Un bien triste spectacle

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Pitoyable Legault






En quittant la CAQ pour siéger comme députée indépendante, Sylvie Roy braque les projecteurs sur un parti à l’avenir incertain et au leadership à l’avenant. La décision de François Legault d’envoyer son député François Bonnardel au front pour accuser Mme Roy de «problèmes de comportement» était pitoyable.





Le chef caquiste l’a aussi dite victime d’un énigmatique «drame humain». Un de ses conseillers en communications s’est même permis de lui prêter «des problèmes de consommation d’alcool».




Ces pointes lancées sur Twitter à une députée réélue depuis 2003, avocate, politicienne de terrain et de dossiers complexes, décrochent les mâchoires.








Croyait-on à la CAQ qu’en attaquant Mme Roy sur le plan personnel, on occulterait d’un trait tous ces autres départs








Cette tactique détestable du dénigrement personnel n’a cependant rien de nouveau – tous partis confondus. Lors du débat sur la «charte des valeurs», la libérale Fatima Houda-Pepin et la bloquiste Maria Mourani avaient eu droit au même traitement. Lancées par médias interposés, les flèches venaient cette fois-là de sources «anonymes» au sein de leurs propres partis.




On les disait amères, incapables de fonctionner en équipe et impossibles à «contrôler» sans l’intervention de leur «mari». Quand une élue ose un désaccord public avec son chef, le sexisme primaire refait surface trop souvent.




Reprendre sa liberté




Sylvie Roy disait hier vouloir quitter la CAQ pour reprendre sa liberté d’expression et le contrôle de son agenda. Coincé, François Legault jurait ensuite regretter la «tournure publique des événements» en l’assurant même de son «amitié».






François Legault







Sylvie Roy




Photo Le Journal de Québec, Simon Clark







C’est pourtant son équipe qui, en s’en prenant à la réputation de Mme Roy, a mis le tout sur la place publique. Qu’elle accepte maintenant d’enterrer la hache de guerre n’efface en rien ce bien triste spectacle.




Or, qu’il y ait ou non de vrais problèmes «personnels», dans ce cas-ci ou dans d’autres, la tactique du dénigrement public vise avant tout un seul but: camoufler des différends politiques.




Malgré son travail méticuleux comme porte-parole en matière de sécurité publique, rappelons que Sylvie Roy s’est vue écartée du dossier après l’arrivée à la CAQ de Jacques Duchesneau en 2012.




Et où est passé le candidat vedette de M. Legault? Parti. Parti comme Gérard Deltell, Christian Dubé, Hélène Daneault et plusieurs membres du personnel politique de la Coalition avenir Québec.




Cassandre




Croyait-on à la CAQ qu’en attaquant Mme Roy sur le plan personnel, on occulterait d’un trait tous ces autres départs? Lorsqu’elle parle de la «greffe» qui n’a pas pris entre elle et M. Legault, n’est-ce pas plutôt celle de l’ADQ et de la CAQ dont il faudrait parler?




L’ex-chef de l’ADQ Mario Dumont soulignait hier l’«immense flair politique» de Sylvie Roy. Ce qu’elle voit venir crève en fait déjà les yeux.




Avec une austérité aux allures caquistes, le retour de la polarisation souverainiste-fédéraliste et les tirs de plus en plus fournis entre Philippe Couillard et Pierre Karl Péladeau, la CAQ ne risque-t-elle pas l’obsolescence d’ici l’élection de 2018?




S’en prendre à une députée qui, malgré de nombreuses tempêtes sous Mario Dumont puis sous François Legault, avait tenu le coup n’aidera pas la cause caquiste.



 




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