par Brahim Fathallah, mardi 8 février 2011
J'ai horreur de la pusillanimité et des analyses à courte-vue.
Sauf si l'on croit que ce mouvement social qu'aucune structure traditionnelle n'a auparavant encadré ni suscité, parti de tous les coins de Tunisie ex-nihilo, pour aboutir à la chute du Régime de Ben Ali, ne serait pas une Révolution, force est de constater qu'au point où nous en sommes, elle laisse un goût de frustration, voire d'inachevé.
Le gouvernement par intérim qui s'en est emparée s'est montré d'une grande pusillanimité, de maladresses, voire d'incompétence.
J'en veux pour preuve son attachement -comme à une planche de salut- au texte de la Constitution et aux institutions issues de cet assemblage de lois scélérates, faites sur mesure pour Bourguiba et pour son succédané, le Grand Usurpateur qu'était le Général Ben Ali.
Une dynamique révolutionnaire
Eh! Quoi? Une Révolution a sa dynamique. C'est à dire qu'elle vient balayer l'ordre établi contre lequel elle s'est érigée. Cela veut dire en clair qu'elle n'a cure de cette Constitution et des règles qu'elle édicte.
Elle est là pour confier à un Gouvernement qui en est l'émanation de préserver la République qu'elle fonde à son image. Car si le Gouvernement Constitutionnel conserve la République, le Gouvernement Révolutionnaire la fonde.
J'insiste sur ce point. On ne prend pas les institutions non crédibles d'un régime mafieux et corrompu pour asseoir les bases d'une Révolution.
L'on sait que cette Chambre des Députés a de tout temps été une Chambre d'Enregistrement, un ramassis de Béni oui-oui installés par Ben Ali et Consorts et qui ne faisaient rien d'autres que figurer pour mieux grever les charges du contribuable.
Ben Ali était encore là lorsque j'appelais nos députés à bouger, alors que sa flicaille canardait sans merci nos jeunes insurgés. Personne, aucun d'entre eux, n'avait alors bougé. Quelle honte!
Et que fait notre Premier Ministre par intérim? Il est allé leur demander leur aval pour pouvoir gouverner par Décrets-Lois!
Demander cela à une Assemblée illégitime, c'est pour le moins curieux.
Au lieu de cela, il aurait fallu lire l'histoire. En France, en 1945, au lendemain de la Libération, pour aller plus vite, on a bien gouverné par ordonnances. Il y a des mesures qui n'attendent pas.
Vous allez me dire que des technocrates tunisiens sont arrivés d'Europe en bénévoles pour aider notre économie à se remettre sur pieds.
Fort bien, et personne n'oubliera ce volontarisme des hommes d'affaires tunisiens ex-patriés revenus en ces circonstances difficiles pour aider la patrie à s'en sortir.
Mais la pusillanimité de Mr Ghannouchi, bon technocrate, certes, les a enfermés dans le cadre étriqué de la Constitution et des compétences du Gouvernement Provisoire qu'elle institue.
Une Convention Nationale
L'urgence du rétablissement de la sécurité et de l'Ordre, de la remise en fonctionnement de notre justice et de toutes nos institutions vitales dicte le recours à des lois révolutionnaires à travers une Convention Nationale qui agirait vite et hors le cadre des textes de la Constitution actuelle.
On ne peut pas travailler avec des instruments de l'Ancien Régime. Car les lois Révolutionnaires visent la plus sainte de toutes les lois: le Salut Public.
Et toutes ces hordes qui ont semé la zizanie, pillé, incendié, détruit, tué, qu'on les juge par un Tribunal Révolutionnaire qui donnera l'exemple par des peines appropriées et adéquates.
Si vous avancez avec une idée fixe, le Primat de l'Economique au détriment du rétablissement de la Paix civile et de l'Ordre, nous resterons longtemps dans la Turbulence, et peut être dans l'Inconnu.
En attendant, vous aurez frustré notre Révolution. Et cela l'histoire ne vous le pardonnera jamais.
Brahim Fathallah
Une Chronique du Père Lafronde
TUNISIE: la Révolution frustrée
Lettre ouverte au gouvernement provisoire
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2 commentaires
Archives de Vigile Répondre
9 février 2011De toute façon avec Internet la Révolution mondiale sera permanente car les dictateurs voleurs menteurs et tueurs ne peuvent plus vivre en paix .
Nous devons libérer tous les pays du monde des capitalistes d'extrême droite comme la libération est bien entamée pour ce qui est des totalitaires d'extrême gauche
Vive le centre bien équilibré , le commerce équitable, la simplicité volontaire le bon partage de tout entre tous et la liberté d'expression.
Nosco Répondre
8 février 2011M. Fathallah, les Québécois sont avec vous! Tout comme le nôtre, le combat du peuple tunisien n’est pas terminé. La vigilance sera toujours la meilleure arme. Le combat de la Tunisie diffère de celui du Québec, mais peut aussi lui ressembler. Les branches du réseau mafieux international sont interconnectées. Palerme, Tunis, Montréal, New York…
Pendant que Berlusconi protégeait cette jeune prostituée marocaine en la faisant passer pour la nièce de Moubarak, la famille Trabelsi s’achetait une luxueuse demeure à Montréal et obtenait le droit de résidence permanente. Malheureusement pour les Trabelsi la résidence a passé au feu en 2009. Ils ont tout de même trouvé refuge à Montréal et tout laisse croire que les Trabelsi seraient guidés par leurs amis siciliens.
Les branches Arabes du réseau mafieux sont fortement ébranlées, le nerf de la liberté reprend vigueur, les Québécois doivent agir dans la concorde avec le peuple tunisien. Vous trouverez sur ce texte d’excellentes raisons pour les Québécois d’agir (http://www.vigile.net/Exigeons-l-expulsion-de-la-famille).
Nosco