Corruption et cynisme des citoyens

Sortons de prison!

Cessons de croire bêtement que rien ne peut être fait.

Tribune libre

Nous sommes tous prisonniers d’un climat politique délétère qui prévaut depuis des années et qui a énormément gagné en intensité depuis la frousse référendaire de 1995. Cette situation déplorable est à l’origine de toutes les magouilles. Les gestes illégaux ont été pour la très grande majorité perpétré au nom de l’unité canadienne. Tous les efforts sont orientés vers l’éradication du mouvement pour l’indépendance du Québec.
Scandale des commandites, scandales d’Option Canada, infiltration des mouvements souverainistes par les services secrets canadiens, pots-de-vin, blanchiment d’argent, enveloppes brunes, mise à sac des ressources naturelles, médias populistes menant tambour battant des campagnes anti-souveraineté, censure journalistique organisée à l’encontre du mouvement souverainiste, perversion de l’article un du programme du Parti québécois, division du vote par l’apparition de tiers partis drainant l’électorat souverainiste, campagne de publicité fédérale en faveur du militarisme pour intimider les Québécois, tout sans exception converge vers le mouvement fédéraliste qui ne respecte aucune règle pour parvenir à vaincre définitivement les tenants du Québec comme pays.
Il valait mieux pour les libéraux que le scandale le liant au milieu de la construction ne sorte maintenant dans la mesure où six mois en politique c’est une éternité. Car Jean Charest a intérêt à gagner du temps pour que l’on oublie. François Legault? Il ne lui fait pas peur le moins du monde, car le premier ministre sait d’expérience que l’ADQ a toujours davantage déshabillé le Pq que son parti. De plus, Legault est un ancien péquiste et il le fera savoir en temps et lieu à sa base électorale traditionnelle.
L’agressivité envers le mouvement souverainiste est sans borne. Une idée, jamais mise de l’avant, est décrite malicieusement comme étant passéiste. Selon les médias, "la population ne veut plus en entendre parler". Rhétoriques répétés inlassablement pour décourager celles et ceux qui y croient encore. Car ce que l’on souhaite, bien entendu, c’est épuiser le plus grand nombre possible afin qu’ils rentrent dans leurs terres et cessent de s’intéresser à la souveraineté du Québec. C’est clair!
Mais en dépit de ces milliards flambés dans la lutte contre le mouvement souverainiste, malgré cet effort colossal, le climat politique, loin de s’assainir devient de plus en plus nauséabond. Le public manifeste un cynisme et un dégoût jamais vu. Et c’est le pourrissement du statut du Québec dans le Canada ainsi que l’incapacité des politiciens à fournir des réponses simples et adaptées pour régler la question nationale qui est à l’origine de la corruption qui a envahi nos institutions et qui est en train d’ébranler tout l’édifice démocratique. Bref nous en sommes là parce que la question du Québec n’est pas réglée.
Les Libéraux de Jean Charest s’accommodent allègrement de cette odeur de putréfaction. L’ADQ et le Parti québécois voudraient qu’on se bouche le nez. Mais là n’est pas la solution. Pour ramener ne serait-ce qu’un semblant de sérénité dans le monde politique au Québec, il faut régler la question nationale et faire l’indépendance. C’est l’incapacité des Québécois d’être unis derrière la cause de leur nation et de leur pays qui fait que la crise politique perdure. Comme un cancer mal soigné, les métastases s’étendent maintenant. Nous en sommes rendus à donner à notre jeunesse le pitoyable spectacle d’une société corrompue et désunie.

Nous sommes aussi prisonniers de notre système politique irréformable qui nous empêche de donner une réponse adéquate à cette situation. Aucune forme de destitution ne peut être enclenchée pour nous débarrasser des Libéraux. Nous devons attendre la prochaine élection. Et il y a fort à parier que les déchiqueteuses passeront aux urnes avant nous. Le premier ministre qui agit lui-même en personne comme un criminel, protège la mafia en refusant obstinément la tenue d’une enquête publique sur de très graves allégations qui détruise la confiance des citoyens envers la classe politique.
Le règne de l’impunité totale s’est installé à demeure. Des viaducs nous tombent dessus, des fortunes sont dilapidées à la caisse de dépôt, des conflits d’intérêts sont révélés au grand jour ainsi que des relations incestueuses entre les milieux de la politique et du crime organisé. L’incompétence est devenue la norme. Mais jamais personne n’est responsable. Les politiciens ont beau jeu de faire dans les initiatives véreuses sachant que jamais ils n’auront à en répondre ou que seuls quelques petits bas exécutants paieront pour camoufler les grosses légumes.
Les cas de Jean Corriveau et ceux de Ronald Weinberg et Micheline Charest démontrent que ceux qui gouvernent et leurs amis se fichent éperdument de la justice. Du haut de leurs penthouses de Westmount et d’Outremont ces véritables gras durs du régime méprisent le Québec, ses lois et ses citoyens ordinaires. Ce sont eux qui décident, point à la ligne!
C’est dans ce contexte abominable que l’on demande au simple citoyen de respecter les lois, de payer ses impôts et taxes et de continuer de croire en cette justice pour les riches et cette démocratie à géométrie variable. Plus qu’une farce, on nous gifle au visage en riant carrément de nous.
S’il en est ainsi, c’est que ceux qui détiennent le pouvoir se sentent intouchables. Ils font comme si ce pays leur appartenait de droit. Ils s’approprient même ce auquel ils n’ont pas droit. Ils bafouent les droits des citoyens. Ils se moquent de nous. Ils n’ont que faire de l’acceptabilité sociale comme on l’a vu dans les dossiers des gaz de schiste ou celui de la construction d’un terminal gazier à Lévis.
Nominations partisanes pour noyauter des instances qui étudient les impacts environnementaux, détournement et rognage de mandats d’enquête, limitation des droits de recours du citoyen, on impose par la force de lois patentées n’importe quel projet si destructeur soit-il et ce, envers et contre tous.
Saccage de nos forêts, dilapidation de nos ressources, constitution d’entités juridiques et de holdings obscures ayant leurs assises dans des paradis fiscaux. Le secret et l’omerta sont de mise. Impossible de connaître les actionnaires qui sont derrière l’entreprise désirant exploiter le potentiel gazier de l’île d’Anticosti. Impossible de savoir ce que cette entreprise a payé à l’État québécois pour les droits d’exploration et d’exploitation. Pourtant il s’agit de nos ressources!
Les Québécois doivent savoir que la situation générale du Québec est principalement dû au fait d’avoir laissé ce pays dans les mains des autres. Nous avons bradé nos intérêts nationaux pour des intérêts financiers parque nous avons cru que nous allions en bénéficier. Mais en fait, rien ne nous revient. Au contraire, tous les efforts vont vers la privatisation pour enlever des mains du citoyen le droit de regard qu’il a sur tous les aspects importants de la vie en société. C’est la privatisation des profits et la nationalisation des pertes qui prévalent.
Comment expliquer par exemple qu’après près d’une décennie de croissance économique phénoménal, on maintienne des politiques d’austérité budgétaires draconiennes? Comment expliquer que les ressources manquent à ce point en éducation et en santé après qu’autant d’argent et de profit soit passé entre les mains des entreprises, des banques et des financiers? Comment expliquer l’état lamentable de notre réseau routier sur lequel roulent des troupeaux entier et innombrable de camions qui détruisent littéralement nos routes, une généreuse subvention déguisée au profit de la mafieuse industrie du camionnage.
Et on n’a même pas parlé de nos taxes et impôts versés au gouvernement fédéral qui servent à battre en brèche les lois qui protègent notre langue. Du gaspillage éhonté de notre argent dans des symboles dépassé comme le sénat, les Lieutenants-gouverneurs, du Gouverneur général. Des milliards de dollars mis dans la défense et dans la guerre, des milliards pour construire des prisons dans le pays le plus sécuritaire du monde, probablement parce que demain, elles serviront à nous priver encore plus de notre liberté.
Le brillant Legault pense que c’est dans nos chaumières que se déguste le caviar. Il triplera les tarifs d’électricité. Il croit que les étudiants sont riches. Il haussera les frais de scolarité. Il ira chercher des peanuts en foutant le bordel dans la fonction publique. Ce sera encore nous qui paierons. Pendant ce temps, un peu plus loin à Ottawa, on continuera de partir annuellement sourire aux lèvres non pas avec la caisse, mais bien avec le coffre-fort tout entier rempli à pleine capacité.
Voilà à quoi servent les « structurantes initiatives » de nos politiciens de carrière. Voilà pourquoi le gouvernement s’apprête à demander aux citoyens un effort supplémentaire. Ce n’est pour rien d’autre que continuer à engraisser les amis du régime. Les Québécois doivent savoir que l’État est engagé dans un vaste programme national visant à appauvrir les citoyens au profit d’une clique de bandits cravatés.
Les Québécois doivent savoir qu’ils ne se gêneront pas pour nous appauvrir encore plus encore et encore. Cette spoliation de nos droits et biens a un but particulier. Casser le mouvement d’émancipation du Québec. Il faut cesser de croire que nous n’y pouvons rien, que c’est tous du pareil au même. Il faut aller chercher parmi nous celles et ceux qui ont encore de la conscience citoyenne, de l’éthique et de la morale. Et ils sont nombreux. Le portrait politique et social peut sembler sombre à première vue, mais le Québec est capable de grandes choses.
Il faut initier un véritable et profond changement dans nos consciences d’abord. Cette société doit retrouver pas seulement un vulgaire semblant d’éthique, mais bel et bien une réelle morale sociale pour avoir à cœur le bien-être de l’autre ainsi que celui de celles et ceux qui formeront la société de demain. Il faut aussi retrouver le goût d’agir ensemble. D’autres peuples l’ont fait avec beaucoup moins de pouvoir et de moyens que nous, nous sommes pleinement capables.
Nos ne reprendrons jamais le contrôle sur le Canada qui est dirigé par une société n'ayant que peu d'intérêts communs avec le Québec. Mais nous pouvons toutefois reprendre le contrôle sur le Québec. Premièrement en le sortant du Canada. Une fois cette tâche accomplie, nous aurons alors tout le loisir de voter des lois criminelles appropriées pour empêcher que ce gâchis ne se reproduise en encadrant étroitement le rôle des élus. Nous pourrons décider de notre système politique qui accordera une place à la hauteur de la véritable représentativité des partis.
Pour faire tout cela, il nous faut initier le changement des changements. Il nous faut faire l’indépendance, première étape avant tout vers la reprise en main de notre destin collectif. Quelle est la vieille idée, quel est ce vieux système prétendument si dépassé? Est-ce le fédéralisme sclérosé qui a 144 ans d’existence et qui rejette toujours le Québec? Ou est-ce l’indépendance qui elle, n’est pas encore née et n’a même jamais été tentée? Sortons de notre prison dorée collective, celle de nos peurs, de notre manque de confiance en nous-mêmes et en l’avenir. Cessons d’être nos propres geôliers. Cessons de croire bêtement que rien ne peut changer. Cessons d’être des esclaves qui parlent en mal de la liberté.



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4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    23 septembre 2011

    Monsieur Lévesque
    Un des meilleurs textes écrit sur Vigile dernièrement. Selon moi, le peuple ne peut attendre les prochaines élections pour se débarrasser de ce gouvernement corrompu qui nous mène carrément dans la dèche. Je ne vois qu'une solution pour nous en sortir et ça passe par la désobéissance civile. Pourquoi les députés du PQ ne sortiraient-ils pas en bloc de l'Assemblée nationale pour amener des nouvelles élections? Au diable les principes, nous sommes dans une situation d'urgence! Il faut bouger et vite! Les députés, en donnant l'exemple, le peuple va suivre. Si nous ne faisons rien c'est que nous sommes tous aussi complices et corrompus que ce gouvernement pourri.
    André Gignac 23/9/11

  • Archives de Vigile Répondre

    22 septembre 2011

    Je crois que vous voulez parler de Jacques Corriveau (et non Jean) le maître d'oeuvre des détournements de fonds vers le Parti libéral fédéral dans le scandale des commandites.
    Tout le monde sait qu'il est coupable mais la GRC ne réussit pas à l'épingler. Jacques Corriveau, c'est le grand ami de Jean Chrétien qui aimait jouer du piano avec Aline. Sa culpabilité implique aussi la culpabilité de Jean Chrétien.
    Paraît-il qu'il a détruit beaucoup de documents.
    Il est aussi cardiaque: c'est la justice immanente.
    Robert Barberis-Gervais, 23 septembre 2011

  • Archives de Vigile Répondre

    22 septembre 2011

    Voilà comment nous avons eu Charest.
    Dès que Charest a été porté au pouvoir, la mafia italienne qui contrôle des pans entiers de l’industrie et des syndicats de la construction a pris en main la gestion de l’État dans les secteurs les plus profitables pour ses activités. Les secteurs corruptibles intéressants du niveau municipal étaient déjà sous sa férule.
    Un ancien de la GRC, qui eut à travailler dans des enquêtes internationales avec la police italienne, m’a dit récemment que la mafia avait autant d’influence au PLQ et dans l’industrie de la construction du Québec que dans les institutions semblables en Sicile.
    http://fr-ca.actualites.yahoo.com/blogues/la-chronique-de-normand-lester/se-d%C3%A9barrasser-jean-charest-194103193.html

  • Archives de Vigile Répondre

    22 septembre 2011

    Wow, il ne manque juste que la traduction anglaise pour s'assurer d'inclure tout les gens de bonne volonté ouvrent leurs coeurs .......et pourquoi pas dans plein d'autres langues.
    Je lance le défi à ceux qui parlent une autre langue (que l'anglaise ou le françcais) de traduire ce merveilleux texte.
    Encore Wow.
    Carole