UdeM: un accueil poli, mais froid pour Barrette

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Froid ? Plûtôt franchement hostile !

Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, a passé près de quatre heures à discuter, hier matin, avec les étudiants en médecine de l'Université de Montréal afin de leur présenter «tous les angles» de ses projets de réforme du réseau de la santé. Devant une foule polie, mais hostile, le ministre a pris le temps de répondre aux nombreuses questions et critiques des étudiants. L'opération se déroulera à nouveau aujourd'hui à l'Université McGill, et un peu plus tard cet automne à Sherbrooke et à Québec.
D'entrée de jeu, le ministre Barrette a expliqué que l'objectif de sa conférence, intitulée «Médecine familiale: faits, rationnelle et perspectives pour les prochaines années», était de présenter ses projets de réforme «sans biais». Critiquant le travail de certains journalistes qu'il accuse d'orienter leurs articles, le ministre a d'abord voulu faire comprendre aux étudiants la «réalité économique» du Québec.
«Même si vous manifestez dans les rues, la réalité, c'est qu'il n'y en a pas plus, d'argent. [...] La chose économique ne doit pas être rejetée du revers de la main», a-t-il dit. «J'ai voulu faire comprendre aux étudiants de médecine qu'il y a une réalité économique et sociale au Québec et qu'ils doivent participer à la gestion du système», a expliqué M. Barrette après sa conférence.
Ambiance tendue
Une quarantaine d'étudiants et de médecins ont défilé au micro pour questionner et critiquer le ministre. Certains lui ont reproché son ton «paternaliste» et son manque d'écoute. Les réponses du ministre ont parfois soulevé les soupirs de la foule. Un médecin de famille est même sorti de la salle en claquant la porte après avoir annoncé qu'il partait pour l'Ontario. Malgré tout, le ministre a prolongé de près d'une heure la séance pour répondre à tous les participants. Le ministre Barrette dit avoir apprécié l'exercice. «Je m'attendais à plus d'agressivité. Ç'a été collégial. J'espère avoir réussi à laisser une trace», a-t-il dit après la rencontre.
Parmi les critiques formulées par les étudiants, plusieurs ont déploré que le projet de loi 20 ne s'attarde qu'à la quantité de soins offerts aux patients, mais pas à leur qualité. Le ministre a mentionné que la qualité des soins sera étudiée par la suite, mais que la population souhaite tout d'abord avoir plus d'accès.
Pour le ministre Barrette, le manque d'accès aux médecins de famille au Québec n'est «pas normal». Il a répété que de 2005 à 2012, le nombre d'omnipraticiens a augmenté de 13% alors que le nombre de visites a chuté de près de 17%. «Il y a une baisse de la productivité individuelle», a-t-il dit. Refusant d'accuser les médecins de famille de paresse, il a expliqué que ceux-ci «préfèrent mettre leurs énergies ailleurs que dans le travail».
«C'est correct, mais il faut équilibrer ce que les médecins de famille veulent comme qualité de vie et les services à la population.» Une étudiante a répliqué que «la qualité de vie, on la veut. Mais ça ne veut pas dire qu'on ne veut pas travailler».
Une critique a particulièrement touché le ministre de la Santé. Une omnipraticienne de Laval a souligné que si les médecins devaient faire plus et mieux, une campagne devrait aussi être menée pour inviter les patients à être mieux préparés quand ils se rendent à leurs rendez-vous médicaux, notamment en apportant la liste complète de leurs médicaments. Le ministre estime qu'en effet, il y aura du travail à faire de ce côté.
Une initiative critiquée
Le président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ), le Dr Louis Godin, n'était pas présent à la conférence du ministre, hier. Il juge néanmoins que la tournée du ministre auprès des étudiants est «malheureuse». «On présente toujours le même discours basé sur de fausses prémisses et une seule vision de la situation. Nous venons en plus de conclure une entente qui prévoit que le projet de loi 20, qui est un mauvais projet de loi, ne soit pas appliqué. Que le ministre aille tout de même en faire la promotion devant les étudiants, je trouve ça malheureux», dit-il.
Par ailleurs, l'Association des psychologues du Québec a annoncé qu'elle boycottera les stages de 2016-2017 des étudiants si le gouvernement persiste «à ne pas reconnaître le travail des psychologues du secteur public à sa juste valeur». Depuis le 1er avril, les psychologues du réseau public ont vu leur salaire amputé de 10%. Si rien ne bouge, les psychologues du réseau ne superviseront pas les stages de l'hiver prochain. C'est donc dire que la sélection des candidats au stage, qui devrait se faire cet automne, sera annulée.


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