Un coup de pouce de la Caisse de dépôt?

CHUM

Denis Lessard - (Québec) Après la France, la Grande-Bretagne et l'Italie, le Québec pourrait recourir à sa caisse de dépôt pour appuyer financièrement le consortium choisi pour construire le CHUM, s'il ne trouve pas le financement nécessaire.
C'est ce qu'a indiqué hier à l'Assemblée nationale, la ministre des Finances, responsable des infrastructures, Monique Jérôme-Forget.
En réponse aux questions de Sylvain Simard, le critique péquiste aux finances publiques, Mme Jérôme-Forget s'est dite «estomaquée» devant les réticences du député Simard. «La France a demandé à la Caisse de dépôt (française), parce qu'il y avait temporairement des problèmes de liquidité. L'Italie a fait la même chose, la Grande-Bretagne l'a fait», a soutenu Mme Jérôme-Forget.

Elle a refusé de répondre aux questions sur le CHUM à son point de presse par la suite. Mais son vis-à-vis, Sylvain Simard, a rabroué la ministre. «On demanderait aux épargnants, aux retraités du Québec d'accepter un niveau de risque que jugent trop élevé les banques et les consortiums. La ministre aurait dû fermer cette hypothèse, elle l'a maintenue ouverte, en a fait l'éloge. C'est scandaleux!» a lancé le député Simard.
Actuellement, un des deux groupes intéressés à construire le CHUM en PPP, les Espagnols Acciona, appuyés par la banque australienne Babcock&Brown, est vacillant. La banque s'est placée sous la protection de la loi sur les faillites. Lundi, le gouvernement n'a pas caché qu'il conservait un «plan B» et qu'il était prêt à assumer une partie du risque financier si les consortiums, en cette période de crise économique, ne parvenaient pas à trouver les fonds nécessaires.
«Avec 40 milliards de pertes à la Caisse, les retraités du Québec n'ont pas à assurer le risque financier du CHUM», a dit M. Simard. Pour lui, c'est au gouvernement, avec «sa capacité d'emprunt normale» qu'il revient de faire le financement du CHUM, «en mode conventionnel».
En Chambre, la ministre a ironisé au sujet de M. Simard qui, alors au Trésor, avait créé un «bureau des PPP» pour évaluer le prolongement de la 25 avec un pont à péage. M. Simard était réticent aux PPP, mais son successeur, Joseph Facal, «était, lui, un homme capable de regarder les nouvelles façons de faire».
Déclarations controversées
Le ministre de la Santé, Yves Bolduc, a dû expliquer qu'on ne pouvait pas fixer «au dollar près» les coûts de construction du CHUM qui ne sera terminé qu'en 2018. Toutefois, il ajoute qu'en 2013, c'est 80% du projet qui sera terminé. Pour le critique péquiste Bernard Drainville, il est injustifiable qu'entre 2005 et 2009, le coût du projet ait doublé, passant de 1,1 à 2,5 milliards. Les coûts d'inflation, évalués à 154 millions il y a tout juste un an, atteignent désormais 650 millions.
Les déclarations du président de l'Agence des PPP, Pierre Lefebvre, lui ont valu une volée de bois vert hier. M. Lefebvre, a soutenu en entrevue à La Presse que les Québécois n'avaient pas construit d'hôpital universitaire depuis très longtemps pour expliquer le recours aux partenariats public-privé. Il avait écarté d'un revers de main les objections du président de l'Ordre des architectes «qui fait surtout des projets de maisons unifamiliales à Boisbriand, et qui tente d'influencer un processus de plusieurs milliards de dollars!»
En Chambre, Mme Jérôme-Forget a souligné «les grandes qualités et le professionnalisme» de M. Lefebvre, déjà à la barre de projets comme le prolongement de la 25 en PPP. «Il était justement très mécontent de cette citation, il en est peiné parce qu'il ne croit pas que les architectes du Québec tombent dans cette ornière», a-t-elle soutenu.
Devant ces propos, Gaétan Barette, président des médecins spécialistes, n'a pu se contenir. «Ce que M. Lefebvre dit, c'est qu'au Québec, on est trop niaiseux pour faire un tel hôpital... Que c'est trop compliqué. On n'a pas besoin d'un petit boss de bécosses pour donner le contrat à des intérêts étrangers qui feront sortir l'argent du Québec», a-t-il lancé.
Une construction d'hôpital «n'a rien de si compliqué, on doit prévoir plus de conduits dans les murs», mais le Québec dispose de toutes les compétences nécessaires, a-t-il insisté.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé