(QUÉBEC) Accrochage en vue à Québec. Le ministre des Transports, Jacques Daoust et le cabinet de Philippe Couillard ne s'entendent pas sur la façon de régler le dossier délicat d'UberX, a appris La Presse.
La solution prônée par le ministre Daoust, imposer de lourdes redevances aux chauffeurs équivalant au poids financier d'un permis, ne font pas l'affaire de Philippe Couillard. Cette solution empêcherait dans les faits les chauffeurs occasionnels de prendre des passagers ; or le gouvernement souhaite qu'on laisse cette possibilité « ouverte ».
Et comme la proposition du ministre Daoust ne remporte pas l'adhésion, l'échéance de la fin mars qu'il s'était lui-même fixée pour le dépôt d'un projet de loi est, à l'évidence, caduque. Le projet n'a même pas été abordé au comité ministériel sur la législation, et plusieurs semaines s'écouleront encore avant un dépôt à l'Assemblée nationale.
En début de semaine, le ministre Daoust a fait une présentation au comité des priorités, sans obtenir de feu vert pour sa stratégie. Inversement, il est apparu clairement que le ministre Daoust n'accepterait pas de reculer sur les positions très fermes adoptées publiquement lors de la commission parlementaire du début du mois.
Dans un premier temps M. Daoust avait suggéré que Québec rachète quelques centaines des permis actuellement entre les mains des chauffeurs, une facture importante. Par la suite, il a proposé que l'on demande aux chauffeurs d'Uber de payer une redevance qui les aurait mis sur le même pied que leurs collègues qui ont à supporter le financement d'un permis. Plus récemment il aurait évoqué, privément, la possibilité pour les chauffeurs occasionnels d'acheter « des blocs d'heures », des permis très limités dans le temps et par conséquent moins coûteux.
Dans le passé, le premier ministre Couillard a déjà dit publiquement qu'il serait impossible de stopper complètement cette manifestation de l'économie de partage. Uber est arrivé sur le marché avec une nouvelle application technologique qui ne pourra être rayée de la carte, avait indiqué le chef du gouvernement début février. « Historiquement, tout mouvement qui a cherché à arrêter un développement technologique a échoué », avait même prédit M. Couillard. Encore maintenant, pour le cabinet du premier ministre, la solution devra permettre « qu'il soit possible qu'UberX fonctionne » a-t-on appris.
Car on craint qu'en dépit d'une loi restrictive, les chauffeurs d'UberX continuent de toute façon leur activité, qu'il soit impossible de stopper complètement ces opérations, à moins de déclencher une vaste opération policière. Or une telle intervention est hors de question, et le gouvernement sortirait amoché d'une telle confrontation.
En revanche, permettre ces chauffeurs sans autorisation fait fondre la valeur des permis dûment payés par les autres chauffeurs. La communauté haïtienne de Montréal est venue faire valoir qu'elle avait injecté 350 millions de dollars dans l'achat de tels permis.
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