L’entrepreneur en construction Tony Accurso prétend avoir été persécuté par la police et victime d’un set-up lorsqu’il a été arrêté en état d’ébriété au volant de sa Lexus.
«T’avais rien de mieux à faire. C’est un set-up. Ton patron t’a dit de me surveiller», aurait dit en anglais l’homme d’affaires de 64 ans à la policière Patricia Galipeau qui l’a intercepté près de sa résidence de Deux-Montagnes.
« Il était seul dans le véhicule. Il y avait une odeur de boisson. Il était très stressé. Il croyait que c’était un set-up, que mon directeur m’avait envoyée après lui, que je l’avais suivi depuis Montréal » – La policière Patricia Galipeau
Cette dernière a témoigné lors du passage de Tony Accurso à la cour municipale de cette même ville, le 9 novembre dernier, relativement à une accusation de conduite avec les facultés affaiblies.
L’audience ayant été frappée d’un interdit de publication que Le Journal a contesté avec succès hier, il nous est maintenant permis d’en dévoiler le contenu.
Le 17 octobre 2011, une citoyenne a fait un appel au 9-1-1 pour signaler quelqu’un qui «conduisait dangereusement» et qui «brakait toutes les cinq secondes» sur l’autoroute 640 au nord de Montréal.
La plaque du véhicule correspondait à la compagnie Simard-Beaudry, alors propriété de Tony Accurso, qui a par la suite été l’un des témoins marquants de la commission Charbonneau.
«Écoutant l’actualité, sachant que c’était une des filiales de Tony Accurso, j’ai décidé de me diriger vers sa résidence», a relaté l’agente Galipeau, de la police de Deux-Montagnes, au juge André Hotte.
La policière s’est stationnée à une intersection du domicile de l’entrepreneur et a «remarqué des phares semblant être ceux d’un véhicule luxueux».
Sur les ondes radio, l’agente Galipeau a qualifié la conduite de M. Accurso de «bien correcte», mais elle a tout de même intercepté le véhicule. Elle devait vérifier l’état de conduire du conducteur en raison de l’appel au 9-1-1, a-t-elle spécifié.
«Il était seul dans le véhicule. Il y avait une odeur de boisson. Il était très stressé. Il croyait que c’était un set-up, que mon directeur m’avait envoyée après lui, que je l’avais suivi depuis Montréal», a mentionné la policière.
À cette époque, Tony Accurso faisait déjà les manchettes, notamment en raison des nombreuses personnalités ayant séjourné sur son somptueux yacht.
« Vite sur la gâchette »
C’est d’ailleurs en partie à cause de sa notoriété, sur la base d’«informations non fiables et floues», que l’homme d’affaires aurait été arrêté ce soir-là, croit son avocat, Me Jean Cordeau.
Ce dernier affirme que l’interception de son client était illégale et que la preuve amassée par les policiers ne devrait pas être utilisée contre lui.
«Je prétends que la policière Galipeau a été vite sur la gâchette», a-t-il plaidé hier.
Lorsqu’elle a été contre-interrogée à ce sujet en novembre dernier, l’agente Galipeau s’est défendue en disant qu’elle aurait agi de la même façon avec n’importe qui.
«Si on m’avait donné n’importe quelle plaque avec une adresse précise, je me serais dirigée vers cette adresse», a-t-elle souligné.
La seule différence, c’est que la policière savait déjà où habitait M. Accurso.
«Au poste, on sait qui sont les personnalités publiques de notre secteur», a-t-elle noté.
«C’est quand même quelqu’un à qui du monde pourrait en vouloir, a-t-elle insisté. C’est sûr qu’on fait plus de patrouilles dans le secteur.»
À titre d’exemple, l’agente Galipeau a raconté s’être déjà rendue chez Tony Accurso pour s’assurer de sa sécurité parce qu’un hélicoptère survolait sa maison.
«Finalement, c’est M. Accurso qui en est débarqué», a-t-elle précisé.
♦ Le juge André Hotte décidera en janvier si l’interception de Tony Accurso était légale ou non.
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