Trump et Trudeau, mêmes idéaux?

Il existe quelques similitudes entre les promesses républicaines et libérales

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Une (autre) tuile pour Pee-Wee






Elle n’était ministre des Affaires étrangères que depuis deux heures que Chrystia Freeland y allait déjà d’une déclaration surprenante mardi : « Les préoccupations du nouveau gouvernement américain ne sont pas si différentes des préoccupations de notre gouvernement. Pour notre gouvernement, la question la plus importante, c’est la classe moyenne et travailler pour la classe moyenne. Je pense que le président désigné Donald Trump aussi a parlé aux Américains pour qui l’économie n’était pas suffisante. »


 

La nouvelle femme forte du gouvernement Trudeau voulait par ces propos rassurer sur le fait que ses écrits passés dénonçant les ploutocrates ne nuiraient pas à son rôle de point de contact avec le gouvernement Trump, justement rempli d’ultrariches. Mais elle mettait aussi le doigt sur un élément souvent passé sous silence : les quelques similitudes entre le programme de Donald Trump et celui de Justin Trudeau.


 

Infrastructures. Donald Trump a promis de « transformer les infrastructures américaines décrépites en une occasion en or d’accélérer la croissance économique et d’augmenter plus rapidement la productivité ». Son programme parle de créer des « milliers de nouveaux emplois ». Et s’il ne mentionne pas le montant fédéral qu’il entend investir, il promet que le plan sera « sans impact sur le déficit ». M. Trump s’engage aussi à mettre en place des mécanismes favorisant les « partenariats public-privé » afin qu’en 10 ans, 1000 milliards de dollars soient consacrés aux infrastructures.




Photo: Evan Vucci Associated Press
Le président désigné Donald Trump, vendredi à New York

 

Le gouvernement de Justin Trudeau a lui aussi misé sur d’importants investissements en infrastructures pour relancer l’économie et créer des emplois. La promesse s’élevant à 60 milliards sur 10 ans a été rehaussée cet automne à 93 milliards sur 12 ans. Mais, contrairement à la promesse de M. Trump (dont le respect ne sera vérifié que plus tard), ces investissements se font au prix d’importants déficits.


 

De même, Ottawa a annoncé la création d’une Banque de l’infrastructure (BI) qui aura pour mandat de collecter des fonds privés. On dit espérer que les 35 milliards mis à sa disposition permettront d’aller en chercher de quatre à cinq fois plus.


 

Avions de chasse F-35. Au cours de sa première conférence de presse cette semaine, le président désigné Donald Trump n’a pas caché son désagrément. « C’est très, très en retard sur le calendrier et il y a des dépassements de coûts de plusieurs, plusieurs milliards de dollars. Je n’aime pas ça. Nous ferons de grandes choses pour le programme des F-35 et peut-être le programme de F-18. Et nous allons réduire ces coûts. Ce sera bien mieux, et il y aura de la compétition, et ce sera une chose magnifique. »


 

Les libéraux de Justin Trudeau non plus n’aimaient pas les F-35. En campagne électorale, ils avaient promis de mettre cet avion de côté et de lancer un appel d’offres pour remplacer les CF-18 vieillissants. Finalement, les choses semblent plus compliquées. Ils ont annoncé cet automne qu’il leur faudrait cinq ans de plus pour régler le dossier et que, d’ici là, Ottawa se portait acquéreur d’une flotte de 18 avions Super Hornet à un prix non divulgué.


 

Vétérans. Ce fut une des annonces faites par Donald Trump pendant sa conférence de presse cette semaine : la nomination du patron du ministère des Vétérans, David Shulkin. « Il est fantastique. Il est fantastique. Il fera vraiment un bon travail. Une des promesses que j’ai faites est que nous allons redresser toute la situation pour nos vétérans. » Le candidat républicain a promis d’améliorer les programmes de santé mentale des vétérans et de faciliter leur accès aux soins de santé.


 

De ce côté-ci de la frontière aussi, les vétérans ont fait l’objet de promesses. Les libéraux ont promis de rouvrir les neuf centres de services destinés aux anciens combattants fermés par le gouvernement de Stephen Harper. Cette promesse devrait être réalisée d’ici le printemps. M. Trudeau s’est aussi engagé à mettre en oeuvre la totalité des recommandations du vérificateur général contenues dans son rapport accablant sur la prestation de services en santé mentale.


 

Taxation. Donald Trump a promis de réduire les impôts des particuliers de la classe moyenne. Comme Justin Trudeau. Toutefois, au-delà du discours, la logique qui anime le républicain n’est pas celle du libéral. M. Trump a promis de ramener de 15 % à 12 % l’impôt des familles gagnant moins de 75 000 $. Mais il a aussi promis de réduire de sept à trois le nombre de paliers d’imposition (12 %, 25 % et 33 % au lieu des 10 %, 15 %, 25 %, 28 %, 33 %, 35 % et 39,6 % actuels). Son programme fait en sorte que les familles les plus aisées obtiennent elles aussi d’importantes réductions. Celles gagnant entre 152 000 $ et 225 000 $ (chiffres arrondis) passent d’un taux d’imposition de 28 % à 25 % et celles gagnant plus de 413 000 $ voient leur taux passer de 35 % ou 39,6 % à 33 %. La plupart des analystes ont prédit que de telles diminutions entraîneraient d’importants manques à gagner pour le Trésor.


 

Justin Trudeau s’est fait Robin des bois en compensant les baisses d’impôt accordées aux particuliers « de la classe moyenne » par des hausses pour les plus aisés. Ainsi, les revenus compris entre 45 000 $ et 90 000 $ sont imposés à 20,5 % au lieu de 22 %, mais ceux dépassant 200 000 $ le sont désormais à 33 % au lieu de 29 %. La promesse de Justin Trudeau devait être à coût nul, mais elle prive finalement Ottawa de 1,2 milliard par année.


 

Similitudes avec Stephen Harper


 

Au-delà de ces quelques similitudes, le programme du président républicain est aux antipodes de celui de Justin Trudeau. Certes, il propose bien « d’assécher le marécage » de Washington de la même manière que le premier ministre libéral a promis « un gouvernement ouvert et transparent » à Ottawa.


 

Mais c’est oublier que tous les nouveaux gouvernements promettent de faire le ménage. Stephen Harper avait symboliquement déposé, comme premier projet de loi, sa Loi sur la responsabilité. Cette dernière limitait notamment le droit d’anciens agents du gouvernement de faire du lobbying.


 

D’ailleurs, dans son « contrat avec l’électeur américain », M. Trump propose six mesures pour « éradiquer la corruption » dans la capitale. Du lot, on retrouve justement des règles sur le lobbying post-mandat. Il y a aussi une promesse de réduire le nombre de fonctionnaires (ce qu’a fait M. Harper) et une autre stipulant que, pour chaque nouveau règlement, l’Administration devra en abolir deux.


 

Stephen Harper avait pris un engagement similaire. Enfin, on retrouve une promesse de limiter la durée du mandat de tous les membres du Congrès. Stephen Harper avait promis — en vain — que le mandat des sénateurs serait limité à huit ans.


 
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