles, une source fiable et objective qui n’a rien à voir avec la « manipulation des cerveaux ».
Par ailleurs, sans nommer personne par respect pour les intervenants sur cette tribune, ce sont les mêmes qui, parfois, utilisent allègrement ces mêmes références dans leur argumentaire lorsqu’elles contribuent à prouver leurs assertions.
Bien que conscient de l’influence qu’exercent les médias sur la population et que la plupart d’entre eux appartiennent à des personnages dont on peut deviner leur allégeance politique, il ne faudrait peut-être pas instituer une « chasse aux sorcières » sur tout ce qui est écrit ou dit sur leur contenu.
À titre d’exemple, on peut citer la récente nomination de Pierre Karl Péladeau à la présidence du CA d’Hydro-Québec qui, malgré son emprise sur plusieurs médias, a été louangé par les mêmes personnes qui ont tendance à « dénicher » des complots partout et « en arriver ainsi à jouer dans le cerveau des gens et à s'en faire des alliés fidèles pour relayer leurs messages destructifs et
divisifs ».
En termes clairs, je défie n’importe qui sur cette tribune de m’affirmer qu’il n’a jamais utilisé quelque référence que ce soit dans les médias pour appuyer son argumentaire…et tout cela est parfaitement normal. Si on ne peut plus se fier aux médias pour s’informer, tout en demeurant « lucide », je me demande sincèrement sur quoi on pourra se faire une idée de l’actualité.
La tribune libre de Vigile est une tribune d’opinion qui reçoit les perceptions de Québécois intéressés à la cause indépendantiste de notre État et, en ce sens, même si parfois les références utilisées par leurs intervenants s’avèrent erronées [ce que je serais le premier à admettre] , je continuerai d’utiliser les médias pour alléguer mes opinions tout en demeurant le plus « vigilant » possible.

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Henri Marineau2093 articles

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    10 mai 2013

    Les média peuvent fournir de l'information intéressante.
    Mais au téléjournal, c'est soit de l'information-choc, soi de l'information fade. La nouvelle ne rends pas le monde plus intelligent. Il y a trop de spin. C'est en regroupant les faits, en faisant des liens et en les testant soi-même que l'on peut dégager une vision intelligente qui est indépendante par définition.
    Je ramène un excellent documentaire de la BBC :
    The Century Of The Self

  • Yves Rancourt Répondre

    10 mai 2013

    Monsieur Marineau,
    J'ai beaucoup de respect pour votre contribution à Vigile et à la vie démocratique, mais je crois que vous sous-estimez grandement la capacité qu'ont les médias d'influencer nos choix politiques. Des centaines d'auteurs ont traité de cette question à partir de leurs vécus ou d'exemples concrets. Walter Lipmann a été un précurseur à cet égard au siècle dernier, puis Edward Bernays(le neveu de Freud), puis plus récemment Chomsky, Hervé Kempt dans "L'oligarchie, ça suffit", Ignacio Ramonet qui va jusqu'à parler de la "tyrannie de la communication", Finel et Dupré dans la "Démocratie sous hypnose", Stauber avec "l'industrie du mensonge" et combien d'autres. Chez nous, les Baillargeon, Normand et Stéphane, en parlent beaucoup.
    Vous savez tout aussi bien que moi que le NPD n'aurait jamais fait élire autant de députés chez nous sans l'apport des médias qui, un jour, ont décidé de commencer à nous parler en bien du "bon Jack" et de le projeter sur les meilleures tribunes, avec sa canne et tout le reste. Il était pourtant presqu'inconnu des Québécois quelques semaines plus tôt, les sondages le montrent très bien. Autant les médias peuvent rapidement propulser quelqu'un au sommet, autant ils peuvent en moins de deux en faire tomber un autre en le qualifiant de despote, de malfaisant ou autre. On a des exemples de ça tous les jours, chez nous comme sur la scène internationale. Autre exemple si vous voulez bien: avez-vous déjà vu, vous, Robin Philpot, venir présenter à TLMP ou ailleurs son livre sur le "référendum volé", qui en aurait appris beaucoup aux Québécois sur ce qui s'est réellement passé en 1995, ce que l'on craignait sans doute dans certains milieux? Combien de gens qualifiés ont ainsi été écartés de nos écrans pour ne pas nous permettre d'avoir accès à certaines informations? Presque tous les jours, un esprit le moindrement avisé voit ces omissions et manipulations dans nos bons médias.
    Monsieur Marineau, les médias maîtrisent aujourd'hui plus que jamais l'art de la communication et disposent, entre autres avec les bulletins de nouvelles en continu, d'armes redoutables pour influencer notre façon de voir et le jeu démocratique. Ce n'est pas pour rien que les médias sont contrôlés presqu'à 100% par les oligarques. Je vous suggère un exercice, que j'ai fait moi-même: allez voir, à titre d'exemple, qui contrôle les grands médias en France. Vous comprendrez bien des choses mais surtout que les médias, autant sinon plus que l'argent, c'est le nerf de la guerre dans ce qu'on appelle encore aujourd'hui à tort ou à raison la "démocratie".
    Mes salutations à vous.

  • Éric Lévesque Répondre

    10 mai 2013

    Très bien exprimé M. Marineau, s'il y a pas de médias, comment seront nous informés. En mon humble avis, je pense que ceux qui ont le pouvoir (les particuliers) sont ceux qui désinforme la population, surtout au niveau de l'indépendance et la discrimination aussi de la "gogauche".