Steven Blaney, version revampée de l’idiot du village

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Le bonnet d’âne à Blaney





Au moment de ma présidence à la CSQ, je travaillais avec un économiste, fils de diplomate, qui me fustigeait lorsque j’invectivais certains ministres de vilains noms. Pour lui, la fonction commandait le respect. Après que le ministre Blaney ait présenté le projet de loi C-51 comme un rempart contre un autre holocauste, je me suis retenu. Toutefois, cela ne m’a pas empêché de penser qu’il se comportait comme l’idiot de service.


D’entrée de jeu, il nous faut comprendre qu’il n’y a aucune commune mesure entre l’holocauste et la barbarie de l’État islamique. Nous sommes bien loin de l’indifférence planétaire qui avait permis aux nazis d’exterminer des millions de Juifs lors de la seconde guerre mondiale et encore plus loin de l’ampleur des massacres qu’ils ont subis. Les atrocités commises par l’ÉI sont bien loin aussi de celles que connurent le Cambodge et le Vietnam avec des millions de morts et le Rwanda avec des centaines de milliers. Le ministre a voulu nous dramatiser la situation islamiste pour justifier des restrictions importantes à nos libertés civiles avec le projet de loi C-51, toutefois il devrait être plus studieux.


À l’instar du gouvernement Couillard qui dramatise la crise des finances publiques pour redessiner un État à saveur néo-libérale, les conservateurs de monsieur Harper exacerbent la crainte de l’islamisme pour accroitre leur contrôle sur différentes franges de population, tout en tentant de se faire du capital électoral. Autochtones, environnementalistes, indépendantistes, syndicalistes et bien d’autres groupes de pression pourraient être classés comme des menaces selon le bon vouloir de notre agence de renseignements et quelques ministres séniors, sans que le Parlement ait son mot à dire.


Les menaces mal définies dans le projet de loi ouvrent la voie de la répression pour toutes actions de contestations populaires. En sus, l’obstination du gouvernement  à ne pas soumettre les travaux de cette agence à un comité indépendant pour éviter les abus ajoute aux inquiétudes de restriction de nos libertés civiles. Plusieurs observateurs de la scène politique et juridique considèrent que nos lois actuelles permettent d’agir pour contrer les menaces terroristes et s’interrogent sur les motivations profondes de monsieur Harper. Personne ne reprochera au gouvernement de prendre les mesures pour assurer notre sécurité, mais surement pas au prix de sacrifier notre liberté.


Si monsieur Blaney souhaite se transformer en historien qui veut jouer au bonhomme « sept heures », il gagnerait à étudier la montée du fascisme dans l’Allemagne des années 1930 et il aurait tôt fait d’y trouver des corollaires avec les décisions de son propre gouvernement. Écraser les chômeurs, réduire au silence les syndicats, contrôler l’information et rendre illégale la contestation, tout en pouvant espionner tout le monde sont des germes observés dans la montée du nazisme. 


Je veux bien que le gouvernement du pays d’à côté nous protège contre la radicalisation en attendant notre indépendance, mais il devrait au même moment se prémunir contre sa propre exagération.




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