Trop, c'est pas assez pour eux

Tribune libre

Trop, c’est pas assez pour eux
Legault dit que ÇA, ç’a assez duré et qu’il faut que ÇA change. - ÇA, mais quoi?
ÇA, l’emplacement des meubles, la propreté et la couleur des murs du loyer. ÇA fait deux siècles et demi que ÇA dure. ÇA, un pays provincial vivant sous la constitution d’un pays étranger. Mais ÇA, monsieur Legault et sa chambre de commerce jugent que ce n’est pas important: «Ce sont là de vaines chicanes constitutionnelles. Commençons par parler des choses sérieuses. Après, on verra».
Faut-il changer ÇA pour que le Québec devienne libre de son destin? «Non, dit également Charest. L’avenir du Québec, c’est de rester une canadian province.» Et il supplie les Canadians-québécois anglophones d’aller voter en bloc pour lui, s’ils veulent rester des Canadians, et non pas de simples minables Québécois. Lui, ÇA ne le scandalise pas de faire appel au vote ethnique contre son peuple. Imaginez le tollé canadian-fédéraliste si le PQ ou un autre parti québécois-québécois invitait les francophones à voter pour eux, pour le Québec.
«La liberté pour quoi faire?» demandait Staline, «le petit père» des peuples asphyxiés. Comme feu Stéphane Dion, Charest et Legault demandent: «L’indépendance? Qu’osse ÇA nous donnerait de plus, hein?»
«Canadian ou Québécois? leur demande-t-on. Et Charest répond: «Canadian d’abord, avant, pendant et après.» Et Legault: «Pour le moment, ma réponse, c’est OU. Dans dix ans, on verra.»
De leur peuple et de leur pays provincial, ces Messieurs ont une vision de comptable agréé (CA) et de commis de succursale. En éducation, par exemple, Legault croit que le remède est avant tout financier: supprimer les dépenses inutiles en supprimant les commissions scolaires, puis augmenter le salaire des enseignants. Il croit qu’en augmentant le salaire d’un enseignant on améliore automatiquement la qualité de son enseignement! Et il veut évaluer les enseignants. Avec quels critères? Selon le taux de réussite chiffrée de ses élèves? Mais il n’est pas nécessaire d’avoir suivi un cours de théologie, de psychanalyse ou d’anthropologie pour savoir que si tu évalues ton enseignant d’après le taux de réussite de ses élèves, le taux de réussite fera un bond impressionnant, mais le taux des diplômés analphabètes augmentera dans la même proportion. Est-ce que ÇA ne suffit pas déjà comme ÇA, les analphabètes diiplômés?
Et tous deux, ils disent que leur priorité, c’est l’économie. L‘homme, d’après eux, vit d’abord pour manger; et cet omnivore est avant tout un animal économique. Ces économistes font l’économie de leur liberté et de celle d’une majorité silencieuse NON-identifiée dont ils se prétendent les porte-parole. Pendant dix ans, Charest, en plus de son salaire de Premier ministre, a pu économiser chaque année le petit 75,000$ que ses p’tits amis lui versaient en catimini et en supplément. Quoi d’étonnant si sa passion dominante, c’est l’économie? Et c’est tout aussi normal que l’autre millionnaire Legault invite les Québécois à travailler plus fort pour économiser davantage. Ces deux-là sont bien placés pour parler d’économie: ils en rêvent, ils en mangent, ils en vivent. Et bourrés de chiffres, obèses de catégorie A, ils volent bas.
Et la patience me manque pour parler de la fourberie et de la bassesse de Jean Charest: il a une façon basse et fourbe d’aborder les problèmes et les hommes. Faux comme les déclarations d’un ministre des Affaires étrangères israélien. Pour lui, Pauline Marois, c’est le référendum, le chaos social, l’invitation à la violence, la politique de la casserole et de la rue. Rien de plus. Et il répétera cette rengaine mille fois plutôt que deux. Avec Bachand derrière lui qui approuve d’un sourire constipé et Christine St-Pierre, Dutil, Hamad, Gignac qui encensent comme des pions pieux.
Ces deux commis provinciaux «efficaces-pratiques-rentables» chantent: «Mon pays, ce n’est pas un pays: c’est des affaires.» Que pensent Frontenac, Pierre Le Moyne d’Iberville, le Petit Prince, Marie de l’Incarnation, Cyrano, Félix Leclerc et Gaston Miron en les entendant chanter à tue-tête ce cantique de moineau provincial pépiant et volant en rase-mottes?

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Viateur Beaupré32 articles

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Professeur à la retraite. Écrivain. Horticulteur, pêcheur et chasseur. Se bat depuis quarante ans pour défendre le français et l’indépendance du Québec.

Sept-Ïles





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1 commentaire

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    23 août 2012

    À Viateur Beaupré:
    « Ce sont là de vaines chicanes constitutionnelles. Commençons par parler des choses sérieuses. Après, on verra ».
    Oui, nous nous sommes fait servir ce genre de pseudo-argument, depuis des lustres... Supposément, nous, souverainistes, nous serions simplement des rêveurs; des pelleteux de nuage; et de pauvres comptables qui tiennent un discours presque digne d'un Elvis Gratton, siégeant parmi les «intellectuels pour le NON», comme imaginés par Pierre Falardeau, pourraient eux nous expliquer «les vraies affaires»...
    Comme si la constitution, loi fondamentale de tout pays, était une chose sans importance!
    Comme si l'économie et la prospérité de la nation québécoise, étaient des choses parfaitement cloisonnées, déconnectés, indépendantes de notre situation géopolitique!
    Ceux qui, il n'y a pas si longtemps, votaient pour l'ADQ, ici dans la Capitale, avaient bien souvent l'allure de gros colonisés à casquette. Je présume que le profil du CAQuiste moyen, ressemble encore pas mal à cela.
    Hé, p'tite vie...