Un climat pourri

JJC, quand le cervo-jell-O se liquéfie...



Devant les proportions que prend l’affrontement qui oppose les étudiants du Québec au gouvernement Charest, alors que les suggestions de règlement venant de gens sérieux et respectés n’ont même pas été reçues et étudiées avec attention, quand l’opinion générale reconnaît le fait que nous sommes dans une impasse qui sera probablement historique, ne devrions-nous pas, en plus de réfléchir aux gestes qu’il faut poser dans l’immédiat, nous interroger sur ce qu’il faudrait faire pour que ça ne se reproduise jamais ?
Certains avancent qu’il faut exiger de nos représentants que les élections aient lieu à date fixe et que cette décision ne soit plus laissée à une seule personne, le premier ministre, qui peut user de ce privilège puissant selon son bon vouloir. Ce serait déjà un progrès dans l’exercice de la démocratie qui a tendance à diminuer comme peau de chagrin chaque fois qu’un parti politique s’attend à subir les foudres d’un vote que les citoyens finissent par voir comme leur seule arme contre les abus des autorités.
Les Américains disposent eux, d’une procédure d’empeachement, qui leur permet de démettre un président de ses fonctions dans certaines circonstances parfois liées à son état mental ou à ses comportements douteux en matière d’éthique par exemple. Ne devrions-nous pas mandater un petit comité chargé de nous expliquer le fonctionnement d’un tel système et la possibilité de l’appliquer chez nous quand la situation nous conduit à douter des capacités d’un individu à remplir ses fonctions avec lucidité et discernement ?
Dans des cas encore plus graves, ne faudrait-il pas exiger qu’un premier ministre se soumette à un examen médical tous les deux ans par exemple, permettant d’évaluer non seulement son état physique, mais aussi son état mental ? Je ne suis pas une spécialiste en la matière, mais j’ai, depuis longtemps, le sentiment que le pouvoir, à trop fortes doses, peut rendre fou. Les exemples ne manquent pas dans l’histoire à travers les siècles. Si des psys de tous ordres peuvent déterminer si un accusé est sain d’esprit ou non, ne faudrait-il pas s’assurer qu’un élu qui déraille sait encore ce qu’il fait ? L’entêtement farouche et obstiné, le désir d’humilier ses adversaires, la forte tendance à souligner les défauts des autres à larges traits sans jamais voir les siens propres, est-ce un signe d’un caractère bien trempé ou de dérapages incontrôlés ?
On nous dit que les étudiants en grève sont de dangereux individus remplis de violence et que tous les moyens sont bons pour les écraser. Je pense plutôt que les jeunes qui sont dans la rue sont nos enfants et les citoyens de demain. Ils ont des responsabilités et ils n’ont pas tous la vie aussi facile qu’on le prétend. Ils ont surtout des objectifs, et quand ils réclament un monde différent et meilleur que celui que nous leur avons proposé, ils ont le souci de penser aux autres et pas seulement à eux, ce qui est déjà un bon point en leur faveur.
Il y a des casseurs parmi eux ? Ce sont de petits groupes. Il y en a toujours eu dans toutes les générations d’étudiants. Quand j’étais en politique, c’était des marxistes léninistes. Le chahut qu’ils faisaient dans une réunion politique… Puis ils ont grandi. Ils ont fait des enfants et ils militent maintenant en partie à Québec solidaire, mais aussi à la CAQ ou au PQ. Je pense qu’il y en a même au Parti libéral. Ainsi va la vie.
Ce qu’on fait subir aux étudiants en grève en ce moment va en faire des citoyens très diversifiés. Actuellement, ils aiment défier la police, tester leurs forces. Ça n’empêchera pas certains d’entre eux de se retrouver un jour membres de la Chambre de commerce, où ils raconteront en riant le jour où ils ont perturbé le grand show Charest sur le Plan Nord, la fois où le premier ministre a ri d’eux et qu’il a refusé de s’excuser par la suite. D’autres seront dans les rangs des associations de médecins ou d’avocats comme membres à part entière. D’autres seront devenus professeurs d’université ou même recteurs. Il faudra juste qu’ils se souviennent que ce n’est pas le moment pour un recteur de partir en voyage au Brésil quand son université est à feu et à sang.
En 2032, Gabriel aura été nommé juge de la prochaine Commission d’enquête sur le crime organisé, la commission Nadeau-Dubois, sur laquelle reposeront tous nos espoirs pour faire, enfin, le grand ménage. Martine sera devenue ministre de l’Éducation. Elle aura la réputation d’être une ministre courageuse et elle aura entrepris, dès son élection, la réorganisation complète du ministère qui est reconnu comme « un vieux fromage » où personne n’a plus aucune idée de ce qui se passe ailleurs dans le monde de l’éducation. Léo aura déjà publié six romans qui auront connu un grand succès international. Il voyage beaucoup, car il est très demandé sur les campus un peu partout dans le monde. Les trois se voient une fois par année. Toujours en avril, à Montréal. Parce que c’est là que tout a commencé pour eux.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé

-->