Le Bloc québécois a déposé le projet de loi C-505 qui vise à obliger le gouvernement fédéral à soustraire le Québec de la Loi sur le multiculturalisme et à préciser que les Québécois forment une nation et que, de ce fait, ils doivent avoir en main tous les outils nécessaires à la définition de leur identité et à la protection de leurs valeurs communes, notamment en ce qui a trait à la protection du français, à la séparation de l'Église et de l'État et à l'égalité des sexes.
Le Canada et le Québec ont adopté depuis une trentaine d'années deux modèles différents d'intégration des immigrants. La politique fédérale du multiculturalisme fractionne la société canadienne en une multitude de solitudes ethnoculturelles. Par contre, l'approche québécoise favorise l'interaction pour enrichir la culture québécoise, consolider les valeurs communes et renforcer la seule langue officielle de la nation québécoise: le français.
C'est autour de ces piliers que se construit l'identité québécoise. La contradiction entre ces deux approches est insurmontable; pourtant, le Canada et le gouvernement fédéral imposent leur choix au Québec: le choix du multiculturalisme.
La personne qui migre au Québec reçoit donc deux messages contradictoires qui sont sources de confusion et qui affaiblissent la capacité d'intégration harmonieuse au sein de la nation québécoise.
Comme l'affirmait Julius Grey le 24 septembre 2007, «seule enclave francophone en Amérique, le Québec ne peut en aucun cas adopter le multiculturalisme comme idéologie». Dès 1971, Robert Bourassa, alors premier ministre du Québec, rejetait dans une lettre à Pierre Elliott Trudeau la politique canadienne du multiculturalisme. Il l'a fait comme les autres premiers ministres québécois parce que cette idéologie va à l'encontre des intérêts et des valeurs du Québec.
En effet, la politique du multiculturalisme du Canada a deux fonctions: nier le caractère national et civique du Québec en confinant la nation québécoise à un statut ethnique et poursuivre le processus de minorisation de cette nation au sein du Canada.
Amendement
La nation québécoise a une identité qui lui est propre. Elle a besoin de contrôler les leviers nécessaires au déploiement complet de son modèle d'intégration. Il suffit d'un amendement à la Loi canadienne sur le multiculturalisme pour soustraire le Québec de son application et pour s'assurer que le signal envoyé aux nouveaux arrivants est clair et cohérent avec la volonté d'intégration de la nation québécoise.
Les partis canadiens -- notamment le Parti conservateur -- qui ont reconnu la nation québécoise ont l'obligation de passer de la parole aux actes. La modification que le Bloc québécois propose avec le projet de loi C-505 ne nécessite pas la réouverture de la Constitution canadienne. Si le Parti conservateur refuse de bouger, les Québécois devront conclure que le fédéralisme d'ouverture de Stephen Harper et la reconnaissance de la nation québécoise n'étaient qu'hypocrisie et manoeuvre électoraliste!
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Pierre Paquette, Député de Joliette et leader parlementaire du Bloc québécois
Soustraire le Québec au multiculturalisme
En effet, la politique du multiculturalisme du Canada a deux fonctions: nier le caractère national et civique du Québec en confinant la nation québécoise à un statut ethnique et poursuivre le processus de minorisation de cette nation au sein du Canada.
Commission BT - le rapport «Fonder l’avenir - Le temps de la conciliation»
Pierre Paquette15 articles
Professeur d’économie au collège Maisonneuve, Ancien député et leader parlementaire du Bloc québécois
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