SONDAGE EKOS-LA PRESSE-TORONTO STAR

Sondage: Harper dégringole

17. Actualité archives 2007


par Joël-Denis Bellavance

Le Parti conservateur de Stephen Harper a vu ses appuis piquer du nez de manière spectaculaire au Québec au cours des dernières semaines, réduisant ainsi ses chances de former un gouvernement majoritaire aux prochaines élections.
La chute est telle au Québec que le Parti libéral du Canada, qui traîne pourtant encore le scandale des commandites comme un boulet au pied, a réussi à dépasser le Parti conservateur dans les intentions de vote, révèle un nouveau sondage EKOS réalisé pour le compte de La Presse et du Toronto Star.
En somme, la lune de miel qui était manifeste entre les Québécois et les conservateurs de Stephen Harper au printemps est véritablement terminée, selon Frank Graves, président de la firme de sondage EKOS.
Si des élections fédérales avaient eu lieu aujourd'hui, le Parti conservateur n'obtiendrait ainsi l'appui que de 17 % des Québécois, un score bien inférieur aux 24,6 % de voix récoltées aux élections du 23 janvier. Le Parti libéral, de son côté, recueillerait 21,1 % des voix, presque autant que ce qu'il a obtenu le jour des élections.
Pour l'heure, c'est le Bloc québécois qui semble profiter le plus de la grogne à l'endroit des conservateurs. Un peu plus de 44 % des Québécois interrogés disent être prêts à appuyer les troupes de Gilles Duceppe. Le NPD, qui a pourtant tenu son congrès national à Québec au début septembre, n'obtient que 8,4 %.
La guerre en Afghanistan, impopulaire au Québec, la décision de Stephen Harper d'appuyer sans équivoque Israël dans le conflit qui l'a opposé au Hezbollah dans le sud du Liban durant l'été et les tergiversations du gouvernement fédéral dans le dossier de l'environnement expliqueraient cette chute des conservateurs.
«Le Parti conservateur perd des plumes au Québec, une province où le parti espérait faire une percée importante aux prochaines élections. C'est le résultat de décisions impopulaires dans des dossiers comme l'environnement et l'Afghanistan», a estimé hier Frank Graves.
Au printemps dernier, certains sondages plaçaient pourtant le Parti conservateur et le Bloc québécois à égalité au Québec. Les électeurs avaient alors été séduits par la main tendue par Stephen Harper, qui avait rapidement réglé le dossier de la présence du Québec sur la scène internationale, notamment à l'UNESCO, et avait multiplié les présences dans la province. Il avait aussi promis de régler la question du déséquilibre fiscal et avait rencontré le premier ministre Jean Charest à plusieurs reprises. Depuis lors, les choses se sont manifestement gâtées.
À l'échelle nationale, les résultats du dernier coup de sonde d'EKOS sont presque identiques à ceux des dernières élections. Le Parti conservateur obtient ainsi l'appui de 36 % des personnes interrogées, comparativement à 31,7 % au Parti libéral, 16,2 % au NPD et 6,2 % au Parti vert.
Mais après seulement neuf mois au pouvoir, les troupes de Stephen Harper semblent incapables d'accroître leurs appuis, qui plafonnent à 36 %. Il s'agit d'une nouvelle d'autant plus inquiétante pour les conservateurs que les militants du Parti libéral n'ont toujours pas choisi leur prochain chef. Historiquement, un parti politique voit toujours ses appuis augmenter dans les sondages durant une course à la direction.
«Si les précédents historiques valent encore, nous pouvons nous attendre à ce que les libéraux fassent certains gains dans les intentions de vote à la suite de leur congrès en décembre. Cela pourrait rendre la prochaine campagne très serrée. À l'heure actuelle, tout est possible: un autre gouvernement minoritaire conservateur ou libéral, ou même un gouvernement majoritaire pour l'un ou l'autre des deux principaux partis. Tous ces scénarios sont possibles», estime Frank Graves.
En Ontario, qui détient le tiers des 308 sièges à la Chambre des communes, le Parti libéral est par ailleurs en tête dans les intentions de vote avec 40,6 % contre 36 % pour le Parti conservateur. Le NPD, qui croit fermement en ses chances de remporter plus de sièges aux prochaines élections (il en détient actuellement 29), ne récolte que 16,7 % d'appuis dans la province la plus populeuse du pays.
Dans les provinces de l'Ouest, toutefois, les conservateurs dominent toujours, recueillant 45 % en Colombie-Britannique, 55,6 % en Alberta et 40,5 % en Saskatchewan et au Manitoba.
Autre mauvaise nouvelle pour les conservateurs, il y a presque autant de Canadiens satisfaits (47 %) du gouvernement de Stephen Harper que d'insatisfaits (45 %). En septembre, lors du dernier sondage, le taux de satisfaction s'élevait à 50 %. Seulement 38 % des gens interrogés se disaient alors insatisfaits du gouvernement.
Compte tenu de son statut minoritaire aux Communes, le gouvernement Harper peut être renversé à tout moment par les trois partis d'opposition. Le Parti libéral, le Bloc québécois et le NPD se préparent d'ailleurs à des élections générales au printemps, les trois ayant déjà fait savoir que, à moins d'obtenir des concessions majeures du gouvernement, ils voteront contre le prochain budget, que le ministre des Finances, James Flaherty, devrait présenter en février prochain.
La firme EKOS a réalisé le sondage auprès de 1211 personnes du 10 au 12 octobre. La marge d'erreur de ce sondage est de plus ou moins 2,8 points de pourcentage, 19 fois sur 20. La marge d'erreur est toutefois plus élevée dans le cas des résultats régionaux.


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