Tenants et aboutissants de la dégénérescence d'un conflit

Tribune libre

Lors de la présentation de son dernier budget, Raymond Bachand confirmait la décision du gouvernement libéral de hausser les frais de scolarité des études universitaires, alléguant en priorité que les étudiants devaient
« faire leur juste » pour régler le « sous-financement » des universités.
La réplique des représentants des associations étudiantes se fit entendre rapidement…elle se manifesta par un « non » catégorique de la part de bon nombre de Cégeps et d’universités du Québec, les étudiants invoquant, entre autres, qu’ils n’avaient pas à assumer cette hausse, compte tenu que des études sérieuses prouvaient que des coupures « dans le gras » des dépenses des universités contribueraient à combler le manque à gagner des directions universitaires.
Dès lors, une muraille se dressait entre le gouvernement Charest et les associations étudiantes. Les carrés rouges émergèrent, suivis des carrés verts qui, pour la plupart contre la hausse des droits de scolarité, revendiquèrent quand même le droit de se présenter à leurs cours.
Pour tenter de résorber une crise qui prenait de plus en plus d’ampleur, le gouvernement renvoya la balle dans la cour du judiciaire qui multiplia les injonctions ordonnant aux manifestants de laisser la porte des locaux de classes ouverte aux étudiants qui désiraient assister à leurs cours tout en prenant en otage les directions et le personnel des établissements scolaires.
Toutefois, loin d’apaiser la tension, cette stratégie gouvernementale envenima le conflit. Des négociations s’ensuivirent entre les représentants étudiants et la ministre Beauchamp qui proposa quelques « pistes de sortie de crise » illusoires, telles que l’étalement de la hausse sur sept ans au lieu de cinq et un réaménagement dans le régime des prêts et bourses.
Avant de démissionner, Mme Beauchamp proposa même la création d’un comité provisoire dans le but de scruter les dépenses des universités, lequel comité comportait une lacune majeure, à savoir qu’il était formé majoritairement de représentants des universités.
Puis, devant la détérioration des interventions policières lors des manifestations étudiantes, lesquelles mettaient en danger la sécurité de leurs enfants, un regroupement imposant de parents portant le carré blanc a réclamé un moratoire sur la hausse des droits de scolarité et la tenue d’États généraux sur l’éducation universitaire au Québec.
Enfin, devant son incapacité évidente à en arriver à la « paix sociale » dont il se prévaut depuis le début du conflit, le gouvernement Charest, via la nouvelle ministre de l’éducation, Michelle Courchesne, fait adopter la loi 78 à la Chambre, une loi bâillon, sabrant littéralement dans les droits fondamentaux reconnus par le Charte des droits du Québec, en particulier le droit à la « libre expression ».
À mon sens, si nous ne voulons pas être confrontés à un éternel cul-de-sac conflictuel, la seule « sortie de crise » possible réside dans un moratoire sur la hausse des droits de scolarité et dans la création immédiate d’une entité
« neutre » qui aurait pour mandats de revoir les sources de financement des universités, leur style de gestion et de déterminer la part équitable de chacun des intervenants. Quant à la forme que pourrait prendre cette entité, toutes les avenues sont possibles, que ce soit une commission parlementaire spéciale, des États généraux, un comité provisoire équitablement constitué ou la nomination d’un ou des arbitres indépendants.
Sinon, nous devrons nous résoudre à attendre le prochain scrutin pour exprimer notre désaveu face au gouvernement Charest…à moins que d’ici là, les tribunaux invalident la loi 78 et, dans un tel cas, nous retournerons à la case départ!

Henri Marineau
Québec

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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