Suicides dans le Grand Nord québécois: «Très, très inquiétant», dit la ministre D'Amours

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La ministre devrait plutôt s'occuper de ce qui se passe actuellement à Oka

La crise du suicide dans laquelle s'enfonce le Grand Nord québécois est très inquiétante, mais ce sont les Inuits eux-mêmes qui doivent mener la réplique, a affirmé la ministre responsable des Affaires autochtones du Québec.



Sylvie D'Amours a indiqué que le gouvernement Legault se tenait prêt à envoyer des ressources supplémentaires pour endiguer la vague. Toutefois, la demande doit venir des Inuits eux-mêmes.


« C'est très, très inquiétant, mais on agit, a-t-elle dit hier en entrevue téléphonique. On ne peut pas faire les choses à leur place, mais on peut les aider, on peut les appuyer dans leurs démarches. »


La Presse a révélé la semaine dernière que 19 suicides - dont ceux de cinq enfants - s'étaient produits au Nunavik dans la première moitié de 2019, soit davantage que pour la même période l'an dernier. Les pouvoirs publics parlaient alors de « vague tragique ».


 


« Ça arrive sans arrêt. Ce n'est pas normal. Ça ne s'améliore pas, ça empire. Et on se sent ignorés », déplorait en entrevue Hannah Tooktoo, jeune Inuite qui traverse actuellement le Canada à vélo pour faire connaître la situation de son peuple.


Le village le plus touché est Puvirnituq, communauté de 1800 habitants où six personnes se sont donné la mort.


Visite à Kuujjuaq et À Puvirnituq


La ministre D'Amours a indiqué qu'elle avait été informée de la situation critique par les autorités locales il y a quelques semaines.


« Au début du mois dernier, on avait des chiffres et on trouvait ça alarmant », a-t-elle dit en entrevue téléphonique.


La semaine dernière, elle a justement visité les villages de Kuujjuaq et de Puvirnituq avec ses collègues Andrée Laforest, ministre des Affaires municipales et de l'Habitation, et Lionel Carmant, ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux, responsable des dossiers de santé des jeunes.


« On a agi avant de faire notre visite, a-t-elle continué. On voulait simplement démontrer qu'on les appuyait, qu'on soutenait leur stratégie de prévention du suicide, qu'on suivait ça de près et qu'aussitôt qu'il y aurait d'autres demandes, on serait là. »


Stratégie adoptée, plan d'action à suivre


La stratégie de prévention du suicide à laquelle Mme D'Amours fait référence a été annoncée au début de juin par l'Administration régionale Kativik, le gouvernement inuit local. Un plan d'action devrait suivre dans les prochains mois.


« Il est important que les communautés se prennent en charge, que les idées émergent des individus et que les solutions viennent de l'intérieur, au sein même de la population », affirmait la patronne de la Régie régionale de la santé et des services sociaux du Nunavik, Minnie Grey, en lançant la stratégie. 


« Les Nunavimmiuts [habitants du Nunavik] ne sont pas seuls et, collectivement, nous pouvons améliorer les choses », avait-elle ajouté.


Quant au gouvernement du Québec, « [sa] sensibilité est là, [son] inquiétude est là ». « Si on me demande autre chose qu'un plan d'intervention commun, je serai là », a affirmé Mme D'Amours.


L'Association québécoise de prévention du suicide a formé 73 personnes « précisément pour intervenir au Nunavik », a-t-elle ajouté.




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