Trop, c'est trop

Géopolitique — Proche-Orient


Depuis jeudi dernier, le monde entier est en alerte. Pas à cause de la guerre au Liban, qui pourtant a de quoi nous faire trembler, mais à cause d'un plan terroriste visant à faire exploser une dizaine d'avions civils en partance de Londres jusqu'aux USA. Le complot a été déjoué à temps. La guerre du Liban est devenue la deuxième préoccupation du monde entier comme par enchantement.
Comprenez-moi bien. Je ne dis pas qu'il n'y a pas de terroristes. Je ne dis pas qu'il n'y a pas de complot. Mais j'avoue que j'ai de plus en plus de mal à croire tout ce que les autorités me racontent. On m'a si souvent menti que j'entretiens un doute permanent sur ce que les gens de pouvoir me disent. Chaque fois je me demande quelle est la part de vérité et quelle est la part de mensonge dans le message qu'ils livrent sans ménagement.
Il m'arrive même de me demander si je ne suis pas devenue comme ces policiers qui, voulant élucider un crime, commencent par se demander: À qui profite le crime? Ce qui les met, en général, sur la piste des coupables. Moi, je me demande: À qui profite ma peur? Qui a besoin de me manipuler en encourageant la terreur en moi? Qui en profite?
Le pouvoir de la peur
Un documentaire de la BBC de Londres, diffusé par RDI il y a environ deux semaines (et que Radio-Canada devrait rediffuser dans la case de En attendant Ben Laden, ce serait plus utile en ce moment), abordait justement ce sujet: l'utilisation de la peur par les hommes de pouvoir pour augmenter leur emprise sur la population. Une trouvaille que les politiciens développent beaucoup depuis la fin de la guerre 39-45 quand ils ont réalisé que, prises dans la spirale de la peur, les populations étaient plus dociles et plus soumises.
Après la bombe atomique, ils ont inventé la guerre froide. L'URSS, disaient-ils, représentait un immense danger pour notre civilisation et nos libertés. Jusqu'à ce qu'on découvre que l'URSS était pauvre, que ses soldats allaient parfois pieds nus faute d'argent, que c'était un marché économique intéressant pour les grandes puissances et qu'ils avaient du pétrole. La guerre froide s'est arrêtée. Les présidents de la Russie et des USA sont devenus copains-copains. La peur d'une guerre atomique a commencé à diminuer.
Ben Laden entre en scène
Une population qui n'a plus peur a une fâcheuse tendance à demander des comptes à ses gouvernements. Elle réclame vite une meilleure administration qui lui procurerait un sort meilleur. Il fallait donc ressusciter la peur.
Ben Laden est arrivé avec le 11 septembre 2001. Le secrétaire à la défense Rumsfeld a paru a la télévision pour expliquer que Ben Laden avait fait construire des bunkers sous terre, en Afghanistan. Il en a montré les plans détaillés à la télé. Un édifice à plusieurs étages avec salle de contrôle des communications, chambres à coucher, filtres à air. Hautement sophistiqué. Après cinq ans de recherches, alors que chaque caverne de l'Afghanistan a été fouillée, toujours pas de Ben Laden. Et pas de bunker sous terre non plus.
Les USA se sont tournés vers l'Irak. Son sanguinaire dictateur possédait des armes de destruction massive. On en avait la certitude, même si les inspecteurs de l'ONU affirmaient le contraire. M. Rumsfeld montrait, toujours à la télé, qu'elles étaient cachées dans des camions qu'on pouvait déplacer constamment pour les soustraire aux fouilles de l'ONU. On n'a jamais trouvé d'armes de destruction massive en Irak à ce jour.
La liste des mensonges est si longue qu'elle fait peur! Certainement aussi peur que les menaces elles-mêmes. À qui notre peur profite-t-elle? Et jusqu'où va-t-on aller pour que nous vivions dans la peur et la soumission? C'est ça la question.


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