Trente ans plus tard...

Référendum du 20 mai 1980 - 30 ans plus tard



Fédéralistes ou souverainistes, les Québécois? Ni l'un ni l'autre. Mais si le fédéralisme n'a pas gagné d'adeptes, l'idéal souverainiste a perdu bien des plumes: une forte majorité de 58?% considère que le débat sur la souveraineté du Québec est dépassé, et ils sont encore plus nombreux ? 67% ? à penser que dans 30 ans, le Québec fera toujours partie de la fédération canadienne.
Pour le trentième anniversaire du référendum du 20 mai 1980 (c'est aujourd'hui!), le groupe de réflexion «L'Idée fédérale» a commandité un sondage CROP qui confirme que le mouvement souverainiste est en perte de vitesse, sans toutefois que le sentiment d'appartenance au Canada ait augmenté. Si le mariage semble tenir, c'est assurément un mariage de raison, car les Québécois rejettent les étiquettes: 25% ne se déclarent «ni fédéralistes ni souverainistes», 22%, «entre les deux», alors que le reste se partage également entre souverainistes et fédéralistes affirmés.
Par ailleurs, le bilan qu'ils font des rapports entre le Québec et le reste du Canada n'a rien d'enthousiaste. Seulement 26% des répondants estiment que depuis 30 ans, la plupart des désaccords se sont réglés «à la satisfaction des deux partis».
Le résultat d'ensemble est certainement de mauvais augure pour les souverainistes, mais il y a deux détails qui vont les inquiéter particulièrement.
Une bonne pluralité de 47% estime qu'il y a aujourd'hui «moins de raisons» pour le Québec de devenir indépendant qu'en 1980, alors que seulement 19% pensent qu'il y en a plus, et que 22% pensent qu'il y a «autant de raisons» de faire l'indépendance.
Qui plus est, cette désaffection envers la souveraineté se produit au moment où une majorité de 57?% estime que «la survie de la langue française au Québec est moins bien assurée qu'il y a 30 ans». Or, on le sait, la question linguistique a toujours été l'aiguillon principal du mouvement souverainiste. À un point tel qu'on a pu dire que le PQ a perdu le référendum de 1980 en partie parce que la loi 101 avait apaisé les craintes sur l'avenir de la langue française. C'est la première fois, sauf erreur, qu'il n'y a pas de corrélation entre l'inquiétude linguistique et l'adhésion à la souveraineté.
Ce qui semble se produire aujourd'hui, si l'on en croit le sondage CROP, c'est que les Québécois ont «acheté» la thèse péquiste, au demeurant fort contestable, selon laquelle le français est plus menacé que jamais... mais que cela ne les pousse aucunement à envisager l'indépendance comme une solution. Leur pessimisme vient-il de leur perception de l'immigration comme une menace culturelle?
Est-ce plutôt une sorte de fatalisme découlant de la mondialisation? La moitié des Québécois croit en tout cas que «les nations ont tendance à se regrouper afin de mieux affronter les défis de la mondialisation», alors que seulement le quart croient que les nations ont au contraire «tendance à rechercher leur indépendance» afin de mieux affronter les mêmes défis.
Même les souverainistes sont désabusés, car alors qu'ils sont 24% à se définir comme tels, seulement 14% des répondants pensent que le Québec sera indépendant dans 30 ans. Et l'on ne peut pas dire que l'aspiration vers un fédéralisme renouvelé soit bien forte, car parmi ceux qui croient que le Québec fera toujours partie du Canada dans 30 ans, la plupart (39%) estiment que la fédération «fonctionnera essentiellement» comme aujourd'hui.
En somme, le grand gagnant de l'exercice est... le statu quo constitutionnel!


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé