Toujours commodes ces purs et durs

Chronique de Pierre Gouin

Nos médias aiment bien ressortir l’idée que les péquistes constituent le parti de la discorde et que les indépendantistes purs et durs sont encore occupés à démolir le PQ parce que sa vieille garde ne va assez vite. Ils en profitent aussi pour annoncer une centième fois que l’option souverainiste est en phase terminale. Cependant, je suis davantage surpris de voir que les indépendantistes qui s’expriment actuellement centrent aussi le débat sur la stratégie d’accession à l’indépendance, soit sur l’approche de gouvernance souverainiste.
Pour moi le fond du problème est ailleurs. Depuis que le gouvernement Charest est au pouvoir il s’acharne à démolir tous les acquis du Québec moderne, des acquis auxquels ont contribué, par leur ferveur nationaliste, les leaders et les gouvernements du Parti québécois. Madame Marois a assisté à ce massacre sans s’émouvoir, occupée semble-t-il à se préparer à gouverner. Comme chef de l’opposition elle a été trop discrète et elle n’a pas su profiter des opportunités que lui fournissaient les démonstrations d’incompétence et d’arrogance du premier ministre pour démontrer qu’elle est une politicienne d’envergure.
Depuis longtemps les sondages démontrent que madame Marois ne réussit pas à expliquer aux québécois que le PQ a encore quelque chose à apporter et elle ne réussit pas surtout à vaincre le scepticisme des québécois envers leurs politiciens. Madame Marois fait de la politique à l’ancienne, il faudrait un leader qui n’ait pas peur d’une grande remise en question de notre système politique. Madame Marois a peut-être de solides convictions souverainistes mais il faudrait un leader capable d’exprimer ses convictions avec force. Madame Marois a peut-être géré plusieurs ministères avec compétence mais il faudrait un leader.
Le parti a ignoré les avertissements donnés par les militants et les sondages. Face au manque de combativité de madame Marois, beaucoup d’indépendantistes ont conclu qu’elle n’avait pas vraiment comme objectif de réaliser l’indépendance et c’est ce qui a coulé la stratégie de gouvernance souverainiste à la sauce Marois. Madame Marois a perdu la confiance des indépendantistes et cela n’est pas la faute des purs et durs.
L’orientation du débat vers la stratégie de promotion et d’accession à l’indépendance donne beau jeu à madame Marois de s’accrocher. Pourquoi céder aux purs et durs qui trouvent toujours que les choses ne vont pas assez vite? Madame Marois devrait plutôt repenser son avenir en respectant le jugement de son leadership par les militants indépendantistes et la population en général.


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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    26 août 2011

    "Depuis que le gouvernement Charest est au pouvoir il s’acharne à démolir tous les acquis du Québec moderne, des acquis auxquels ont contribué, par leur ferveur nationaliste, les leaders et les gouvernements du Parti québécois. Madame Marois a assisté à ce massacre sans s’émouvoir, occupée semble-t-il à se préparer à gouverner."
    Juste ça c'était trop.
    C'est pourquoi toute l'énergie des militants s'est concentrée à dénoncer cette passivité de Marois devant la démolition, plutôt qu'à dénoncer le démolisseur.
    Ce petit manège méprisant envers les militants, pour ensuite leur faire chantage qu'ils n'ont pas d'autre choix que de voter PQ, a asser duré.
    C'en est rendu que le PQ traite les militants d'extrémistes et se joignent aux fédéralistes pour leur faire des procès !
    Les dirigeants actuel du PQ préfèrent la compagnie de fédéralistes. C'est la triste réalité.
    Il n'y a pas juste la direction du PQ qui doit changer. Les militants doivent cesser d'accepter d'être méprisés de la sorte.

  • Jean-Pierre Bélisle Répondre

    26 août 2011

    Puisque vous êtes économiste, pourquoi ne vous pencheriez-vous pas un peu plus sur la thèse péquiste (et de Daniel Breton) selon laquelle l’accession à l’indépendance politique du Québec devrait s’effectuer en trois étapes ou phases distinctes :

    (1) L’indépendance énergétique: qui mènerait à …
    (2) L’indépendance économique: qui mènerait nécessairement à …
    (3) … l’indépendance du Québec !
    Alors que partout sur la planète les États déjà souverains se démènent pour trouver des pistes de solution visant à garantir leur indépendance énergétique; alors que l’indépendance économique des États souverains est vampirisée de toutes parts, croyez-vous qu’une simple province puisse y arriver ?
    Quant à moi, qui n’a rien d’un économiste, il m’apparait que l’ordre des étapes ne fait pas de sens, à moins de vouloir reporter aux calendes la question de l’indépendance.
    Mais vous, qu’en pensez-vous ?

  • Sylvain Meunier Répondre

    26 août 2011

    Madame Marois se trompe d'adversaire, elle se range du coté de John James Charest pour le projet de l'amphithéâtre ( qui ne sert qu'à faire élire les Libéraux dans Québec ). Elle lui propose ensuite de s'allier pour supplier le gouvernement Harper d'agir pour le pont Champlain et puis quoi encore ? Pour ce qui est de la proposition de coalition de tous les partis indépendantistes, elle ne daigne seulement répondre. Que se passe t-il réellement avec elle ? Se prépare t'elle à faire défection du coté adverse ? J'en met épais, bien sur. J'aimerais toutefois quelle démontre autant d'ouverture vis-à-vis les indépendantistes quelle ne semble en avoir pour John James. Car après tout, veut-elle faire l'indépendance avec lui ou avec les indépendantistes ?