Syrie: Israël sous le choc

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La nouvelle réalité du Moyen-Orient ne fait ni l'affaire d'Israël ni celle des États-Unis

Le secrétaire général du Hezbollah l'a prédit au cours de son dernier discours : une guerre est toute proche et il faut que les juifs anti-sionistes quittent Israël et regagnent leurs pays d'origine sous peine de quoi " ils serviraient de bûcher" sans que Netanyahu soit capable ou ait le temps de les sauver.


Le célèbre éditorialiste du journal Raï al-Youm, Abdel Bari Atwan revient dans son tout dernier article sur le combat aérien qui a opposé lundi 16 octobre, Israël à l'armée syrienne au-dessus du Liban, combat avec en toile de fond le tir de la DCA syrienne contre les avions de combat agresseurs d'Israël qui menaient une mission de reconnaissance, non pas dans le ciel syrien mais, bel et bien dans le ciel libanais : " le communiqué de l'armée syrienne affirme d'ailleurs que l'un des avions de combat israéliens a été pris pour cible et que les autres appareils ont été forcés à prendre la fuite. Et bien, il y a là une évolution totalement inédite qui marque une étape totalement nouvelle dans la stratégie de combat de l'axe de la Résistance, stratégie qui ne tolère plus aucune violation de l'espace aérien libanais ou syrien". 


"Certes, le communiqué de l'armée israélienne, publiée précipitamment dans les minutes suivant l'attaque, défigure la réalité, quitte à déguiser la panique provoquée au sein de l'état-major de l'armée israélienne. À croire le texte, l'aviation israélienne aurait réussi à détruire une batterie de missiles déployée dans l'est de Damas. Les dirigeants politiques et militaires de Tel-Aviv n'en reviennent pas d'avoir été pour la première fois la partie qui "a subi et non pas infligé". Dans la foulée, les officiels israéliens se sont d'ailleurs succédés pour affirmer qu'"Israël ne cherchait à aucun prix la tension et qu'il préfère tout compte fait le calme ! Le calme, dites-vous... bizarre!"


Dans la suite de son article, l'auteur reprend les termes du communiqué israélien et ajoute :" Le plus étrange de tout aura été le silence du Premier ministre Netanyahu et ses porte-paroles qui se sont tus sans souffler mot sur cette attaque. Mais l'inquiétude étant trop vive, Netanyahu s'est contenté de prononcer des généralités :" quiconque chercherait à s'en prendre à Israël ou à sa sécurité, sera puni" ou " j'ai fait de la sauvegarde de cette sécurité "une mission personnelle ", mission qui sera menée " en fonction des besoins propres à Israël". C'est dire que même Lieberman, chef de l'armée, n'est plus de taille à assumer la sécurité d'Israël. Et on comprend pourquoi Netanyahu a tenté du mieux qu'il peut d'apaiser la crainte des colons qui s'attendent désormais au pire". 


Atwan se focalise ensuite et non sans raison sur le message du "missile tiré par la DCA syrienne" et écrit : « le message est plus que clair : la patience de Damas a atteint ses limites. Il n’est désormais plus tolérable de voir les avions de chasse sionistes espionner depuis le ciel libanais les sites sensibles sur le sol syrien avant de les abattre, et ce, en toute impunité. Qu’Israël le sache, le ciel du Liban constitue désormais la prolongation naturelle de l’espace aérien de la Syrie et par conséquent toute violation du ciel libanais sera ripostée, quel que soit le prix à payer. Le message fera date. Israël se trouve dans un état de panique total face à un État syrien qui au bout de sept ans de guerre, a réussi à faire capoter les plans israéliens. Un État syrien qui, de surcroît, a à ses côtés, le Hezbollah, bien aguerri et prêt à tout. La panique se lit surtout à travers ces propos d’Avigdor Lieberman confiés à Walla où il a reconnu la victoire d’Assad d’une franchise inouïe : "Assad a gagné. Et tous les pays musulmans font désormais la queue pour avoir ses faveurs ."


Plus loin dans son éditorial, l’auteur fait un lien de cause à effet entre le bellicisme anti-syrien d’Israël et la riposte de Damas d’une part et la nouvelle stratégie des États-Unis contre l’Iran de l’autre, stratégie basée sur le refus du président Trump de certifier l’accord nucléaire ou encore sur les sanctions imposées au Corps des gardiens de la Révolution islamique.


" Une stratégie exprimée au cours d’un discours qui a accusé l’Iran de soutien au terrorisme, de déstabiliser le Moyen-Orient et les pays alliés de Washington » : « Ce sont là, les signes d’un embrasement du front de combat qui se pointent à l’horizon, embrasement contre quoi le secrétaire général du Hezbollah, Nasrallah avait mis en garde, en pointant du doigt le PM israélien comme celui qui le cherchait. Ce qui inquiète Netanyahu, c’est à vrai dire un État syrien qui retrouve ses couleurs, un Irak qui revient en force et un « pont » qui est sur le point de s’établir entre l’Iran et le Liban via la Syrie et l’Irak. C’est aussi ces forces du Hezbollah implantés  à Quneïtra et à Deraa avec l’appui des conseillers militaires iraniens, ce qui leur permet d’y construire des bases, quitte à ouvrir un front de combat au Golan occupé, aux portes d’Israël. Et encore Netanyahu n’a pas tout vu : « ce corridor » dont lui et ses compères ne cessent de parler, s’étend de Mazar e-Charif  en Afghanistan à Zahiya dans le sud de Beyrouth au bord de la Méditerranée, soit une voie d’approvisionnement en armes et en munitions à destination de l’axe de la Résistance. Et cet axe est une réalité puisque l’armée syrienne en est dorénavant à tirer des batteries de missiles anti-missiles S-200 contre les chasseurs israéliens qui eux, prennent la fuite. Et rien ne dit que les prochains missiles ne soient pas les S-400 que Damas irait tirer contre les avions agresseurs et ce, avec le feu vert russe ».


Atwan est prêt à parier que « le Moyen-Orient va changer » puisque « la Syrie est sur le point de retrouver très rapidement ses forces et ce, à l’aide de la Russie et de l’Iran » : «  C’est une réalité dont la gravité est éminemment comprise par Washington et Tel-Aviv, une réalité qui fait frissonner les généraux israéliens et américains… Ce n’est pas sans raison que Nasrallah a appelé tous les juifs à quitter Israël avant qu’il ne soit trop tard, étant donné que la prochaine guerre avec Israël sera différente : il y a désormais au Moyen-Orient des Arabes et des musulmans qui possèdent « la force de dissuasion ». Ces gens-là, les Israéliens les ont déjà mis à l’épreuve à trois reprises sans pouvoir les vaincre . Les ennemis d’Israël ne sont plus ces régimes arabes corrompus qui mettent tous leurs œufs dans le panier percé des Américains. Ils sont différents, du jamais vu dans le mémoire d’homme moyen-oriental.