Dans un Lion d’Or plein à craquer, artistes, militants et personnalités publiques de tous horizons ont uni leurs voix lundi pour défendre la liberté d’expression. Bien que teintée politiquement, cette soirée-bénéfice organisée en soutien à Charlie Hebdo a pris la forme d’un vaste appel à l’action.
L’instigatrice de l’événement, l’ex-candidate péquiste et auteure du livre Ma vie a contre-Coran, Djemila Benhabib, a parlé la première, décrivant avec émotions la journée du 7 janvier. Celle où les frères Kouachi ont fait irruption dans les locaux de Charlie Hebdo.
Elle a ouvert le bal en rendant hommage à « des géants, des personnes d’une grande culture, d’une grande intelligence », avant de dénoncer les dommages causés par le terrorisme.
« On commence par cibler les grandes gueules pour fermer les gueules de tout le monde », a-t-elle lancé. Quand la barbarie frappe, on a besoin de se sentir ensemble, parce que nous formons nous aussi une même famille. »
Plusieurs personnalités pro-laïcité ont participé au rassemblement : la professeur de philosophie et candidate du Parti québécois aux dernières élections, Louise Mailloux, le représentant du Mouvement laïque québécois, Daniel Baril et le président de l’Association québécoise des Nord-africains pour la laïcité, Akli Ourdja.
De nombreux militants et politiciens souverainistes ont également assisté à l’événement. Parmi eux, les péquistes Bernard Drainville et Martine Desjardins, tout comme le chef du Bloc québécois, Mario Beaulieu.
Au micro, l’ancien premier ministre du Québec Bernard Landry a dit espérer que « les événements tragiques de Paris aient des dommages collatéraux positifs ». Au Québec, a-t-il insisté, cela prendrait la forme d’une charte de la laïcité « qui nous ressemble », après les « occasions ratées » par les libéraux et le dernier gouvernement péquiste. « Faisons du Québec une terre exemplaire de laïcité et de liberté », s’est-il enthousiasmé.
Ensaf Haidar, l’épouse du blogueur Raïf Badawi condamné à mille coups de fouet par l’Arabie saoudite, a pour sa part été ovationnée, un moment fort de ce début de soirée.
En poésie, en chanson, en humour et en discours, les invités ont tour à tour et chacun à leur façon exprimé ce que signifie pour eux la liberté d’expression.
Le temps d’agir
Après le passage sur scène de Yann Perreau et de l’humoriste Martin Petit, la foule a chaudement accueilli ceux qu’elle attendait avec impatience.
La journaliste de Charlie Hebdo Zineb El Rhazoui a fait son apparition, suivie du président du Comité laïcité République, Patrick Kessel. Tous deux ont remercié les Québécois pour leur soutien et souligné l’importance de passer de la parole aux actes.
« Tout ce soutien nous fait chaud au coeur, c’est pour ça que je suis venu, alors que je n’en avais pas nécessairement la force, le courage, a d’abord confié Mme El Rhazoui, émue, avant de se ressaisir. Continuez à porter le combat de la liberté d’expression, mais ayez conscience que cette liberté qu’on croit acquise ne l’est pas. »
Elle entend prêcher par l’exemple et continuer à travailler au sein de Charlie Hebdo, même dans la douleur. « Ce journal pour lequel tous ces gens sont morts, nous continuerons à le faire, même si nous serons estropiés à jamais. »
« Il n’est plus le temps de disserter, il est le temps d’agir, a renchéri M. Kessel. La laïcité est un combat et il est temps de mener cette bataille. Vive la laïcité et vive le Québec laïc », a-t-il ajouté, provoquant un tonnerre d’applaudissements. « Charlie », « liberté » et « Badawi » a successivement scandé la foule.
Le rassemblement s’est par ailleurs déroulé sous le regard attentif des gardes de sécurité et des policiers, nombreux autour de la salle de spectacle. Tous les spectateurs ont dû se soumettre au détecteur de métal.
Tous les profits de la soirée seront versés à l’hebdomadaire satirique.
ATTENTATS CONTRE «CHARLIE HEBDO»
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