Sondage : sur l'homosexualité, un gouffre sépare les musulmans du reste de la population

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Une conséquence de l'arrivée massive de populations du tiers monde en sol occidental

Ça coince sévèrement. Selon une enquête d'opinion réalisée par l'Ifop pour le compte de la Fondation Jasmin Roy et la DILCRAH (Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT), relayée ce mercredi 26 juin, l'homosexualité est encore largement rejetée au sein d'une communauté religieuse particulière : la communauté musulmane. Les chiffres du sondage sont nets : alors que 85% de la population française affirme que l'homosexualité est une manière comme une autre de vivre sa sexualité, 63% des personnes de confession musulmane interrogées la perçoivent comme "une maladie" ou "une perversion sexuelle". Une proportion qui descend à 14% chez les catholiques (20% chez les pratiquants) et 10% chez les "sans religion".



L'étude met en lumière un véritable gouffre entre les musulmans sondés et le reste du panel quant à l'homophobie. Ainsi, sur l'ensemble des personnes interrogées, 72% accepteraient "très bien" (33%) ou "assez bien" (39%) d'avoir un enfant homosexuel, chiffre qui tombe à 20% chez les musulmans consultés - contre 69% chez les catholiques (68% chez les pratiquants) et 78% chez ceux qui déclarent ne pas avoir de religion. Et 71% des adeptes de l'islam interrogés trouvent "plutôt choquant" qu'un couple homosexuel s'embrasse dans un lieu public, contre 33% pour l'ensemble de la population, et 49% chez les catholiques qui se définissent comme pratiquants. Alors que 30% de la population déclare avoir été mal à l'aise au moins une fois en présence d'un couple LGBT, cette proportion monte à 46% chez les musulmans, contre 34% chez les catholiques.


Logiquement, cette rigidité se traduit très fortement lorsqu'il est question d'homoparentalité. Si 83% des Français interrogés jugent qu'un couple d'homosexuels est capable d'assurer un rôle parental - opinion également largement partagée à 82% au sein de la communauté catholique, y compris chez les pratiquants (73%) -, c'est bien moins le cas chez les musulmans interrogés, chez qui ce chiffre tombe à 54%. Alors que presque 70% des Français affirment qu'en enfant peut s'épanouir au sein d'une famille avec deux pères, seuls 37% des musulmans du panel partagent cette opinion (54% chez les catholiques pratiquants). Enfin, 58% des musulmans sondés pensent carrément que les homosexuels ne devraient pas pouvoir élever d'enfant : c'est presque le double de l'ensemble de la population (29%), et nettement plus que chez les catholiques pratiquants (41%).



"En 2016, notre enquête IFOP pour l’institut Montaigne montrait déjà que les musulmans sont des gens qui attachent beaucoup plus d’importance que le reste de la population à la religion et aux préceptes moraux de cette dernière dans leurs comportements, analyse pour Causeur le directeur du pôle Politique/Actualité à l’Ifop, François Kraus. Cela se traduit par une morale sexuelle beaucoup plus rigoriste, et une plus forte rigidité à l’égard de toute transgression de la norme hétérosexuelle". "Ceux qui n’accepteront pas que leur enfant soit homosexuel sont ceux qui vont dans un lieu de culte toutes les semaines, que ce soit à la messe ou à la mosquée", relève en outre le sondeur. En clair, qui dit pratique religieuse plus prégnante, dit prédisposition plus forte à l'homophobie. Parmi les personnes assistant à un office religieux au moins une fois par semaine, seuls 43% déclarent en effet qu'avoir un enfant homosexuel ne les dérangeraient pas.


"Il y a aussi des effets de structure liés à la composition même des musulmans, lesquels sont sur-représentés dans les catégories populaires et les catégories moins diplômées, et concentrés dans les banlieues 'populaires'", avance également François Kraus, sans nier qu'"il y a assurément des effets liés à la religion et à l’islam en particulier". De fait, la part de la population percevant l'homosexualité comme une "perversion" ou une "maladie" se rétrécit à mesure que le niveau de revenu augmente : de 23% chez les plus pauvres, elle passe à 16% dans la catégorie des revenus modestes, puis à 13% dans les classes moyennes, pour tomber à 11% parmi les plus aisés.



Reste que la communauté musulmane paraît nettement plus perméable à l'homophobie. Ainsi, pour 29% des musulmans interrogés par l'Ifop, les violences contre les homosexuels sont parfois compréhensibles. C'est presque le triple que chez les sans religion (10%) et les catholiques (9%, 11% chez les pratiquants). Pour 19% des musulmans interrogés, ces violences sont d'ailleurs "le résultat d'une visibilité trop grande des homosexuels qui devraient être plus discrets", là encore plus du double que chez les sans religion (9%) et 7 points de plus que les catholiques, pratiquants ou non.


Les préjugés homophobes, eux, ont la vie dure dans l'ensemble de la société française : 71% des personnes interrogées en partagent au moins un, par exemple que les couples homosexuels seraient moins stables que les hétérosexuels, ou que les homos auraient des mœurs dissolues.


Sur ce point, les différences sont marquées selon un axe politique gauche-droite. Quelque 85% des électeurs de François Fillon au premier tour en 2017 et 81% de ceux de Marine Le Pen partagent ainsi au moins à une affirmation homophobe. Pour les soutiens au premier tour d'Emmanuel Macron, de Jean-Luc Mélenchon et de Benoît Hamon, ces chiffres sont respectivement de 70%, 60% et 56%. Et François Kraus de résumer : "En gros, plus on est pauvre, peu éduqué, très pratiquant et situé à la droite de l’échiquier politique, plus la perception de l’homosexualité demeure imprégnée de préjugés homophobes".



Méthodologie :

L’enquête a été menée auprès d’un échantillon de 3 013 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Les interviews ont été réalisées par questionnaire auto-administré en ligne du 29 mai au 3 juin 2019.